Vendredi 11 février

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L'inclusion et la fameuse loi de 2005.

Quelqu'un (je ne vous dirai pas qui, faites vos recherches vous-même) a dit récemment qu'il fallait créer des établissements spécialisés pour les enfants handicapés....

Plusieurs choses sur ce sujet : d'abord qu'en est-il actuellement, pourquoi il ne faut pas de tels établissements et enfin ce qu'on pourrait faire pour améliorer le système actuel, tout ceci bien sûr, à mon avis. Cela n'engage que moi...

Qu'en est-il actuellement ?

La loi de 2005 sur le handicap est en vigueur. Elle demande à tous les établissements scolaires d'accueillir les enfants handicapés. C'est ce qui est fait. Dans les écoles, les enfants sont inclus dans les classes dites "normales"; généralement accompagnées d'un ou une AVS (Auxiliaire de Vie Scolaire). Il y a même certaines classes, les ULIS (Unités Locales pour l'Inclusion Scolaire - c'est au collège et ce sont des classes spécifiques d'élèves avec handicap qui pratiquent des inclusions dans les classes dites "normales" de leur niveau). je ne sais pas trop ce qui se passe au lycée, mais j'imagine que ça devrait être pareil. Sans faire de procès d'intention (pour les faits, j'ai pas vérifié donc ça vaut ce que ça vaut comme affirmation) mais il me semble que seuls les établissements scolaires publics ont ce type de classe. je me trompe peut-être ? Ce système permet aux enfants ayant un handicap d'être avec des enfants de leur âge et pas de rester uniquement entre eux.

Pourquoi il ne faut pas de ces fameux établissements spécialisés ?

Tout d'abord, parce que quand on écoute les porteurs de handicap eux-même, ils ont de très mauvais souvenirs de tels établissements. Je me rappelle avoir entendu Alexandre Jollien, il y a pas longtemps, qui disait qu'il s'était senti enfermé. Pour celles et ceux qui l'ignorent, Alexandre Jollien est un philosophe, écrivain et acteur... Oui, on peut être porteur d'un handicap et philosophe, bien sûr ! Il y a un très beau livre de lui avec Matthieu Ricard et Christophe André qui s'appelle "3 amis en quête de sagesse". Bref, ils sont des citoyens comme les autres, comme nous et ils ont besoin, eux aussi, de voir la diversité du monde et des personnalités et pas d'être enfermés avec d'autres personnes, elles aussi porteuses de handicap. Pour ce qui est des porteurs de handicap adultes, pour moi la question est moins tranchée... Il faudrait sans doute créer des structures pour adultes équivalentes à celles qui existent en Belgique. C'est un petit pays plat (le plat pays qui est le mien, disait Jacques Brel) mais avec beaucoup d'idées et notoirement en avance sur le pays de "l'oiseau de basse-cour qui chante les deux pieds dans la merde", au moins sur le traitement du handicap et de la fin de vie... Mais ce dernier point fera l'objet d'une autre chronique.

Comment pourrait-on améliorer les choses ?

En donnant de réels moyens aux établissements scolaires pour accueillir ces enfants porteurs de handicap. Il y en a pour tout le monde : les mairies avec les aménagements physiques des écoles, l'education nationale pour la formation des enseignants, la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées) au sujet des AVS. Il est incroyable que ces AVS soient "rationnées" à ce point. J'ai vu le cas d'une AVS attribuée à un enfant pour 18h par semaine. À la rentrée 2021, la maman de cet enfant a réussi à trouver un boulot à plein temps, il y aurait donc eu besoin d'une AVS 24h par semaine et plus 18... eh ben non, il faut attendre la rentrée 2022. En attendant, les enseignants se débrouillent pour ces deux 1/2 journées avec cet enfant porteur de handicap et des classes surchargées (ça aussi, c'est un autre sujet d'une future chronique à venir). La MDPH dit que ce n'est pas une question de budget (mais il n'ont plus de sous...) alors que ces 6h par semaine, payées au SMIC, ça fait 60 € payées, soit 120 € de coût global et même pas 500 € par mois. Soit 3000€ grand maximum d'ici la fin de l'année scolaire. Ne me dites pas que l'Etat, ou le département ou la région, ne peut pas trouver 3000 € dans un tiroir quelconque pour qu'un enfant, ses camarades de classe et son enseignant(e) soit bien jusqu'à fin juin, non ? C'est trop demander ?

Autre sujet : la formation et le recrutement de ces AVS, ainsi que leur salaire (de misère) :

Actuellement, recrutées en CDD , sans aucune formation (ni à l'embauche ni durant le contrat), ces personnes sont payées au SMIC (emploi non-qualifié) pour maxi 24h par semaines (au lieu des 35 "standard", mais que voulez-vous la durée de présence des enfants face aux enseignants, c'est 24 heures, donc pareil pour les AVS. Le SMIC étant à 1269€ nets au 1er janvier 2022 (mais pour 35 heures hebdomadaires), cela fait un salaire net mensuel de 870 €. Waow, une vraie paye de ministre, non ? Pas étonnant que ces emplois n'attirent pas...

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