6 - Fin de mission

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Ronan, encore surpris par ce qu’ils venaient de découvrir dans cet endroit, se releva un peu décontenancé. Ce fut les cris de détresse de Lorelai qui achevèrent de le ramener complètement à la réalité. En voyant dans quelle position délicate s’était mise sa partenaire, il poussa à son tour un juron et pointa le canon de son arme en direction du monstre. Il criait de toutes ses forces à s’en casser la voix :

  • Lâche-la espèce d’enflure ! Lâche-la ou je te bute !

De son côté, la jeune femme se débattait comme elle le pouvait. De sa main libre, elle griffait le bras massif de son adversaire, et de l’autre, elle essayait de viser avec son arme. Avant de tirer une balle qui passa tout proche du visage de la créature qui grogna de mécontentement. Ronan commençait à perdre patience. Il hurlait comme un fou :

  • Lâche-la ! Lâche la putain !

Le monstre l’ignorait, et commençait même à resserrer sa poigne sur le cou de Lorelai, dont les cris commençaient à diminuer petit à petit. L’agent visa l’épaule de son adversaire et tira trois coups qui firent mouche. La créature hurla de douleur, avant de balancer sans ménagement la pauvre nu-man à l’autre bout de la pièce. Ronan pesta à nouveau quelques insultes entre ses dents. Envers son adversaire, mais aussi envers lui-même de ne pas avoir anticipé. Il aurait voulu se précipiter auprès de sa compagne pour savoir si elle allait bien, mais ce n’était pas encore le bon moment. La chose terrifiante était encore là, debout, et en un seul morceau. Il faudrait d’abord s’en débarrasser. L’individu se dirigeait à présent vers Ronan. Au moins, il laisserait Lorelai tranquille pour le moment. L’humain appuya sur la gâchette de son arme avant de grogner. Le chargeur était vide.

  • Merde !

Il poussa un autre juron avant de fouiller l’intérieur de sa veste. Toujours avoir un chargeur sur soi, c’était une leçon qu’il avait appris à la dure il y a un moment. Ses doigts touchèrent l’étui de métal qu’il cherchait au moment où le monstre fondit sur lui, le plaquant au sol de tout son poids. Les crocs pointus se rapprochaient dangereusement de la chair tendre de l’agent du gouvernement, alors que ce dernier venait tout juste de sortir son chargeur de sa veste, en grognant de douleur.

Un bruit assourdissant se fit alors entendre, et la créature hurla de nouveau avant de se retourner vers le coupable. La coupable en l’occurrence. Cette dernière cria à l’attention de son adversaire :

  • Fous lui la paix ou t’auras à faire à moi !

Lorelai s’était relevée, et avait tiré dans l’omoplate de son ennemi, lui occasionnant une blessure au passage. Ce qui laissa le temps à Ronan de recharger son arme. Il profita du fait que son opposant soit occupé pour viser son poitrail. A bout portant. Il n’y avait aucune chance de rater ce coup-là. Il appuya alors sur la gâchette, et la balle partit se loger dans les chairs de la créature. Cette dernière poussa un cri rauque qui ressemblait à une plainte, puis roula sur le côté, se vidant de son sang. Ronan se releva à la hâte, avant de courir en direction de sa comparse. Cette dernière se serra contre lui, soulagée.

Sur le sol, le monstre se débattait avec ce qui lui restait d’énergie vitale. Pendant de longues minutes, le duo l’observait, jusqu’à ce que les cris se calmes, et que les gestes s’arrêtent. Jusqu’à ce que ce monstre ne soit plus qu’un mauvais souvenir pour l’agent et son assistante. Il gisait à terre, sans vie.

Les deux comparses, assis à même le sol, reprenaient leur souffle et attendaient que l’adrénaline redescende un peu avant de continuer leurs recherches. Serrant Lorelai tout contre lui, Ronan poussa un immense soupir de soulagement.

  • Bon sang... Ce n’est pas passé loin cette fois…

La jeune femme se contenta de hocher la tête, et son amant remarqua alors les traces violacées autour de son cou. Il grogna à nouveau, prenant délicatement le menton de Lorelai entre ses doigts pour la manipuler à sa guise.

  • Il ne t’a pas loupé. Tu as mal ?
  • Non, ça va.
  • On s’occupera de ça une fois sortis d’ici. Si jamais c’est douloureux, dis le moi. Je t’emmène à l’hosto le plus proche en moins de deux.

La nu-man secoua doucement la tête.

  • Tu fais toute une histoire pour quelques bleus. Je n’suis pas en sucre tu sais. Il en faut bien plus que ça pour me blesser !

Elle se releva en époussetant ses vêtements avant de tendre la main à son camarade d’infortune qui se mit debout à son tour. Ronan lança un dernier regard à celui qui avait été leur adversaire avant de se diriger vers la sortie de la pièce.

  • Au moins, on a compris pourquoi le BioLab a été évacué.
  • C’est à cause de cette… chose ?

L’agent hocha la tête.

