1. Levira Baskerville
L’an XII745, le 18e jour du 8e mois. Pays Perché de Crya, capitale de Liphia.
L'obscurité de la nuit envahit rapidement la Ville haute, malgré cela, les habitants ne rentraient pas chez eux. Les marchands continuaient leurs affaires, les enfants jouaient, les carrosses martelaient les pavés des routes en Dalle Lumos. Trois hommes se tenaient debout, l'un d'eux fumant une cigarette à l'odeur de rose, un autre avait les yeux clos, le visage serein comme si rien ne pouvait troubler cette paix intérieure. Le dernier regardait la ville s'assombrissant peu à peu, guettant la lune qui faisait son apparition, à l’affut du moindre rayon pâle. La nuit ne mit pas longtemps à recouvrir la place, et bientôt, l'obscurité fut totale, parsemée de fine étoiles. Le troisième homme sortit le second de sa rêverie tandis que le premier jeta sa cigarette.
- C'est l'heure, en piste !
Les trois hommes se mirent à escalader la façade de la maison en face, s'élancèrent sur les toits tels des chats noirs, puis soudainement leur dos s'ouvrirent et dans une déchirure de lumière, leurs ailes apparurent. Leurs silhouettes quittèrent les toits pour dominer les cieux de la cité. Les chats se métamorphosèrent en chouettes, des sphères dorées jaillissant de leurs paumes. La nuit sombre devint un ciel étoilé de milles étoiles, les trois hommes illuminèrent les rues de leurs sphères féeriques.
Toutes les trois nuits les anges répandaient leurs Soleil de pureté, la ville ne s'endormait ainsi jamais, les rires ne cessaient jamais de fuser. Ces lumières illuminaient, purifiaient les cieux empêchant les démons et autres créatures d'entrer dans la ville la nuit, un sort de défense très efficace contre les créatures sombres. Du moins c'était que qui se disait. Les anges étaient des créatures de rumeurs très isolées des autres, narcissiques, ils n'adressaient que rarement la parole aux autres clans. Rares étaient ceux qui acceptaient d'utiliser leurs pouvoirs pour aider les humains ou autres No Humano et qui les considéraient comme des êtres vivants. Surtout que contrairement à ce que l'on racontait parfois, les anges étaient des créatures vraiment détestables. Malgré leur manque de puissance, ils se prenaient pour la race ultime, les grands aigles qui faisaient les fiers mais qui se feraient battre par un elfe de trois ans. Heureusement que certains possédaient un peu plus d'humilité que leurs pairs ; faute de quoi, jamais la ville n'aurait surmonté La Vague noire. Du moins c'est ce que les Anges prétendaient.
Mais parmi toutes ces lumières, il y en avait qui ne venaient pas des anges. Celles-ci brillaient de la main de l'homme, comme dans le grand manoir de la famille Baskerville. Cette nuit, les lumières étaient toutes allumées. Il y avait l'une de ces soirées auxquelles tout le gratin de la noblesse était convié. Les grandes dames gloussaient derrière leurs éventails de plumes, les ducs lorgnaient sur les décolletés des demoiselles, ou encore sur le buffet de petits fours.
Dans toute cette assemblée, une jeune fille se distinguait de tous. Ces cheveux étaient cyans et ses yeux étaient rouges.
Levira Baskerville était la fille cadette du duc Baskerville mais aussi le nom symbole de perfection. De toutes les bouches de la "Bonne" Société, ne sortaient que les mots les plus élogieux pour la décrire. Intelligente. Grâcieuse. Amusante. Magnifique...Du haut de ses dix-sept ans, celle-ci était déjà sur de nombreux tableaux de chasse. Elle était non seulement la proie de maintes familles de haute naissance, mais aussi celle de tous les hommes un peu trop ambitieux dans leur vie amoureuse.
Ce soir là, la fête battait son plein : Sidoh Baskerville, le frère aîné de Levira allait reprendre la tête de tout le clan des Baskerville. Raison de plus pour les vautours de s'approprier la petite sœur adorée de celui-ci.
- Bien le bonsoir mon cher frère, tu ne trembles point encore ?
Quand on parlait du loup, Levira s'avança vers son grand frère qui ne put s'empêcher de sourire à sa vue. Depuis toujours Sidoh s'occupait de sa petite sœur, ses parents, malgré tout le bonheur qu'ils donnaient à leurs enfants, ne pouvaient pas être toujours présents.
Sidoh se demandait toujours quel Dieu s’était posé sur le berceau de sa sœur pour avoir une telle chevelure qui contrastait avec ses mèches brunes et celles de son père ou même des cheveux noirs de sa mère. Ou tout simplement pour avoir des yeux et une chevelure de couleurs aussi extravaguantes.
