Episode 11 : Bienvenue à la maison !

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Leur avion atterrit dans un vaste espace plat et bétonné, aménagé non loin d’une petite ville dont elle distinguait les maisons et entendait le brouhaha de la circulation au loin.

Avant de quitter l'appareil, Leo s'était occupé du pilote et de l'hotesse et elle se désola un peu de ne pas avoir pu faucher leurs âmes.

Le jeune homme avait ensuite insisté pour recoudre la plaie sur son ventre et nettoyer le sang. Une fois dehors, elle vit ensuite une de ces choses que les humains appelaient voiture qui les attendait un peu plus loin... mais il n’y avait aucun autre mortel que Leo dans les parages.

Après avoir inspecté les lieux et le véhicule avec suspicion, ce dernier se glissa à l’avant et la pressa d’y monter aussi. Elle s’exécuta de très mauvaise grâce, en se sentant vraiment ridicule : d’abord un avion et maintenant une voiture ? Elle aurait pu tout simplement se téléporter à destination au lieu de perdre son temps dans ces moyens de transport humains qui étaient si lents !

La situation était d’autant plus insupportable, car tout en manœuvrant le véhicule, Leo ne cessait de fulminer dans le vide, une espèce de petite boite rectangulaire collée à l’oreille (les humains appelaient ça un téléphone si elle ne se trompait pas).

« Vraiment le Vieux, tu devrais apprendre à mieux recruter ton personnel ! Figure-toi que ceux de ton foutu jet privé ont essayé de me buter ! Heureusement, je peux me débrouiller seul parce que ta Miss secrétaire c’est un véritable boulet qui ne sert absolument à rien… »

Il était visiblement en train de se plaindre d’elle auprès du Vieillard, mais elle décida de ne pas y prêter attention. Elle préféra se concentrer sur le paysage qui l’entourait. La route terreuse qu’ils étaient en train d’emprunter longeait une forêt aux arbres immenses. Le soleil était déjà haut dans le ciel, mais il faisait agréablement frais. Une petite brise vint lui caresser délicieusement le visage. Elle aurait pu profiter de ce petit moment, mais la présence de Leo à ses côtés gâchait vraiment tout. Ce pathétique humain continuait de râler d’une voix énervée dans son téléphone.

« … ouais je les ai tués, qu’est-ce que tu crois ? Que j’allais les laisser partir alors qu’ils ont essayé de me buter ? Non, ils ne savent pas qui a lancé le contrat sur ma tête… bien sûr que je les ai cuisinés, tu me prends pour un amateur ou quoi ? Mais non, ils savaient que dalle, juste que ma tête et celles des jumeaux sont mises à prix, et pas pour une petite somme ! Du coup, il faudrait peut-être qu’on rediscute un peu de mon salaire le Vieux…»

Elle sentit la présence d’autres humains, avant même que la maison n’apparaisse dans son champ de vision : une grande et imposante bâtisse, dont la façade était joliment recouverte de plantes grimpantes et fleuries. Elle sentit qu’ils n'étaient pas très nombreux à l’intérieur, et pendant une fraction de seconde, elle perçut que deux d’entre eux avaient une aura très particulière. Mais la sensation disparut aussi vite qu’elle était venue.

Leo engagea la voiture dans l’allée. Il venait de ranger son téléphone dans sa poche et semblait toujours aussi énervé.

« Quoi ? C’est dans cette vieille bicoque que le Vieux planque ses gosses ? » grommela-t-il en regardant la bâtisse d’un air mauvais. « Il n’y a même pas de mur d’enceinte ! Il aurait au moins pu les planquer dans une forteresse… C’est vraiment du grand n’importe quoi… »

Au moment où la voiture pénétra dans la cour, trois personnes sortirent aussitôt à leur rencontre : deux adolescents, une fille et un garçon (sûrement la progéniture du Vieillard), et une humaine qui devait avoir à peu près l’âge de Leo.

« Bienvenue ! » cria la fille en se précipitant vers eux, alors qu’ils sortaient de la voiture. « Je suis si contente de te revoir Leo ! » ajouta-t-elle en se jetant dans les bras de ce dernier qui esquissa une légère grimace sans répondre à son étreinte. Il avait l’air très mal à l’aise.

« Ouais bon, OK, ça va… » marmonna-t-il en se dégageant maladroitement, ce qui ne sembla visiblement pas déranger la fille qui lui adressa un sourire éclatant. Elle avait de très longs cheveux bruns ondulés, le teint hâlé et les yeux gris.

« Oh tu n’es pas venu seul ! C’est vrai que Papa nous avait prévenus que tu serais accompagné… Salut, moi c’est Kami ! »

L’humaine lui tendit une main amicale qu’elle se contenta juste de fixer, sans esquisser le moindre geste pour la saisir. Elle n’avait aucunement l’intention de devenir amie avec ces pathétiques mortels. Et Kami laissa finalement retomber sa main, mais sans pour autant se départir de son sourire. C’en devenait agaçant.

« Tu es une timide à ce que je vois ! Tu t’appelles comment ? »

« Kami, laisse-les respirer un peu », la rabroua gentiment l’autre humaine qui s’était également approchée. Grande et mince, elle avait un joli visage en forme de cœur et des yeux en amande, encadrés par de beaux cheveux noirs. « Tu risques de gêner nos invités. »

« Trop tard », s’esclaffa le garçon qui était resté en arrière. Tout comme sa sœur, il était brun avec des yeux gris. Et il était visiblement ravi de voir Leo mal à l’aise.

« Ferme-là Kaleb », répliqua ce dernier avec humeur en enfonçant brusquement ses mains dans ses poches.

Bizarrement, il restait à bonne distance de l’humaine de son âge.

« Bonjour Leo », lui lança tout de même cette dernière avec un sourire hésitant.

« Salut Hana », lui répondit-il froidement, et elle pinça aussitôt les lèvres.

Pas besoin d’être un expert en relation humaine pour voir qu’il y avait quelque chose entre ces deux là.

« Bienvenue à la maison ! » cria alors joyeusement la fille, Kami, dans une pathétique tentative de déglacer un peu l’ambiance.

Raté.

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