Jalousie

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"Ne t'en fais pas, tu as tout notre soutien."

"On est avec toi, on ne laissera pas cette tricheuse s'en prendre à toi."

Ce ne sont pas les réponses que j'ai reçues, mais celles qui sont apparues sous le post de Vanessa :

"Merci à toutes et à tous de me soutenir en prenant ma défense. C'est vraiment dur pour moi en ce moment, alors ça me fait du bien de ne pas être seule. Je vous en serai éternellement reconnaissante !"

Cependant, les deux réponses qui restent gravées dans mon esprit sont celles d'Acacia et Ariste :

"Bonne chance pour ton audition, tu le mérites !"

"Ton projet est vraiment super, je suis sûr que tu vas avoir ton financement haut la main. Ne laisse pas cette histoire te démonter le moral."

Mon coeur se serre. Ces mots auraient dû m'être adressés. C'est ce qui se serait passé si cette voleuse ne s'était pas mise en travers de ma route. Au lieu de cela, voici à quoi j'ai droit :

"Comment oses-tu accuser ta propre soeur ? ! Gâcher son audition en l'agressant ne t'a pas suffit ? !"

"Comment peux-tu être aussi vicieuse et malhonnête ? Tu me dégoûtes !"

"Tu ne mérites pas une soeur pareille. . . Ou plutôt, elle ne mérite pas une soeur comme toi !"

"Tu fais honte à la race humaine !"

"Qu'est-ce qu'elle a encore d'humain ?" lui répond un utilisateur. "C'est un monstre !"

"Ton attitude me déçoit." ajoute Acacia. "Tu pourrais au moins assumer la responsabilité de tes actes, comme tu l'as toujours fait jusque là."

Je sens une larme couler sur ma joue et l'essuie aussitôt d'un revers de main. Mon regard tombe sur l'heure. Il est temps de sortir si je ne veux pas arriver en retard à l'université. Je me change et me coiffe mécaniquement, attrape mon sac, puis ouvre la porte et descends l'escalier.

Je suis sur le point d'ouvrir la porte d'entrée lorsque la voix de maman m'interrompt :

- Malicia.

Ma main se fige en l'air, pendant qu'elle poursuit :

- Tu n'as pas pris ton petit déjeuner. Une longue journée t'attend, tu devrais manger quelque chose.

Je serre les dents et réponds :

- Arrête de faire semblant de te soucier de moi ! Je sais parfaitement que je n'ai pas ma place dans ton

coeur et que tu ne me fais pas confiance, sinon, tu m'aurais crue hier soir !

- Tu voulais que je l'accuse alors que rien ne l'inculpe, contrairement à toi ? s'indigne-t-elle. Je ne fais pas dans le favoritisme entre vous deux, tu le sais bien. Je veux être la mère la plus juste possible.

- Eh bien, tu as échoué. Je n'ai pas faim, de toute façon.

Sur ces mots, je sors et claque la porte. C'est vrai. Je ne peux rien avaler du tout. J'ai une boule dans l'estomac depuis hier qui me coupe tout appétit.

Arrivée sous l'abri de bus, je trouve la jeune brune assise sur le banc métallique. En me remarquant, elle me toise avec un sourire moqueur. Je lâche d'un air impassible :

- Félicitation. Je dois avouer que tu as bien réussi ton coup. Tu m'as prise au dépourvu, en ne me laissant aucun moyen de prouver mon innocence, mais, même si les autres ignorent la vérité, toi et moi la connaissons parfaitement, n'est-ce pas ?

Son sourire s'élargit, tandis qu'elle répond :

- C'est de ta faute. Tu aurais dû surveiller tes arrières. On ne laisse pas un projet aussi important sans protection. Maintenant, c'est sûr : contrairement à ce que tout le monde a cru pendant des années, c'est moi, la plus maligne des deux.

- Tu veux dire la plus méprisable des deux ! Je t'ai aidée depuis le début de notre scolarité ! À chaque fois que tu avais besoin d'aide pour un devoir à rendre ou des révisions en prévision d'un contrôle, j'étais là pour toi ! Je me suis dévouée corps et âme à ton bien-être et ta réussite et c'est ainsi que tu me remercies ?

- La vie est une véritable compétition ne laissant pas de place aux plus faibles, rétorque-t-elle sombrement. Il faut être plus fort et plus malin pour espérer survivre. Si tu avais compris ça plus tôt, jamais tu n'aurais accordé aveuglement ta confiance à qui que ce soit et jamais tu ne m'aurais tendu la main pour me permettre de rester à ta hauteur. . . ou plutôt. . . sous ton ombre. . .

- Quoi ?

- Tu m'as parfaitement entendue ! s'écrie-t-elle, laissant enfin apparaître sa colère. Tu m'as certes aidée à gravir les échelons scolaires avec toi, mais tu t'es toujours arrangée pour que je reste sous ton ombre ! Quoiqu'il arrive, tu restais toujours la plus félicitée et admirée de nous deux ! Maintenant, c'est terminé. Ton heure de gloire prend fin et la mienne sonne enfin. . . finit-elle avec un sourire triomphal.

Je reste bouche bée, les yeux écarquillés d'horreur et d'incrédulité. Il me faut plusieurs secondes pour enfin réussir à articuler :

- Tu as gâché ma vie. . . par pur jalousie ? !

Elle ne répond pas. Le bus arrivant à l'instant où je finis ma phrase, elle quitte sa place pour monter à bord.

La voix du chauffeur me tire de ma torpeur :

- Hum. . . Est-ce que tout va bien, mademoiselle ? s'enquiert-il face à mon expression désabusée.

- Euh. . . oui, menté-je en m'empressant de monter à mon tour.

Pendant que je valide mon titre de transport, je sens le regard pesant du conducteur sur moi. Il a certainement reconnu "la pire soeur jumelle du monde". . .

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