Le silence.

Un silence pesant, absolu, comme si le monde lui-même retenait son souffle.

Grey se tenait debout, ses muscles tremblants, ses poings encore crispés sous l’effet de l’adrénaline.

Les créatures n’étaient plus là.

Elles avaient disparu.

Leur absence laissait un vide, un espace étrange où seule l’écho de sa propre respiration résonnait à travers les ruines.

Mais ce n’était pas encore terminé.

Il le sentait.

Grey leva les yeux vers l’horloge suspendue.

Brisée, immobile.

Du moins, c’était ce qu’il croyait.

DONG

Un battement sourd et profond résonna dans les ruines.

Grey se figea.

L’horloge venait de sonner.

Mais quelque chose n’allait pas.

Les aiguilles, autrefois figées dans le néant…

Elles reculaient.

[ Le temps se réajuste… ]
[ Fragmentation de la réalité en cours… ]

Les ruines tremblèrent légèrement, l’air lui-même devint plus dense, chargé d’une force invisible.

Grey cligna des yeux, et durant une fraction de seconde, il vit quelque chose.

Un reflet du passé.

Les bibliothèques reformées, pleines de savoir.
Les murs réparés, imposants et majestueux.
Des ombres silencieuses parcourant les lieux, étudiant des textes perdus dans le temps.

Puis…

Tout disparut.

L’image se brisa comme du verre, et les ruines reprirent leur état délabré.

Un souvenir figé, arraché au temps.

Le soleil noir amorça lentement son ascension.

Mais contrairement à la veille, sa lumière avait changé.

Elle n’était plus froidement immobile, elle pulsait légèrement, projetant des lueurs grisâtres sur les pierres brisées.

Le jour était revenu.

Grey ferma un instant les yeux, savourant la sensation.

C’était fini.

Du moins, pour l’instant.

[ Scénario en cours : 1 nuit sur 7 terminée ]
[ Réajustement de la difficulté en fonction des performances ]
[ Récompense attribuée pour la survie à la première nuit ]

Grey souffla un rire sec.

Une récompense ?

Après tout ce bordel, ils avaient décidé de lui donner quelque chose ?

Il regarda autour de lui, cherchant ce que les Arcanes avaient bien pu lui offrir.

C’est alors qu’il la vit.

Une outre d’eau, posée non loin du feu mourant, avec un petit paquet emballé dans une feuille grossière.

Il s’avança lentement, méfiant.

Était-ce un piège ?

Non… les Arcanes n’étaient pas ce genre de tortionnaires.

Ils ne faisaient que donner ce qu’ils estimaient « nécessaire ».

Rien de plus.

Grey s’agenouilla près de la gourde, l’attrapa et la secoua légèrement.

Le liquide à l’intérieur bougea avec un léger clapotis.

Sans attendre, il ouvrit le bouchon et porta l’outre à ses lèvres.

L’eau fut comme un choc.

Fraîche. Pure. Réalité indiscutable.

Il n’avait jamais goûté quelque chose d’aussi bon.

Chaque gorgée était un soulagement, une rencontre avec une sensation oubliée.

Il but à grandes lampées, jusqu’à sentir une pression dans son estomac, l’obligeant à s’arrêter.

Puis, il ouvrit le petit paquet de nourriture.

À l’intérieur, une pâte sombre, compressée, un aliment de survie rudimentaire mais nutritif.

Il mordit dedans sans hésiter, la mâchonna lentement.

Le goût était fade, sec.

Mais ça n’avait aucune importance.

Ça était réel.

Il avait survécu.

Et maintenant, il pouvait reprendre des forces.

***

Il ne savait pas combien de temps il avait avant que la prochaine nuit ne commence.

Mais il devait être prêt.

Ses muscles lui faisaient mal, son corps était couvré d’ecchymoses, et pourtant…

Il se sentait vivant.

Le combat avait éveillé quelque chose en lui.

Une faim.

Pas de nourriture.

Une faim de survie, de défi, de prouver aux Arcanes que peu importe ce qu’ils lui enverraient…

Il resterait debout.

[ Le Marqué Grey a démontré une adaptabilité supérieure aux prévisions ]
[ Surveillance accrue en cours ]

Grey haussa un sourcil.

— Encore en train de m’espionner, hein…

Il posa les bras derrière sa tête, s’adossant contre un pilier.

— J’espère que vous vous amusez bien.

Son regard remonta vers le ciel gris, ce soleil noir suspendu au-dessus de lui.

Dans quelques heures, la deuxième nuit commencerait.

Et il savait qu’elle ne serait pas aussi simple que la première.

Mais ça lui allait.

Il était prêt.