Le vent effleure chaque parcelle de mon être, et sa légèreté n'en est que plus appréciable. Cela accorde ainsi un moment de fraîcheur à tous les êtres vivants, qui ont subi ce mois estival, encore plus chaud que celui de l'année dernière. La faiblesse de la pluie a durablement dévasté la végétation, mais l'ombre des arbres a permis d'éviter de plus graves pertes.

Cette journée commence sous de radieux auspices avec un temps doux. Je ressens une douleur presque anodine, seulement pas de celle envers laquelle le cycle naturel me confronte habituellement, c'est sûrement rien. Des bruits tonitruants résonnent pourtant de plus en plus grandement, alors que tout un regroupement de personnes, tel effrayé par ce tumulte, fuit exactement dans une direction semblable.

La douleur devient si vive, comme si on m'enlevait progressivement chaque partie de moi et je disparaissais dès lors petit à petit. Cette maladie se diffuse encore, sans que je ne puisse l'arrêter, je plonge dans une absurde impuissance. Ce bruit s'étale et ressemble étonnamment à un même rythme effréné, qui se répète inlassablement, et m'encercle toujours davantage.

Le sol frémit de la chute de tous ces arbres, lorsqu'ils se fracassent sur la terre, dévastant au passage les habitats de tant de familles. Je ne représente plus que l'ombre de ma grandeur d'antan, et tous ceux que j'hébergeais s'en sont allé peut-être vers une mort certaine.

"C'est seulement lorsque l'homme blanc aura détruit la forêt entière, lorsqu'il aura tué tous les poissons et tous les animaux, et asséché toutes les rivières qu'il s'apercevra que personne ne peut manger l'argent."
Raoni Metuktire