Pourquoi les cimetières sont pleins
Il y a environ 70 000 ans
Pourquoi les cimetières sont pleins
Pourtant nous sommes tous cousins
La population mondiale approche les 8 milliards d’individus et les prévisions disent que nous allons être 12 ou 15 milliards sur cette planète à la fin de ce 21e siècle. Ces nombres impressionnants ne représentent cependant qu’à peine 10 % de la population humaine de tous les temps. En prenant un début de calcul il y a 50 000 ans, avec l’apparition de l’Homo sapiens, les estimations du nombre d’humains ayant vécu sur Terre sont aux alentours de 100 milliards, selon différentes sources. Ce qui fait que les morts sont quatorze fois plus nombreux que les vivants. Même si cette proportion s’effondre rapidement avec l’explosion exponentielle des vivants, nous ne pouvons que penser à ces ancêtres, pas si éloignés de nous dans le temps (1 500 à 1 800 générations).
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Pendant très longtemps, l’espèce humaine ne comptait tout au plus que quelques centaines de milliers d’individus. Ce n’est qu’il y a un peu plus de dix mille ans, c’est-à-dire très récemment dans l’histoire humaine, que sa population a franchi le seuil d’un million d’habitants.
Sur ces 100 milliards, la moitié a vécu depuis le début de notre ère, c’est-à-dire 2 000 ans, et 20 % pendant les deux derniers siècles. Il n’est donc pas très étonnant que l’on retrouve des squelettes dès que l’on commence à creuser notre sol, surtout en Europe, région très anciennement et densément peuplée.
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Deux réflexions sont à associer à ces chiffres.
La première, plaisante, est que nous sommes tous cousins : un simple calcul de probabilités montre qu’il suffit de remonter 1 000 ans en arrière pour trouver un ancêtre commun entre deux personnes. Même si ce calcul purement mathématique ne tient pas compte des mouvements de population entre régions du globe, nous pouvons dire que nous descendons tous de Charlemagne, ou de son valet.
En effet, si une génération dure trente ans, on peut estimer à quarante le nombre de générations nous séparant de celle de Charlemagne. À raison de deux ancêtres à chaque génération, c’est donc 2 puissance 40 (= 240) ancêtres que nous avons dans cette génération, soit près de 1 100 milliards. Ce nombre dépasse largement les 9 millions de la population estimée de son empire à cette époque et les 250 à 350 millions au niveau mondial.
Nous ne descendons donc peut-être pas tous de Charlemagne, mais nous partageons tous un grand nombre d’ancêtres communs.
La seconde réflexion, assez proche, mais plus sérieuse, s’interroge sur la très faible variabilité génétique de la population humaine, c’est-à-dire le peu de variations de nos caractéristiques entre individus. On estime à seulement 0,1 % la différence moyenne entre les gènes de deux individus de même sexe (ce qui représente quand même trois millions de différences dans les lettres de notre patrimoine génétique !). De plus, ces différences ne portent que sur 12 % de notre patrimoine génétique.
Les différences génétiques entre individus vont de 0,4 % à 0,8 % chez d’autres primates. Dans les populations humaines, la plus grande variabilité génétique se trouve dans celles d’Afrique. Pour les autres populations du Monde, leur variabilité se situe dans une des branches de celles d’Afrique. Cela conforte l’hypothèse de la sortie d’Afrique par de tout petits groupes d’individus, ce qui a entrainé cette faible variabilité.
La faible variabilité globale est expliquée par plusieurs hypothèses dont la plus séduisante est celle de l’explosion d’un volcan il y a 75 000 ans, le Toba à Sumatra. Tellement gigantesque qu’elle aurait provoqué une période glaciaire assez longue pour avoir une incidence sur les populations. La population totale humaine serait alors descendue en dessous de dix mille individus, ce qui nous mettait alors dans les espèces en risque d’extinction. Si on retrouve chez d’autres espèces, comme le guépard, ce même phénomène de goulot d’étranglement vers la même époque, cela n’est pas avéré pour d’autres et les sédiments de cette époque en Afrique ne rendent pas compte d’une extinction massive. Plus probablement, pendant des centaines de milliers d’années, la population humaine était très faible et a dû passer par plusieurs périodes de crise, à la limite de la disparition.
Le grand prédateur qu’est l’Homme est donc une espèce invasive et conquérante après avoir eu une histoire mouvementée.
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