Chapitre 11 - Premier contact
Monde 2 : Terra
Emelie et Amélia
— Mais c’est quoi ce bordel ?
Emélie recule, frappée de stupeur, et se cogne contre la porte derrière elle. Cela lui a parlé ! Son souffle s’accélère, son cœur tambourine dans sa poitrine. Ce miroir... ça n’a pas de sens ! Elle se frotte les yeux, espérant que tout ceci ne soit qu’un rêve.
— Qui... qui êtes-vous ? bégaye-t-elle, ses mains, tremblant légèrement.
Le miroir reste étrangement vide, aucun reflet ne lui renvoie son image. Elle ferme les paupières, espérant se réveiller, mais lorsqu’elle les rouvre, tout est toujours là. La femme, qui semble identique à elle, est toujours dans la pièce en face. Non... non, je perds la raison, pense-t-elle, un mal de tête commençant à poindre derrière ses tempes.
— Hey ! Ne panique pas ! bredouille la voix à travers le miroir.
Amélia, bien que terrifiée elle aussi, perçoit quelque chose de familier dans cette situation. Elle n’a pas l’impression de faire face à un danger. La femme de l’autre côté lui semble étrangement inoffensive. Avec douceur, elle fait un pas en avant. La femme de l’autre côté lui semble étrangement inoffensive.
Le miroir n’est plus un simple reflet, mais une fenêtre vers un autre monde.
— Je m’appelle Amélia. Et toi, comment t'appelles-tu ?
Emélie, la voix encore tremblante, répond presque sans réfléchir :
— Je... je m’appelle Emélie. Mais... c’est toi qui... qui as fait ça ?
Un long silence s’installe alors que leurs regards se croisent. Emélie sent la sueur froide couler dans son dos, mais quelque chose au fond d'elle commence à s’apaiser. La femme face à elle n’a rien de menaçant. Hésitante, elle lève la main s’attendant à ce que son « reflet » imite son geste. Pourtant, de l'autre côté, la jeune femme qui lui ressemble tant, pose ses mains sur ses hanches, un sourire aux lèvres.
— C’est dingue... J’ai l’impression de me regarder dans un miroir, mais je sais que ce n’est pas moi, souffle Amélia.
— Oui... c’est comme si... tu étais une autre version de moi.
Emélie déglutit, tentant de calmer son esprit qui tourbillonne. Elle observe chaque élément de la pièce se trouvant de l'autre côté du miroir et constate des similitudes, hormis de légères différences.
— Je ne suis pas folle, murmure-t-elle, essayant de se convaincre.
Amélia, elle, reste calme, plus sûre d’elle.
— Je pense que tu ne l’es pas. Sinon, je le serais aussi. Mais j’ai une idée... tu veux essayer quelque chose ?
Emélie fronce les sourcils, encore méfiante.
— Quoi donc ?
Amélia tend la main vers le miroir, les doigts presque tremblants d’anticipation. Elle fixe Emélie avec une lueur d’excitation dans les yeux. Emélie, bien qu’hésitante, l’imite. Lentement, leurs mains s’approchent vers la surface du miroir. Leurs doigts se frôlent à travers la paroie, puis, au contact, une légère décharge électrique les traverse, comme un choc statique. Elles reculent toutes les deux, surprises.
— Qu’est-ce que... ? souffle Emélie.
— Essaie encore, propose Amélia, déterminée.
Cette fois-ci, lorsqu’elles retentent l’expérience, il n’y a plus de choc, juste la sensation étrange de chaleur qui parcourt leurs doigts. Leurs mains se rejoignent à travers le miroir. Le contact est à la fois réel et irréel, comme si elles touchaient une partie d’elles-mêmes qu’elles ignoraient jusqu’ici. Une vague de soulagement submerge Emélie, sa peur, fondant peu à peu. Amélia, elle, ressent une profonde sérénité, comme si cet instant effaçait toutes ses angoisses passées.
— C’est incroyable… murmure Amélia, reculant légèrement. Tu es comme moi… mais pas exactement moi, ajoute-t-elle avec un sourire.
Emélie, encore perturbée par cette connexion, essaie de trouver un sens à tout cela.
— Dis-moi, Emélie, tu fais quoi dans la vie ? Je veux voir si on a d’autres trucs en commun !
Amélia a du mal à contenir son excitation, se mettant à marcher nerveusement dans la salle de bain, tandis qu’Emélie, elle, reste plus réservée.
— Eh bien... Je suis mariée, j’ai deux enfants... commence Emélie avec hésitation. Mon nom de jeune fille, c’est Perrine.
Amélia s’arrête net, les yeux écarquillés.
— Perrine ? Comme mon père ! Moi, j’ai pris le nom de ma mère après leur séparation, Jones.
Leurs regards se croisent à nouveau, cette fois emplis de surprise. Les similitudes deviennent troublantes.
— Tu ne crois pas... que ce miroir est comme... un portail ? propose Amélia, intriguée.
Emélie réfléchit un instant, encore réticente à accepter une telle idée, mais tout semble si étrangement logique.
— Peut-être… Un portail entre nos deux mondes ?
Le silence se fait, lourd de nouvelles questions. Soudain, Emélie sursaute en entendant la porte d'entrée claquer au rez-de-chaussée.
— Qu’est-ce que c’était ? chuchote Amélia, inquiète.
— Il y a quelqu’un dans la maison, répond Emélie, les sourcils froncés.
Elle jette un coup d’œil rapide vers la porte de sa salle de bain. Son cœur se met à battre à tout rompre. Alors qu'elle s’apprête à sortir, elle sent quelque chose tapoter son épaule. Amélia, toujours de l’autre côté du miroir, lui tend une batte de baseball à moitié passée à travers la surface.
— Tiens, prends ça. On ne sait jamais, murmure Amélia avec un clin d'œil complice.
Le miroir devient flou ; Emélie a tout juste le temps d'empoigner une partie de l'arme avant qu'elle ne se brise en deux, laissant un morceau dans chaque monde. Au même instant, la porte de la salle de bain s'ouvre brusquement, manquant de la heurter.
Son mari se tient là, les yeux furieux.
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