Chapitre 13 – L’Arrivée

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Le vide.

Le néant.

Un instant, Grey n'était qu'une particule insignifiante flottant dans l'espace, sans forme, sans poids, comme si son corps n’existait plus. Puis, brutalement, tout bascula.

Une force invisible l'arracha au néant et le projeta vers le sol, son corps traversant une barrière qu'il ne comprenait pas.

La sensation était indescriptible : il ne chutait pas réellement, et pourtant, son estomac se retournait comme s’il tombait d’une immense hauteur.

Puis, l'impact.

Son dos heurta violemment une surface dure, écrasant l'air hors de ses poumons. L’onde de choc remonta à travers sa colonne vertébrale, et il roula sur le côté dans une toux rauque, les yeux écarquillés sous le choc.

L'air s'engouffra violemment dans ses poumons.

Ses doigts s’enfoncèrent dans la terre, cherchant un appui, son cœur battant un rythme effréné.

Il ouvrit les yeux.

Un ciel d'un bleu pur s’étendait au-dessus de lui, sans les grandes tours de métal effondrées de son monde, sans les drones de surveillance flottant comme des vautours au-dessus des ruines.

Il y avait du vent.

Un vent réel, vivant, pas un souffle artificiel filtré à travers les bouches d’aération des districts dévastés.

Grey se redressa lentement, encore sonné, ses muscles tremblants sous l’effet du choc.

Ses sens étaient submergés.

L’odeur de l’herbe sèche, le parfum léger de la terre chauffée par le soleil, le silence entrecoupé du bruissement du vent… tout cela lui semblait étranger.

Où était-il ?

Il essuya la poussière sur ses mains et jeta un coup d'œil autour de lui.

Une immense plaine dorée s’étendait à perte de vue, parsemée de collines ondulantes et de grands arbres solitaires qui se dressaient fièrement contre l’horizon. L’herbe haute lui arrivait jusqu’aux genoux, et une douce brise la faisait onduler en vagues paresseuses.

C'était paisible.

Trop paisible.

Grey s’agenouilla lentement, ses doigts frôlant la terre sèche sous lui. Il ne comprenait pas encore ce qui se passait, mais il savait une chose :

Ce n’était pas son monde.

Il respira profondément, tentant de calmer les battements frénétiques de son cœur.

Il avait été téléporté.

C'était évident. Mais pourquoi n'avait-il ressenti aucun des effets secondaires habituels ? Pas de vertige insupportable, pas de saignement du nez dû à la distorsion de l’espace…

Ce n’était pas un Scénario.

Il se força à garder son calme, à observer son environnement avant de paniquer.

Un mouvement attira son regard à l’horizon.

Un campement.

Grey plissa les yeux.

Des tentes de toile dressées en cercle, entourées de silhouettes se déplaçant d’un pas lent et méthodique. De la fumée s’élevait d’un grand feu central, et il distingua ce qui ressemblait à des chevaux attachés près d’un enclos rudimentaire.

Des nomades ?

Ils n’avaient pas l’air de simples voyageurs. Certains portaient des armures légères, et il vit la lueur métallique d’armes accrochées à leurs ceintures.

Des mercenaires ?

Un mélange d’instinct et de prudence s’installa immédiatement dans son esprit. Il n’avait aucune idée de la façon dont les Marqués étaient perçus ici.

Le mieux était de ne pas attirer l’attention tout de suite.

Il prit une longue inspiration, chassa la poussière de ses vêtements, et se redressa lentement.

Puis son premier pas.

C'est à cet instant que tout bascula.

[ Un Scénario va être lancé sous l’autorité des Arcanes ]
[ Le Marqué Grey ne peut refuser cette assignation ]

Son souffle se coupa net.

Un frisson brutal remonta le long de sa nuque.

Non. Non non non.

Ses doigts se crispèrent instinctivement.

Pourquoi ?

Il n’avait rien fait. Il venait d’arriver. Il n’avait même pas encore parlé à qui que ce soit.

Une vague d’adrénaline le submergea.

Grey serra les dents, et un feu de rage s’alluma dans son regard.

…Putain de mer—

[ Votre frustration a été enregistrée ]
[ Nous vous prions de survivre ]

Tout devint noir.

Le monde fut arraché sous ses pieds, sa conscience engloutie dans un gouffre sans fond.

Il eut juste le temps d’entendre un battement sourd, comme une horloge brisée, avant que le néant ne l’avale totalement.

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