La porte
La porte était là, juste devant elle, ouverte. Pas de beaucoup, juste assez pour la pousser puis s’y engouffrer sans bruit. Si elle le décidait, elle était libre. De l’autre côté du battant, tout était possible. Elle pourrait courir si loin qu’elle ne verrait même plus la maison. Elle pourrait frapper à la première porte comme à la dernière pour demander un petit quelque chose à manger : elle avait tellement faim. Dehors, elle n’aurait plus de limites, que ses envies pour la guider. Elle laisserait derrière elle son statut de prisonnière et les quatre murs qui la retenaient.
Pourtant, elle ne bougeait pas. Son regard se fixait sur l’horizon, le désirait sans oser y toucher. Regretterait-elle son acte ? Est-ce que son geôlier ne finirait pas par lui manquer ? Même si elle asphyxiait dans cette vie renfermée, elle ne pouvait s’imaginer sans lui. Il était toujours là pour elle, pour l’aider, pour l’aimer. Malgré tout cela, elle rêvait toujours de sortir. Mais elle avait peur. Peur d’être rattrapée, peur de l’extérieur et peur d’être déçue.
Elle était courageuse et l’avait toujours été. Elle franchit le seuil, s’arrêta un instant puis s’élança dans l’herbe, le museau en avant et les moustaches dressées pour ne laisser aucune sensation se perdre.
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