La jeune fille avait réussi à s'extirper des serres des "nobles rapaces", passe-temps qu'elle cultivait avec joie et peur en même temps. Cette activité avait le don d'énerver le jeune duc Baskerville au plus haut point. Mais parce qu'une soirée mondaine sans vautours était trop belle pour être vrai, le jeune duc aperçut ceux dont sa petite soeur s'étaient amusés il y a quelque minutes. Mais ils évitèrent de paraître malpolis en présence de l'hôte de cette soirée, qui se trouvait être maintenant le chef de famille du grand clan Baskerville, l'une des sept familles ducales.
- Eh bien chère amie ! appela l'un des invités. Enfin nous vous trouvons, vous êtes bien rapide malgré cette robe qui entrave vos mouvements ! Cela fait quinze minutes que nous vous cherchons.
Quinze minutes qu'elle les mène par le bout du nez, pensa Sidoh qui lança un regard de réprimande à sa sœur. Ce n'était pas une façon de traiter des invités, surtout aujourd'hui.
- Navrée, lui chuchota sa petite protégée en tirant discrètement la langue. Je vous pris de m'excuser comte Ellington, reprit-elle tout haut, mais j'avais si hâte de voir mon frère. Après tout, il est maintenant le chef de notre famille. C'est un grand jouret il est normal que je le félicite.
- Mais bien sûr, on ne peut vous blâmer pour çela, répondit le comte.
- Maintenant que votre frère est officiellement devenu l’autorité familiale, commença une autre convive, il est donc temps que vous vous fassiez des alliés Miss Baskerville.
Le jeune homme soupira discrètement en réponse à la remarque de la marquise et retint une grimace.
- Qui plus est vous voilà devenue une véritable femme, poursuivit la bavarde. Il serait donc des meilleurs augures que vous vous mariez ne pensez-vous pas ?
Sous son sourire étincelant, Sidoh savait que sa sœur cachait une humeur massacrante, ce genre de remarques l'agaçait. Plusieurs personnes s'en étaient mordus les doigts, non seulement à essayer de la persuader de les épouser mais aussi à lui dire ce qu'elle devrait faire, surtout dans le domaine du mariage.
Mais Sidoh connaissait sa soeur. Elle ne craquait jamais. C'est pourquoi elle se contenta de prendre un verre de vin et parla posément.
- Le mariage serait en effet une bonne idée. Malheureusement, je ne pense pas pouvoir laisser ma mère, mon père et mon frère. Je ne suis peut-être que la cadette de la famille mais j'ai tout de même un rôle dans tout ça, rôle que je ne suis pas prête d'abandonner. Et puis, avant de me marier, faut-il encore trouver l'homme à qui confier ma vie et mon avenir. Qui plus est je ne me fais pas l'idée de vivre au dépend total d'un autre.
Une autre femme prit la parole, la marquise de Ferania se souvint Sidoh...
- Vous êtes plutôt indépendante ma chère, une véritable Lucie Miyano.
Levira eût soudain un sourire malicieux sur le coin des lèvres. Son frère ne comprit pas le sens de ce sourire mais une fois de plus il renonça. La jeune conspiratrice lança alors d'un ton enjoué :
- Oui je le pense également. Si seulement le même destin m'était offert.
- Un rêve que votre caractère aura rapidement réaliser !
Sidoh prit presque peur, Lucie Miyano était un personnage de la célèbre saga Les paladins des secrets. Cette femme avait un tempérament très indépendant et taciturne, elle était très connue pour être encore plus populaire que la protagoniste. Une discussion assez commune. En revanche, la tête que faisait sa sœur ne lui inspirait pas confiance : elle avait le même sourire que le jour où elle avait glissé la bague de leur mère dans la bourse d'un baron irrespectueux.
- Tout cela pour vous dire que...voyez-vous je ne suis pas encore prête pour le mariage.
- Ne vous inquiétez pas : avec tout ceux qui cherchent son amour, Levira a largement le temps de choisir son mari, lança Sidoh.
- Surtout que l'amour rend aveugle, même sacrement aveugle...
Tous les yeux se tournèrent vers la voix. Le regard de Levira fut plus lent. Celui de Sidoh également. Il n'avait pas besoin de voir pour savoir à qui appartenait ce ton sinique.
Des cheveux noirs corbeau courts et ondulants et des yeux gris perçants, Gilbert Greyfox - ou Gil comme aimait bien l'appeler Levira derrière son dos - héritier de la famille Greyfox, fixait la jeune fille d'un regard agacé.
