Chapitre 10 - Jack

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Monde 2 : Terra

Jack - Emelie

 — Bonne soirée, monsieur !

 Jack répond d’un simple signe de tête à sa secrétaire, déjà absorbé par l’écran de son téléphone. En attendant l’ascenseur, un sourire satisfait se dessine sur ses lèvres. Il adore cette double vie secrète, qui ajoute une dose de frisson à ses semaines trop monotones à son goût. Il s’est convaincu que tout cela n’est qu’un jeu, un équilibre parfait. Sa femme n’a jamais rien soupçonné. Ses filles, elles, sont protégées de la vérité. Et lui... Lui, il savoure chaque minute, sans remords.

 Une notification interrompt ses pensées. « Désolé, je ne pourrai pas être là pour le dîner avec les filles ce soir. J’ai une réunion importante, je risque de rentrer tard. » Ses doigts tapent le message avant même qu’il y réfléchisse. Ce mensonge bien rodé le protège, et il en rit intérieurement. Il appuie sur « envoyer » et range son téléphone, déjà impatient de retrouver sa maîtresse.

 Dehors, le ciel s'ouvre sous un déluge. Le tonnerre gronde, les éclairs zèbrent l’obscurité. Jack court jusqu'à sa voiture, sa sacoche sur la tête. Une fois à l’abri, un autre message arrive : « Une bonne bouteille de vin t’attend, mon chéri... et pas que... Dépêche-toi, je commence à avoir froid toute seule chez moi ! »

 Un sourire se dessine sur ses lèvres. Le désir monte en lui. Elle sait toujours trouver les mots pour attiser sa passion. La pluie martèle le toit de la voiture, mais il ne prête aucune attention à l'orage. Sa maison, où l'attendent sa femme et ses filles, se trouve à droite au premier rond-point. Il poursuit tout droit sans un regard.

 Il arrive quelques minutes plus tard devant une grande demeure, la lumière du porche allumée. Elle l’attend. Jack se gare, sort précipitamment de la voiture et entre sans frapper. Habillée d'une jolie nuisette rouge, les cheveux tombant sur les épaules, sensuelle, elle l'accueille avec un verre de vin à la main.

 —Toujours à l’heure, murmure-t-elle avec un sourire enjoleur.

 Jack n’a pas besoin de répondre. Son regard en dit long. Le désir ressentit pour elle, n’a rien à voir avec ce qu’il vit à la maison. Il prend le verre qu’elle lui tend, et le vide d’un trait avant de l'embrasser langoureusement. La tension entre eux est palpable, électrique. Très vite, leurs vêtements se retrouvent au sol, et ils basculent sur le canapé, consumés par leur passion.

 Plus tard, Jack, en sueur, s’adosse contre le canapé. Sa maîtresse se love contre lui, silencieuse. Dehors, l’orage redouble de violence. Les éclairs illuminent la pièce, projetant des ombres inquiétantes sur les murs.

 Soudain, le courant saute, plongeant tout le quartier dans le noir. Jack fronce les sourcils. Ses filles détestent les orages, surtout quand il y a des coupures de courant. Il imagine leurs petites silhouettes tremblantes dans le noir, et l'inquiétude monte en lui.

 — Je dois y aller, dit-il en se levant.

 — Vraiment ? Sa voix a un ton sec, légèrement agacé. — Ta femme saura bien gérer ça, non ?

 Jack s'arrête et se tourne vers elle. Il s'approche lentement, puis murmure tout près de son oreille

 — Ce n'est pas pour elle... C'est pour mes filles. Je ne les abandonnerai jamais.

 Elle soupire, résignée. Elle sait qu'elle ne pourra jamais rivaliser avec l'amour qu'il porte à ses enfants.

— Vendredi soir, alors ?

Sans répondre, Jack enfile ses vêtements, récupère sa veste et sort affronter la pluie battante.

Les éclairs illuminent les rues sombres, accentuant l'angoisse qui grandit en lui. Il se dépêche de rentrer chez lui. En montant les escaliers, il prend soin de ne pas faire de bruit. Il entre discrètement dans la chambre de ses filles. Elles dorment, paisibles. Un soupir de soulagement lui échappe.

Mais alors qu'il se dirige vers sa chambre, un murmure provenant de la salle de bain le fige. La voix d'Emélie, accompagnée.

Son cœur se serre. Non… Ce n'est pas possible. Pas elle. Pas comme ça.

La fureur monte en lui, incontrôlable. Ses mains tremblent alors qu’il s’approche de la porte. Il l’ouvre d’un coup sec.

Emélie est là. Uniquement vêtue d’une serviette, le regard surpris.

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