Ecrire comme Ray Bradbury

2 minutes de lecture

Je ne sais pas quoi écrire !

 J'ai lu que Ray Bradbury, l'auteur de Fahrenheit 451 et des chroniques martiennes avait lancé un défi lors d'une conférence : 52 nouvelles en 52 semaines, un rythme de forcené ! Il explique qu'écrire une nouvelle porte moins à conséquence qu'un roman. En effet, investir un an pour concevoir un roman, c'est prendre le risque de perdre un an, à écrire un récit qui ne soit pas à la hauteur de nos espérances.

 Une nouvelle est par définition plus courte. Attention cependant, j'ai toujours entendu dire qu'écrire une nouvelle était un exercice difficile, un art de concision et de vivacité qui ne pardonnait pas la moindre chute de régime. Un roman miniature en somme où il est important d'élaguer toute branche inutile et de conclure par une chute mémorable (ça c'est l'idéal !).

 J'ai envie d'écrire, je trouve cette activité grisante. Pouvoir mettre de l'ordre dans ses pensées, sans doute dans ses souvenirs, se réconcilier avec le passé, prendre des forces pour l'avenir, la perspective est stimulante. Et puis la plume aide à dévider l'écheveau de ses idées, à tirer un fil venu d'un endroit nébuleux qu'on appelle l'inconscient, c'est bien d'avoir un mot (merci Freud) pour désigner le non-dit qui se tient à l'intérieur de nos crânes et qui souvent nous dicte des actions pas toujours très logiques.

 Pour que pleuvent les mots, il faut j'imagine avoir des nuages dans la tête ! On écrit pas par beau temps, le bonheur ne s'exprime pas, il se vit. Quand je suis heureux, je me sens généralement bien dans mon corps. Quand j'y pense, j'évoque le souvenir de la caresse du soleil sur ma peau, un baiser, le babil d'un bébé dans mon oreille, la joie d'un enfant. Ce sont des instants fugaces ou une part de nous se fait miroir sans autre ambition que d'être le reflet du monde qui l'entoure.

 Quand j'étais plus jeune, j'avais des héros dans la tête, pas des chanteurs ou des acteurs de cinéma, des personnages imaginaires qui vivent toujours un peu en moi. Suis-je trop vieux pour raconter leurs aventures ? Peut-être car on devient plus exigeant avec l'âge, surtout envers soi-même. Jarol Lutarc, un drôle de nom, pour un pilote de vaisseau spatial, mais un héros de SF ne doit-il pas se distinguer du commun des mortels ? Reprendrais-tu la route des étoiles avec moi Jarol ? Et toi Markan, le révolté, en rébellion contre le Duc de Vernes, as-tu enfin rallié les océans barbaresques à ta cause et mis à bas le tyran ? Et Dame-Lune, belle infirme qui n'avait que la parole au sein d'un peuple qui exprime ses émotions par la pensée, qu'es-tu devenue ? Je bats le rappel des troupes !

 Écrire comme Murakami, Carrère ou Rufin, j'oublie, dans une autre vie peut-être et sans point d'interrogation car il n'en est même pas question. En attendant, comment parler de l'âme humaine sans être médium ? Comment décoller la crasse d'un monde souvent indicible de laideur et parler d'espoir ? Comment mettre de l'ordre dans cette foire ?

 La tentative sera peut-être vaine, trop difficile, mais je vais essayer quand même, en laissant filer les mots. Nous verrons bien.

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