Le jeune homme ne portait pas les Baskerville dans son cœur, comme la plupart des membres de son clan. Le second fils de la famille ducale Greyfox n'était pas venu à la fête par plaisir mais à cause de ses obligations malgré la rivalité et la haine entre les deux familles - haine que le duc Baskerville avait pourtant oublié depuis longtemps.
Sidoh était toujours étonné de voir qu'à seulement vingt ans, le jeune duc avait déclenché plus de scandals avec ses remarques contre la Haute Société que le journal révolutionnaire de Liphia n'en avait provoqué en cent ans d'existence. Sa haine contre les individus titrés était connue de tous. Ou plutôt celle pour tous ceux qui profitaient à l'excès de leur statut, ce qui était malheureusement une définition adéquate de la Haute Société.
Mais ceux qui l'horripilaient le plus étaient ceux qui faisaient les yeux doux à Levira alors qu'ils ne la connaissaient pratiquement pas. Il était l'une des rares personnes à voir au travers des sourires de la duchesse. Sans aucune raison apparente il gardait toujours ses distances avec la jeune fille, comme un animal devant l'homme, flairant le piège derrière la main tendue.
- Lord Greyfox, votre manque de politesse vous suit toujours aussi fidèlement, déclara un comte.
- Je ne suis point malpoli, je ne fais que relater des faits. Vous êtes tellement amoureux que vous ne voyez pas plus loin que le bout de votre nez. Suis-je bête, encore faudrait-il que vous vous serviez de vos deux misérables prunelles ! Nul doute que vous vous fiez plutôt à votre odorat si sensible au parfum de l’or.
Les gens qui avaient participé à la conversation précédente furent outrés par les paroles du jeune homme vêtu de noir, quant à Levira, son frère la vit se mordre les lèvres pour éviter de rire devant l'audace de son rival. Sidoh était bouche bée, malgré la rivalité entre leurs clans, le frère et la sœur ne pouvait s'empêcher d'exprimer du respect pour le jeune homme, qui semblait régner sur les corbeaux et leur empire.
- Je vois que vous êtes toujours aussi aimable Lord Gilbert, fini par déclarer Levira.
- Et je ne compte point changer, je ne suis pas aussi idiot que les autres, répliqua le duc dans son habituel regard dur comme la pierre. Mais je ne veux pas perdre mon temps avec ça, aussi je vous laisse guider ces aveugles vers la sortie.
Lord Greyfox quitta le groupe et le manoir sous les yeux méfiants des autres nobles.
Après cette interruption, la discussion prit la tournure habituelle. Le sourire de Levira illuminait la salle de bal du magnifique manoir, un de ces magnifiques sourires que la jeune fille distribuait ça et là, histoire de ne pas avoir d'embrouilles avec les autres membres de la "Haute classe".
Mais Sidoh, le savait, peu de personne avaient l'occasion de voir un de ses vrais sourires, un sourire joyeux, innocent et envoûtant.
La soirée fut l’une des plus réussies, les félicitations fusaient de toutes parts autour du jeune duc Baskerville au point qu'il crut étouffer à plusieurs reprises. Levira papota avec pratiquement tous les invités, même si son grand frère se doutait que tout ce dont on pouvait parler dans ce genre de soirée ne l'intéressait guère à part peut-être les histoires de Lady Kate Mcgale, une baronne possédant plusieurs bars et commerces, seuls lieux où les nouvelles et potins avaient un soupçon de suspense.
C'est seulement au environ de deux heures du matin que les premiers invités songèrent à prendre congé de leurs hôtes. Une heure plus tard, tout le monde fut parti. Ce fut justement à ce moment là que Lord et Lady Baskerville décidèrent de se montrer, cette méfiance envers les nobles était sans doute héréditaire car les parents de Levira participaient rarement aux soirées, et si par chance ils y venaient, c'était avec le même enthousiasme que celui d'un enfant en corvée de plonge. Mais bien sûr, le sourire était obligatoire : il ne faudrait tout de même pas déshonorer les invités !
Ils n'étaient pas très présents mais avaient toujours offert de la joie à leurs enfants. Sherry et Vincent Baskerville étaient un couple bien étrange : Vincent était le fils aîné des Baskerville, sage, malin quoique parfois trop idéaliste, très bon acteur, organisé. En revanche son épouse, Sherry, était impulsive, franche au point d'en être blessante et ne cachait jamais son dédain. La rumeur courait que sa langue de vipère n'était qu'un moyen de substitution à la violence brute à làquelle elle se serait donnée à grande joie dans sa jeunesse. Entre les parents de Levira, on avait parfois du mal à savoir si ils avaient vraiment décidé ensemble de se marier.
