Le chant des oiseaux enlace un vent doux, que Mère Nature nous accorde, en cette journée ensoleillée. Je me permets une petite halte aux abords des bois, et je contemple un instant le paysage qui s'étend devant mes yeux. Je possède une chance plus que considérable d'avoir dénichée un endroit si calme, afin de me reposer le temps que mon enfant se décide à ouvrir ses bras au monde.

Les feux brûlants de l'astre solaire traversent de leurs rayons lumineux jusqu'au plus profond de la forêt, et la lumière se mêle à l’obscurité au cœur d'une danse exaltée.

Un oisillon, sorti depuis un peu plus d'une semaine de son nid, essaye de se faire à sa nouvelle vie et avance prudemment sur ses deux pâtes prêtes à s'envoler, alors que sa maman veille affectueusement sur le fruit de ses entrailles. Elle s'inquiète pour son petit dernier, qui ne paraît pas encore pouvoir voler, alors que tous ses frères et sœurs l'attendent déjà afin de tourbillonner ensemble dans les nuages. Elle se rend bien compte, qu'il n'ose pas plonger dans cette inconnue, qui revêt ce caractère plus que symbolique dans sa prochaine existence d'oiseau. Elle prend son élan et ouvre ses ailes, et adresse un regard à son rêveur de fils, celui-ci perdu dans ses pensées ne constate même pas que sa maman tente de lui venir en aide.

Elle hausse légèrement le ton, tout en conservant cette douceur qui rappelle ce doux instinct maternel, son oisillon la regarde dès lors avec tendresse et admiration, avant qu'elle ne lui montre l'exemple. Je ressens à mon tour ce merveilleux sentiment, au moment où mon petit se décide à taper à l'intérieur de mon ventre, afin de me signaler sa présence mais aussi son amour. Rien que de penser à son avenir, mon cœur se serre, et je réfléchis aux nombreux dangers qu'il rencontrera au cours de sa vie, et qu'un jour je ne serais plus là pour le protéger.

Un bruit retentissant et horrible me sort de mes angoisses, je lève immédiatement mes yeux sur cette maman oiseau, elle est en train de tomber à une vitesse effrénée sur le sol. Son corps sans vie gît à quelques mètres de ma personne. Son sublime plumage est transpercé d'un trou, que ses enfants peuvent entrevoir, dont son dernier qui hurle de détresse, devant un spectacle dès plus soudain et effroyable. Je cours de toutes mes forces en direction d'un lieu plus sûr, mais ces êtres qui expriment cette rage meurtrière que je ne serais décrire me poursuivent toujours.

Mon petit ne comprend pas la situation, d'où il est, ma panique le gagne aussi. Il se met alors à s'agiter dans tous les sens et rajoute cette douleur à ma fuite. Tous les individus autour de moi suivent ma course, au vu de ces êtres qui nous ont condamné à mourir, peu importe qui nous sommes.

Soudain, je m'arrête même si je n'ai qu'une idée m'enfuir, je me renverse sur des feuilles sans avoir la force de me relever. Une douleur surgit alors de nulle part, une douleur plus forte que la blessure que ces êtres m'ont fait, mon enfant ne me donne plus aucun coup.

J'observe une image s'avancer avec un objet, il transperce ma gorge à l'aide de celui-ci, et s'en sert plusieurs fois, jusqu'à ce que ma longue agonie se termine sur son sourire terrifiant, et la profondeur malsaine de la joie que ce moment lui procure.

Qu'est-ce que cette maman oiseau avait pu faire pour mériter ce sort, qu'ai-je fait, et mon petit qui n'a pas eu la chance de voir ce monde, qu'avait-il pu faire ?

"La chasse est le moyen le plus sûr pour supprimer les sentiments des hommes envers les créatures qui les entourent." Voltaire