Avant la mort de ma mère, j'étais immortel

Une minute de lecture

Dans mon souvenir, tu gis dans ta chambre.

L'appartement est vide, tu n'es plus là.

Tu reposes.

C'est fou comme cette phrase n'a plus le même sens sans le "te"

Tu gis encore et pour toujours, car rien ne t'efface,

dans ta chambre qui fût la mienne, enfant.

J'y avais mes rêves et toi, tes souvenirs.

Tu es tombée à côté du lit.

La mort t'a surprise, peut-être ?

Tu marchais et un engourdissement t'a saisie.

Tu es tombée à la renverse.

As-tu su que tu partais ?

Seule.

J'embrasse ton corps lourd.

Je te lave affolé que tu sois vue.

La mort ne fait pas de manières.

Les policiers sont partis, remplacés par le médecin de garde.

Il a signé l'acte de décès.

Puis deux hommes sont venus te chercher dans un grand sac blanc

Je les ai aidé à te porter dans l'ascenseur.

Je revois ton visage maquillé par le thanatopracteur.

Ce n'est plus toi cette statue roide.

Nous chantions, nous pleurions.

Ma sœur et la chorale de ses enfants.

Nous chantions avant que tu ne partes pour le four

Que ferions-nous de ta dépouille maintenant que tu n'y es plus ?

Loup y es-tu ? Loup que fais-tu ?

Tu te cachais sous la table, en nous chantant cette comptine.

Nous avions peur du loup ! Il a tout dévoré.

J'ai répandu tes cendres à côté du funérarium.

Ce geste n'avait pas de sens.

Tu me manques.

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