- Alors, ma fille a encore fait des étincelles ce soir ? lança Lady Sherry
- Malheureusement oui et si vous ne voulez pas que je remodèle le visage de ce "cher William" il va falloir que vous me donniez trois jours sans soirées, lança la jeune fille.
- Le sang de mon sang ne cèdera jamais à un tel blanc-bec, répondit la duchesse d'un ton fier. Et ton père se fera une joie de le détruire s'il essaie quoique ce soit n'est-ce pas mon chéri ?
Lord Baskerville soupira.
- Je déteste briser vos rêve ma tendre épouse mais assassiner l'héritier d'un duché n'est pas l'une des tâches pour lesquelles l'ont m'a transmis ce pouvoir.
- La belle affaire, rit Lady Sherry avec cynisme. Voyons, je suis sûre que le Destructeur serait ravi de faire ce pourquoi il est si doué.
Levira soupira à son tour. Elle n'était pas sensé savoir pour le Destructeur. Elle n'était que la fille cadette après tout. Mais sa mère se plaisait à tout lui dire sur le mystérieux pouvoir de la lignée Baskerville. Elle n'aimait pas que l'on cache des choses à sa fille, ni à elle-même d'ailleurs et pourtant les Dieux savaient si elle en avait des secrets...
Lord Vincent Baskerville était le fils unique du précédent duc de la famille ducale et avait reçu la meilleure éducation possible. Il avait été présenté convenablement au reste de la Haute société et avait rapidement gagné l'estime des nobles. Il était habile, ingénieux et avait bâti sa popularité par lui même, non par son nom - mais qui avait été tout de même utile. Un parcours assez classique pour un fils d'illustre famille.
La duchesse en revanche, personne ne savait d'où elle venait. Elle ne faisait partie d'aucune famille nobles et aucun roturier ne l'avait jamais vu ou entendu parler d'elle... c'était une parfaite inconnue. Son mari l'avait rencontrée on ne savait où, il l'avait pris sous son aile pour on ne savait quelle raison et il l'avait présentée aux nobles sans même dire son nom. On ne savait même pas si lui même le connaissait. Le caractère impulsif de sa protégée ainsi que ses manières avait été le sujet de nombreuses rumeurs déplaisantes, rumeurs que Lord Vincent avait faites taire au plus vite. Par la suite, il l'avait épousée pour encore une fois on ne savait quelle raison et ils avaient fini par avoir deux enfants.
La jeune fille regarda ses parents s'éloigner pour donner les derniers ordres aux domestiques puis poursuivit sa route le long des portraits familiaux. Elle était épuisée, comme à chaque soirée. Un petit cri animal retentit faiblement, suivi d'une voix que la jeune fille connaissait plus que bien :
- Fatiguée ?
Kem, le Mirage de Levira trônait sur une commode. Le jeune Mirage quitta son apparence de renard pour celle d'un chat au pelage noir. Il grimpa sur l'épaule de sa maîtresse qui s'empressa de le serrer contre elle. Toute une soirée sans lui la fatiguait. Voyant l'ennui qu'éprouvait sa maîtresse il ne put s'empêcher de lui faire la remarque :
- Pourquoi vas-tu à ces soirées si tu t'y ennuies ? demanda le chat.
- Ce qui m'ennuie c'est William Resonius, répliqua-t-elle.
- Il n'a toujours pas abandonné ? s'écria la créature.
- Non, répondit Levira d'un ton désespéré.
- Et Sidoh n'a rien dit naturellement...
- William est devenu duc il y a deux semaines, rappela Levira. Même s'ils sont tout deux au même rang depuis ce soir, il ne peut tout de même pas le refouler comme un simple comte.
- Gilbert Greyfox ne s'en prive pas, maugréa le chat.
- Gilbert Greyfox n'est pas duc, fit-elle remarquer.
- Parle-t'on du même Gilbert Greyfox ?
- Gilbert Greyfox n'est pas le duc, corrigea Levira en roulant des yeux. Son frère l'est. D'ailleurs ce cher Gil nous a charmé de sa présence ce soir.
- Sûrement la seule chose amusante de la soirée.
- Détrompe-toi. Peu de choses sont aussi satistfaisantes que celle de mettre à jour les secrets des autres.
Le petit Mirage observait son amie avec de grands yeux.
- Par exemple, la marquise de Ferania...elle a un fils de 7 ans, qui lit Les paladins des secrets, et il n'en est qu'au troisième tome.
- Et en quoi connaître les habitudes de lectures du rejeton d'une marquise qui a tenté de séduire notre père t'intéresse ?
