Pourquoi les stations de métro nous racontent le passé

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Il y a 120 ans

Pourquoi les stations de métro nous racontent le passé

Un peu d’histoire le long de la ligne

Les stations de bus ou de métro défilent les unes après les autres. Avant d’arriver à destination, alors qu’on les voit chaque jour, soudain un de ces noms nous apparait étrange et nous nous demandons d’où il provient.

Les stations de métro ont souvent pris le nom des rues où elles débouchent. On retrouve beaucoup de célébrités connues, des célébrités oubliées, de batailles victorieuses ou encore de lieux spécifiques, mairies, portes et autres gares ou saints des églises. Ce sont les autres noms qui nous interrogent.

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À Paris, si les Halles rappelle le ventre de Paris, disparu en 1969, le Chatelet évoque le Grand Châtelet. C’était une forteresse édifiée par Louis VI le Gros en 1130 pour protéger le Grand Pont (actuel pont au Change) qu’il venait de faire construire sur la Seine. L’appellation proviendrait d’un petit fort, castellum, édifié par Jules César pour défendre le nord de Lutèce. Reconstruit en 1242, 1506, et 1684, il abritait le siège du prévôt de Paris (représentant du Roi pour l’administration de la vicomté de Paris), c’est-à-dire les services de police, des cachots et la première morgue. La Révolution supprimant les fonctions prévôtales, le bâtiment fut abandonné puis détruit en 1802, laissant la place à… la Place du Châtelet.

Pas très loin, mondialement connu, le Louvre porte ce nom parce que la première forteresse fut construite, sous Philippe-Auguste, sur une ancienne louverie, c’est-à-dire un endroit où était abrité un équipage dédié à la chasse au loup.

Bonne Nouvelle vient de l’église Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle en souvenir de l’Annonciation. Si l’église actuelle date de 1830, elle a remplacé une chapelle du même nom, élevée en 1551. Ce quartier a été bâti sur une butte de voiries, c’est-à-dire qu’elle provient d’un ancien monceau d’ordures ménagères des Parisiens. On appela successivement Mont Superbus, Mont Orgueil (dont on a gardé l’ironie de l’appellation pour une rue), butte aux Gravois, avant de prendre le nom de Bonne Nouvelle.

Une autre explication, plus romanesque, veut qu’en 1667, Gabriel Nicolas de La Reynie, premier lieutenant général de police de Paris, mît fin à la Cour des Miracles qui occupait ce lieu. Et pour les habitants du quartier, ce fut vraiment une bonne nouvelle. Cette fiction nous permet d’avoir un petit frisson chaque fois que l’on voit cette appellation.

Victor Hugo nous a fait vivre cette Cour des Miracles, qui n’était pas la seule à Paris, puisqu’on estime à une douzaine ce type de lieux présents depuis le 12e siècle. Sa surface était limitée au plus à quelques pâtés de maisons, mais abritait un grand nombre de familles. Lieux de rassemblement de filous, pendards et malades simulés, elles sont restées mémorables par le folklore qui y était attaché, mais aussi par les craintes qu’elles généraient. Le soir, tous les éclopés, qui avaient attiré la pitié pour mendier, apparaissaient guéris, comme par miracle. Parmi eux, on peut se souvenir des capons, chargés d’engager les passants au jeu en feignant de perdre leur argent contre quelques camarades à qui ils servaient de compères. Ou encore des mercandiers, criant qu’ils étaient de bons marchands ruinés par les guerres, par le feu, ou par d’autres accidents, les malingreux, malades simulés. Plus loin, les orphelins, de jeunes garçons chargés de paraitre gelés et de trembler de froid, même en été, les piètres, estropiés marchant avec des béquilles, les rifodés, toujours accompagnés de femmes et d’enfants. La liste continue avec les coquillards, pèlerins couverts de coquilles, qui demandaient l’aumône afin de pouvoir continuer leur voyage. Les techniques actuelles de mendicité et encore plus d’arnaques sont dans la continuité de leurs prédécesseurs.

