Interrogatoire N2 : Valentin

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Soren avait exceptionnellement obtenu une permission de sortie de prison, à condition qu'il coopère en partageant des informations cruciales. Sami et Eliott, désignés comme ses gardiens temporaires, se préparaient à monter dans la voiture pour se rendre au pont. Les pensées tourbillonnantes de Sami étaient hantées par le passé tout en étant obsédées par l'avenir incertain qui les attendait. Avec une prudence mesurée, les policiers prenaient place, conscients que ce lieu était l'un des points clés d'un drame qui les avait tous liés d'une manière ou d'une autre. Ensemble, ils s'engageaient sur la route du pénitencier au pont, un trajet de liberté temporaire chargé de significations particulières pour chacun d'eux. Le moteur de la voiture vrombissait, et le silence entre eux était dense, ponctué seulement par le bruit régulier du moteur et le murmure de leurs pensées. Le pont, éclairé par des lampadaires vacillants, se dressait au-dessus d'eux, témoignage silencieux des mystères qu'il renfermait.

— Le pont est juste au dessus de nous, vous avez retrouvé sa veste en aval, a quelques mètres de là ou on se trouve. Je l’ai plongé dans la rivière et je suis rentré.

— Il venait de vous supplier de le tuer ?

— Il ne m’a pas suppliée, il a seulement dit : tue-moi s’il te plait!

— Pourquoi a-t-il dit ça ?

— Je ne sais pas. C’était un crétin, j’ai rendu service à tout le monde.

Villebrouch-sur-mer est une ville ou jamais personne ne ferme ses portes à clef. Une ville aussi, ou les rumeurs peuvent vite circuler. Quelques jours après la disparition de Valentin Vier, le procureur décide d’annoncer la these de l’enlevement et qu’ils n’ont aucune piste. Toutes les resources sont utilisées afin de retrouver rapidement;

Valentin, ce modèle parfait de l'adolescent hédoniste, continuait son errance nocturne, inconscient du danger rampant qui le guettait dans l'ombre. Éclairé par l'agression brutale des lampadaires, son ombre se fondait dans celles de la nuit environnante. Il progresse sans méfiance, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il n'est pas seul. Sans laisser au jeune homme le temps de réagir, je passais brusquement à l'attaque. Valentin, surpris, tentait désespérément de se défendre, mais, mieux préparé, je le maîtrisais facilement. Un cri, étouffé par la terreur, se torturait pour sortir de sa gorge. Le corps de Valentin, succombant à l'assaut, s'affaisse sur le sol, inconscient.

Sans crier gare, je m'insinue dans la pièce, seules ma silhouette menaçante et mon ombre étaient discernables dans l'obscurité. Valentin cherchait à m’identifier tout en essayant d'anticiper la suite, mais seul le silence répondait à ses interrogations. C'est ainsi que dans la froideur d'une cave sombre et humide, qu'il n’avait imaginé dans ses pires cauchemars, Valentin apparaissait, défait et vulnérable. Ses cheveux autrefois soignés étaient maintenant ternes, souillés de poussière et plaqués contre sa peau pâle et moite. Ses poignets, enserrés par des liens durs et épais, lui infligeant une souffrance lancinante. Chacun de ses efforts désespérés pour se défaire de ses entraves ne faisait qu'intensifier la pression des cordes contre ses chairs, lacérant sa peau de manière encore plus profonde. Les marques de sang séché sur ses poignets témoignent de sa lutte vaine pour échapper à cette tragédie. Le débardeur noir, autrefois bien ajusté, était à présent déchiré, dévoilant des ecchymoses et des griffures cruelles sur un torse aplati. À chaque inspiration, une douleur mordante contracte ses abdominaux, autrefois avantageux. La faible lueur de l'unique ampoule pendait tristement au-dessus de lui, jetant une lumière blafarde sur son visage, autrefois éclatant de vie. Ses lèvres fendillées, torturées par de nerveuses morsures, saignaient. Ses yeux, autrefois malicieux et vibrants, affichaient une terreur marquée et une fatigue incommensurable. Pour la première fois, Valentin s'apercevait du visage de son agresseur :

— Que... Que veux-tu ? Balbutiait Valentin, sa voix semblant étouffée par l'odeur du métal.

Lâchant un rire cruel, mes yeux fixaient Valentin avec une malveillance non dissimulée.

— La vengeance, Valentin, ne saurait être surévaluée, n'est-ce pas ?

Un nouveau sentiment commençait à s'immiscer dans l'esprit de Valentin, c'était de la honte. La honte de son égoïsme et de la douleur qu'il a causée lui revient maintenant sous forme de conséquences. Tous ses espoirs moururent avec lui, la chute de son monde s'écrasant autour de lui dans le silence étouffant. Dans l'obscurité enveloppante de la soirée, le pont qui traverse la rivière locale est silencieux presque paisible. Le vent froid caresse les pierres anciennes, portant les doux murmures de la forêt environnante. Cette tranquillité est brisée par la silhouette inquiétante qui se tient sur le pont. Ces derniers instants de quiétude nocturne étaient perturbés par le bruit sourd d'un sac lourd jeté dans la rivière en contrebas. Satisfait, je disparais dans la nuit, seul un dernier regard vers l'eau sinistrement calme marque mon passage.

Depuis sa soirée avec Hailey, le jeune Vier n'avait pas refait surface. Une onde de consternation s'était rapidement propagée parmi ses proches, instaurant une atmosphère lourde de questions sans réponses. Sa famille, d'abord résignée, commençait à se laisser gagner par une inquiétude rampante, tambourinant à la porte de leur sérénité. Ses amis les plus proches, familiers de ses escapades sauvages et de son goût pour les plaisirs de la chair, ressentaient une tension grandissante, comme un pressentiment funeste. Un voile de trouble s'était insidieusement posé sur la ville, étouffant les conversations habituellement légères et créant une atmosphère lourde de préoccupations non exprimées.

Ce n'est qu’une semaine plus tard, lorsqu'un passant avait aperçu une chose étrange flottant à la surface de l'eau que la vérité avait refaite surface. Les secours s'étaient précipités sur les lieux pour réaliser l'horreur : le corps en décomposition de Valentin Vier. La nouvelle avait frappé la petite communauté comme un coup de tonnerre. Les services de polices avaient tirés un ruban jaune le long de la maison et écartés quelques curieux. Ils s’agglutinaient un peu plus loin, se hissant par moment sur la pointe des pieds pour mieux voir.

La vision de Valentin, toujours souriant et confiant, gisant sans vie sur les rives de la rivière, dessinait une réalité cauchemardesque que personne ne souhaitait envisager. C'était incroyable et pourtant, c'était la réalité. La mort tragique de ce lycéen prenait la une des journaux locaux, transformant son histoire en un récit morbide de mystère et de vie interrompue prématurément.

La police avait entamé ses investigations, interrogeant tous ceux ayant connu Valentin et traquant les indices laissés par l'auteur du crime. Hailey, la dernière personne à avoir vu Valentin en vie, se retrouvait malgré elle au cœur de l'enquête. Elle décrivait leur dernière rencontre, évoquant la manière dont le lycéen avait insisté pour la raccompagner. Elle ne savait pas ce qui lui était arrivé après cette nuit.

Cette nouvelle rendait sa vie au lycée insupportable ; en dehors de l'école, les regards changeaient. En dépit de tout cela, Hailey tenait bon, portant l'espoir qu'une justice serait rendue. Elle ignorait que la réponse à ses questions était bien plus proche qu'elle ne l'imaginait.

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