- En rien du tout. Mais ce qui est intéressant pour moi, c'est la manière dont je l'ai découvert.
Le petit chat inclina la tête sur le côté en fixant sa maîtresse, il n'y comprenait absolument rien, mais il savait ce dont Levira était capable.
- Simple : elle m'a dit que j'étais une Lucie Miyano quand je lui ai dit que je préférerais être indépendante et célibataire.
- Et ?
- Lucie Miyano est indépendante à cause d'un chagrin d'amour. Si la marquise avait lu la saga elle l'aurait compris et ne m'aurait pas fait la remarque puisque je n'ai encore jamais eu d'aventure - autrement ma réputation en aurait pris un sacré coup. Si elle le connaît sans l'avoir lu, c'est que quelqu'un a dû lui en parler, quelqu'un qui n'a pas dû comprendre le sens de l'indépendance de Lucie. Donc il doit être assez jeune, mais plus âgé que 6 ans car la marquise est très à cheval sur les limites d'âge. Elle n'aurait pas donné cette saga à un enfant que cela aurait choqué, s'il avait eu 8 ans ou 9 ans, il aurait compris et n'aurait pas fait cette faute d'interprétation, donc il a 7 ans. Quand à l'identité de la personne qui lui a parlé de ce livre, je ne vois personne d'autre que son fils susceptible d'être pris au sérieux par la marquise.
- Tu sembles bien sûr de son âge...
- C'est de la marquise dont on parle, fit Levira en haussant les sourcils. La seule femme qui planifie l'âge à laquelle son enfant doit apprendre telle ou telle connaissance. Sept ans pour les complots. Huit pour les dangers de l'amour. Douze pour le...l'accomplissement du devoir de préservation d'une lignée.
- Et comment peux tu savoir à quel tome il en est ? répondit Kem en essayant d'oublier le dernier détail.
- J'ai dit que j'aimerais finir comme elle. Et elle me l'a souhaité.
- Et ?
- Lucie meurt au début du quatrième tome, pouffa-t-elle.
Kem regarda Levira avec de grands yeux, il n'y avait qu'elle pour s'amuser à décorticater une banale conversation tel un poulet. Entre souhaiter la mort d'une duchesse et parler de ce dont on sait rien, facile de savoir de quel coté se trouvait la marquise.
Mais ceci n'était qu'une des nombreuses informations que Levira avait pu relever au cours de la soirée. De nombreux gestes avaient trahis les membres de l'assemblée, des informations qui pour la plupart inoffensive. Mais elle aimait le jeu, non le secret.
Une fois rendue dans sa chambre, la jeune duchesse s'assit à son bureau en chêne où l'attendait un plateau d'argent noyé sous les lettres de la journée. Elle s'assit et commença à faire le tri. Elle trouva une photographie d'une loitaine cousine qui venait de naître, le jeune nourrisson souriant dans les bras de sa mère. Une dizaine de lettres venants de différents comtes et barons, Levira ne s'attarda pas dessus et les jeta en arrière en interpellant son Mirage. En un instant Kem se métamorphosa en salamandre puis réduit les lettres en cendres.
Une lettre attira l'attention de la jeune fille plus que les autres. Elle venait du duc Landeila. Cétait un article du magazine Under the floor.
Les crocs d'acier
Dans la nuit du 13e de Miraclis de l'an XII759 , un chapardeur s'est écroulé devant la porte Est de la ville avec des crocs en acier dans le bras droit. Suite à un examen, il a été confirmé que ces crocs appartenaient à un Tssisy. Ces reptiles aux dents en acier pour la plupart agressifs ont l'habitude de fuir devant un Chapardeur, mais dans ce cas - pour le moins étrange - il a foncé sur lui en plantant ses dents dans son bras avant que celui-ci ne les lui coupe. Ce Tssisy, maintenant dépourvu de deux dents a été classé dans la catégorie de nuisible B, avec les crocs que le chapardeur a pu "récupérer" on peut estimer que ceux qui lui reste devraient valoir dans les 3 500 Yuls. Même avec les prix élevés donnés par leurs clients pour ces matériaux d'exception, peu de Chapardeurs acceptent de s'approcher de ce Tssisy, sans compter que le début des migrations de Krachten rendront très bientôt le monde aux pieds de nos chères tours encore plus dangereux.
L'article était accompagné de ces mots :
"Ces crocs feraient d'excellents matériaux pour une nouvelle arme"
Levira étira un long sourire, Kem grimpa sur le bureau. Uune fois la lettre lue, il se transforma en renard et adressa un regard à sa maîtresse.
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