Chapitre 27 - Un Sourire
Grey se leva lentement, sentant la nouvelle énergie qui parcourait son corps.
Ses doigts se contractèrent instinctivement, et les gantelets noirs réagirent immédiatement, comme une extension de lui-même.
Il les observa un instant, intrigué.
Ce n’était pas une simple armure.
C’était vivant.
Le matériau semblait bouger légèrement, réagissant à ses moindres pensées.
Un rictus déforma son visage fatigué.
C’était parfait.
Il avait besoin de comprendre cette nouvelle puissance.
Il avait besoin de savoir jusqu’où il pouvait aller.
Grey leva lentement la main, se concentrant sur son instinct.
Que pouvait-il en faire ?
Son esprit s’accrocha à une idée.
Un simple test.
Il tendit sa paume vers un débris de pierre au sol.
Son gantelet se mit à onduler, le tissu s’étirant d’un coup sec, comme un fouet d’ombre.
L’extrémité s’enroula autour du morceau de pierre, et d’un simple mouvement de son poignet, il le souleva.
Ses yeux s’écarquillèrent.
Il n’avait pas eu à forcer.
C’était comme s’il contrôlait une partie supplémentaire de son propre corps.
Il referma sa prise, et le tissu serra instantanément la roche, la broyant sous la pression.
Intéressant.
Puis, il se concentra à nouveau.
Le gantelet recula, reprenant sa forme d’origine.
Grey fronça légèrement les sourcils.
Jusqu’où pouvait-il pousser cette matière ?
Il inspira profondément, et cette fois-ci…
Il voulut créer une arme.
Le tissu réagit instantanément, se solidifiant, se transformant…
Et soudain, une lame jaillit de son poing.
Fine.
Agressive.
Affûtée comme une dague.
Grey sourit.
Il pouvait manipuler sa forme librement.
Cette chose était plus qu’un simple équipement.
C’était un outil de survie.
Il passa la prochaine heure à tester toutes les transformations possibles.
Il créa une chaîne souple, une pointe acérée, un fouet tranchant, puis revint à la forme des gantelets.
Il pouvait modeler cette matière, mais il sentait une limite.
Son corps n’était pas encore habitué.
L’utilisation prolongée vidait son énergie.
Il devrait être prudent.
Mais maintenant…
Il avait une arme.
***
Le ciel devint plus sombre.
Le temps avançait.
Grey se redressa, attentif.
La Sixième Nuit était là.
Il inspira profondément.
Les monstres allaient arriver.
Il était prêt.
…
Mais rien ne vint.
Le vent soufflait légèrement, soulevant des volutes de poussière dans les ruines.
Aucune ombre ne se mouvait.
Aucun bruit.
Grey fronça les sourcils.
C’était impossible.
La Nuit n’avait jamais été calme.
Il attendit.
Encore.
Son cœur battait plus fort.
Puis…
Quelque chose changea.
Il s’en rendit compte trop tard.
Quelque chose l’observait.
Pas une créature bestiale.
Quelque chose de conscient.
Quelque chose qui savait exactement ce qu’il faisait.
Grey tourna lentement la tête.
Et il la vit.
Une ombre.
Immobile.
Là-bas, au sommet d’une bibliothèque en ruine.
Elle n’avait pas de corps défini.
Juste une forme indistincte, enveloppée dans un voile d’obscurité.
Mais ses yeux…
Ses yeux étaient dorés.
Deux orbes lumineux, incandescents, fixés droit sur lui.
Grey ne put s’empêcher de trembler.
Il n’avait jamais ressenti une telle pression.
Il voulait détourner le regard.
Il ne pouvait pas.
Les secondes s’égrenèrent, chaque battement de cœur plus lourd que le précédent.
Puis…
L’ombre fit quelque chose d’inattendu.
Elle sourit.
Un sourire fin, à peine perceptible.
Un sourire qui lui donna la nausée.
Un sourire qui signifiait quelque chose.
Quelque chose que Grey ne comprenait pas encore.
Puis…
[ Sixième Nuit terminée ]
[ Aucune menace détectée ]
[ Calcul des récompenses en cours… ]
Grey ne comprenait pas.
Ses doigts tremblaient légèrement.
Son esprit luttait contre la confusion.
Qu’est-ce que c’était ?
Pourquoi avait-elle souri ?
Et surtout…
Pourquoi n’avait-elle rien fait ?
Il sentit un frisson glacé remonter le long de son dos.
Cette nuit-là…
Il avait l’impression d’avoir échappé à quelque chose de bien pire que tout ce qu’il avait affronté jusque-là.
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