Pourquoi nous avons peur du loup

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Il y a environ 100 000 ans

Pourquoi nous avons peur du loup

Je t’aime, je ne t’aime plus



Tous les petits enfants, ceux âgés de 4 à 7 ans, grandissent avec la peur du loup, l’angoisse symbolique de se retrouver morcelés, broyés, avalés. Avec le petit chaperon rouge, la chèvre de monsieur Seguin, les trois petits cochons, ou encore Pierre et le loup, tout est fait pour maintenir la peur du loup chez les enfants. Heureusement, plus grands, Tex Avery nous fait rire avec son grand méchant loup. Ces enfants ont aussi très souvent comme animal de compagnie un chien, qui n’est qu’une sous-espèce de Canis lupus. Alors, peur ou pas peur du loup ?

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Au sommet du réseau trophique, des chaines alimentaires, le loup, comme l’Homme, est un prédateur alpha : il n’est la proie d’aucun autre prédateur et dépend de la population sur laquelle il vit. Dans cette catégorie, on retrouve aussi le lion, l’ours, le lynx, le tigre, mais aussi l’aigle, l’orque…

Quand l’Homme conquiert un continent, la mégafaune, les gros animaux, diminue fortement : en quelques millénaires, le poids moyen des mammifères terrestres est divisé par deux, voire plus. À tel point que bientôt le plus gros animal terrestre sera la vache. Surtout, il chasse ses concurrents, ces superprédateurs, qui sont pour la plupart maintenant en voie d’extinction définitive.

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Avec l’analyse génétique, il est possible de dater la différenciation du chien de la lignée du loup à environ moins 100 000 ans, c’est-à-dire au Paléolithique. Des restes de canidés plus récents (moins 30 000 ans) confirment cette domestication, bien antérieure à toutes les autres. Par comparaison, la domestication du chat ne date que de 11 000 ans, sans doute dans une des premières communautés sédentaires, en Anatolie. Avant l’apparition de l’agriculture au Néolithique, l’Homme était un nomade chasseur, vivant et chassant en petites bandes, de façon assez semblable à celle des loups. Il n’est pas impossible qu’ils aient chassé de concert, partageant leurs qualités et leur butin. Le loup lève plus facilement une proie, mais l’Homme est plus apte à la tuer. Le loup peut se contenter des restes du trophée. Ces loups qui chassaient de plus en plus avec les Hommes sont devenus les chiens, selon cette hypothèse.

Cette convergence (mutualisme ou commensalisme ?) avec le loup resté sauvage a trouvé un écueil quand l’Homme s’est mis à élever ses proies au lieu de les chasser. Il n’était plus question de partager : en s’attaquant à un troupeau domestiqué, le loup resté sauvage s’en prenait aux biens de l’Homme et à sa survie. Il devenait nuisible, intolérable et haïssable.

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Objectivement, le loup a de quoi faire peur. D’abord par sa taille, 60 à 90 centimètres au garrot, entre 100 et 150 cm de long, plus la queue, et son poids, entre 15 et 45 kilogrammes. Il effraye aussi par sa gloutonnerie qui est en fait sa capacité à ingérer de très grosses quantités de viande et à jeuner jusqu’à deux semaines. Il ne laisse donc aucun reste, ce qui passe pour de la cruauté. Sa gueule, avec ses canines acérées de 4 centimètres qui peuvent lacérer un cuir de bœuf, fait peur, surtout quand il retrousse ses babines avec un grognement. Il achève de nous terroriser avec son comportement, un flair redoutable, un pelage qui change selon les saisons et l’aide à se camoufler. Surtout, son aptitude à la course et à l’endurance ne laisse aucune chance à la proie poursuivie. En effet, il est capable de courir à soixante-cinq kilomètres à l’heure pendant cinq à dix minutes.

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Une étude sur les décès entre le 15e siècle et le 20e siècle recense plus de trois mille décès dus à une agression par un loup, un tous les deux mois en moyenne sur l’ensemble du territoire français. La dernière attaque date de 1918. Même si ces chiffres sont partiels, l’incidence du loup dans les causes de décès reste très faible.

Le loup attaque l’Homme pour quatre raisons.

La première raison est une attaque en défense. Elles sont peu fréquentes et généralement non mortelles. Elles concernent essentiellement des bergers qui ont voulu défendre leurs troupeaux avec des moyens rudimentaires (bâton, pierre…). La littérature regorge à contrario de cas où des loups ont été capturés, voire déterrés de leur tanière, sans avoir attaqué le piégeur.

Une deuxième raison, très rare, est l’accoutumance qui se rencontre quand les loups ont été en trop grande proximité avec l’Homme et ont perdu la peur de l’Homme.

Les deux autres raisons sont celles à l’origine de la peur du loup.

D’abord la rage, très fréquente dans les temps anciens, qui peut donner une forme dite furieuse. Associée aux capacités physiques du loup (force, vitesse), cette forme le rend particulièrement dangereux. C’était la principale cause des attaques de loup et bien sûr toujours mortelles. Le loup enragé attaque tout ce qu’il trouve sur son passage, sans les manger puisqu’il a la gorge bloquée par la maladie, mais en les déchiquetant sauvagement, ce qui donne des scènes de carnage et un grand nombre de victimes sur un petit territoire.

La dernière raison est l’attaque de prédation. Ces attaques sont rares. Le loup ne considère en effet pas l’homme comme une proie potentielle sauf dans des cas exceptionnels. On pense qu’un loup anthropophage commence par dévorer les cadavres sur les champs de bataille. Avec l’enterrement des morts après le combat à partir du début du 19e siècle, cette forme d’attaque va chuter de façon importante. Mais quand un loup a gouté à la chair humaine, il va continuer en s’attaquant aux proies les plus faciles, aux enfants, alors nombreux à garder les troupeaux en forêt ou en bordure de celles-ci. Ces attaques sont souvent vues par d’autres enfants qui les raconteront toute leur vie…

Le loup ne représente plus un danger pour l’Homme, mais demeure un ravageur pour ses activités pastorales.

Selon une estimation de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, la population de loups sur le territoire métropolitain serait d’environ 500 loups, en décembre 2018. Cette taille de population lui permettrait maintenant de survivre, sans risque d’extinction.

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L’autre grand prédateur par sa taille est l’ours, beaucoup plus éloigné de l’Homme dans ses habitats et ses consommations. L’ours des cavernes, éteint depuis 10 000 ans environ, partageait ses refuges avec l’Homme. Il était aussi grand que l’ours blanc ou le grizzli, avec ses 3,5 mètres debout, mais il était végétarien, donc sans danger pour l’Homme, quand on ne le dérangeait pas… Les autres ours sont facilement effrayés par les humains, mais la mère défendra très brutalement ses petits. Il ne s’attaquera aux troupeaux qu’en dernier ressort, ce qui lui vaut aussi l’inimitié des bergers. Il fut surtout chassé pour le trophée de sa peau ou pour être capturé pour le dressage.

L’ours en peluche est très récent, car il date du début du 20e siècle, avec une première apparition simultanée en Allemagne et aux États-Unis. Dans ce dernier pays, il prendra le nom de Teddy Bears en souvenir du président Théodore Roosevelt (surnommé Teddy), grand chasseur, mais qui refusa de tuer un ourson qu’on lui avait rabattu.

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Les loups en peluche restent beaucoup plus difficiles à trouver.

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