  • Je pense bien. Ce machin était hors de contrôle, les gens sont partis en le scellant ici. Maintenant, reste à comprendre pourquoi ces abrutis ont créé ce truc et surtout dans quel but. Parce que c’est bien mignon de nous sortir l’excuse de « y’a pas assez d’humain sur Equinox alors on créer des nu-man pour bosser », mais là… Je ne pense pas que ce soit pour cela que ce monstre a été créé.

Lorelai n’avait rien dit, se contentant d’écouter sagement les paroles de son propriétaire. Elle n’était pas très maligne, mais se doutait elle aussi que quelque chose ne tournait pas rond avec cette histoire. Restant aux côtés de son compagnon, telle une ombre, prête à fondre sur quiconque aurait l’audace de les attaquer de nouveau, elle le suivit silencieusement. Le duo visita les deux dernières salles, n’y trouvant rien de spécial à première vue. La plupart des dossiers éparpillés sur le sol semblaient tout à fait normal, les ordinateurs étaient tous éteints. Ronan se risqua à en allumer un, prenant place sur le siège de bureau, puis ordonna à Lorelai sans même la regarder :

  • Je vais jeter un coup d’œil là-dedans. Surveille nos arrières.
  • Très bien.

L’agent commença alors à pianoter sur le clavier de l’ordinateur, les yeux rivés sur l’écran. Il n’était pas un crac en informatique, mais avait au moins les bases. Tout lui semblait normal à première vue, les différents dossiers qu’il passait en revue étaient tout ce qu’il y avait de plus banal. Et aucune trace de la créature qui les avait attaqués. Le bruit des touches s’arrêta, et Ronan s’étira, toujours installé sur le siège. Les yeux au plafond, il réfléchissait. Il ne pouvait pas prendre le risque de démonter tous les disques de tous les ordinateurs du sous-sol. D’une part, il n’était pas très doué pour manipuler ce genre de matériel, et d’autre part, ce serait bien trop lourd à porter. Il sortit alors son téléphone portable de l’une de ses poches intérieur. Au moins, il pouvait envoyer un message à Karen pour lui indiquer d’envoyer rapidement une équipe de la section trois pour s’occuper de tout cela. L’homme pesta.

  • Pas de réseau. Il va falloir qu’on remonte.

Le duo sortit de la pièce, remontant à l’étage, et enfin, Ronan pu envoyer son message à sa chef de section. Il se demandait s’il devait attendre une réponse ou commencer à partir. Après tout, il devait juste enquêter dans le BioLab et c’était ce qu’il avait fait. Le reste ne dépendait pas de lui. La vibration discrète de l’appareil le sortit alors de ses pensées. Un message, ou plutôt un ordre, de Karen l’attendait.

« Ne bougez pas avant l’arrivée du groupe de la section trois. »

Ronan souffla d’énervement en rangeant son téléphone.

  • Et moi qui pensais qu’on pourrait rentrer tranquillement à la maison après ça… Au moins pour m’occuper de tes bleus.

Lorelai haussa simplement les épaules, un léger sourire aux lèvres.

  • Je t’ai déjà dit que ça allait. Ce n’est pas parce qu’on va attendre un peu qu’il faut râler.
  • D’habitude, c’est toi qui n’est pas patiente, Lore.

La jeune femme laissa échapper un petit rire cristallin qui résonna dans l’entrée du BioLab où ils attendaient tous les deux.

  • C’est mignon, mais c’est toi l’impatient dès que j’ai un bobo quelque part. A croire que tu n’aimes pas quand on abîme ce qui t’appartient.

L’agent haussa un sourcil.

  • Effectivement. Je n’aime pas ça. Je préfère que ma petite amie reste en un seul morceau tu sais.

La nu-man s’empourpra légèrement. A chaque fois que Ronan parlait de leur relation, elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle trouvait juste dommage que les gens ne voient pas ce genre de choses d’un très bon œil. Il était bien trop gentil avec elle, et cela ne passait pas inaperçu. Son compagnon se fichait pas mal de l’avis des autres, et elle aurait voulu pouvoir faire de même. Alors qu’elle était perdue dans ses pensées depuis un petit moment déjà, elle fut ramenée à la réalité par la voix de son camarade.

  • Tu viens ? On ne va pas attendre debout pendant une heure quand même.

Ronan s’était déjà installé sur un siège, invitant d’un geste la nu-man à venir s’installer sur ses genoux. Ce que cette dernière fit avec un petit sourire aux lèvres avant de se lover contre lui.

  • On repasse vite fait au bureau, et après on rentre à la maison ou tu veux faire autre chose Lorelai ?

Elle posa son front contre le sien, avec une moue amusée.

  • On pourrait rentrer… ou on pourrait faire comme hier soir et aller boire un coup au Club 42.
  • Encore ? On va finir par nous prendre pour des piliers de bar si on y va trop souvent.
  • Allez, juste ce soir, vite fait, avant de rentrer.

En prononçant ces paroles sur un ton suppliant, la jeune femme savait que son compagnon ne pourrait pas résister. Et effectivement, il ne résista pas.

  • Très bien, mais juste un verre. Après on rentre.

Lorelai hocha la tête en souriant de toutes ses dents. Elle avait gagné, encore une fois.

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