Cette Cour des Miracles n’est pas très différente du quartier Jeanne d’Arc, dans le 13e arrondissement, zone interdite entre les deux guerres, comme l’a décrit Léo Mallet dans sa Trilogie noire. Et cette réputation sulfureuse et dangereuse se porte maintenant sur les quartiers de banlieue, avec toujours ces populations très pauvres et désespérées, soupçonnées des pires trafics pour survivre.

Cette lieutenance générale de police fut mise en place par Louis XIV pour gérer tous les aspects de la plus grande ville d’Europe d’alors : police, approvisionnements, urbanisme, etc. Il était nécessaire de contrôler cette ville et ses mouvements d’humeur. Pour mener à bien sa mission, une de ses premières opérations fut de domicilier les habitants, d’abord en nommant les rues puis en numérotant les immeubles, première étape qui servira ensuite pour la désignation des stations de métro.

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Commerce, nous raconte une histoire d’urbanisme, avec une opération de lotissement lancée en 1824 sur l’ancien village de Vaugirard, baptisée Beaugrenelle, dont la rue du Commerce était l’axe principal.

La Muette n’a rien à voir avec un défaut de parole, mais avec une déformation du mot meute, ces chiens de chasse qui partaient vers le Bois de Boulogne de ce pavillon qui devint le château de la Muette. Une rue longeant ce château abritait une pompe qui l’alimentait et qui garda le nom de cet ustensile, la rue de la Pompe.

La Défense demande une promenade sur le Parvis pour découvrir un groupe coulé en bronze en 1883 par Louis-Ernest Barrias. Trois figures symbolisent la Défense de Paris pendant le siège de 1870 par les Prussiens. La principale, debout, une femme vêtue de l’uniforme de la garde nationale, appuyée sur un canon et tenant un drapeau, idéalise la ville de Paris. Les défenseurs prennent les traits d’un jeune garde-mobile armé de son fusil chassepot, abattu par terre. De l’autre côté du monument, une fillette prostrée qui, par son expression triste et son apparence misérable, personnifie les souffrances de la population. Cette statue qui se trouvait auparavant au milieu d’un carrefour, maintenant au niveau des souterrains de circulation, émerge maintenant difficilement du parvis.

Glacière nous rappelle que la Bièvre passait par là avant sa canalisation, parmi de nombreux étangs qui gelaient l’hiver. Cette glace était entreposée dans des puits ou d’anciennes carrières pour être utilisée l’été. C’était la spécialisation de ce petit hameau.

En tirant le fil de Blanche, nous trouvons la Place Blanche, dont le nom vient de la Barrière blanche, barrière du mur des Fermiers généraux, qui devait son nom à une carrière de plâtre de Montmartre. Les rues alentour étaient toutes blanches à cause du passage des voitures emportant leur cargaison à l’intérieur de la ville.

La station que l’on ne verra sur aucun plan du métro parisien, c’est Haxo, du nom d’un général d’Empire, correspondance entre les lignes 3 bis et 7 bis qui ne fut jamais ouverte, rejoignant les autres stations fantômes du réseau comme Arsenal ou Porte Molitor.

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Bien que ce ne soit pas une station de métro, associons à ce survol des noms de lieux dans Paris, le Marché des enfants rouges, le plus vieux marché couvert de Paris, datant de 1615. Autrefois petit marché du Marais, son appellation actuelle ne lui fut donnée que plus tard, prenant celui de l’hospice des Enfants-Rouges (1524-1777) situé à proximité et créé par Marguerite de Navarre pour des orphelins dont l’uniforme était rouge.

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À Marseille, Malpassé vient du provençal Maupasset, signifiant littéralement « mauvais passage ». Et par association de mots vient la mémoire de la catastrophe du barrage de Malpasset, le 2 décembre 1959, faisant 423 victimes, notamment à Fréjus.

La Timone était le nom de la bastide de la famille Timon, terrain sur lequel sera bâti ce grand hôpital de Marseille.

Il faut remonter à Jules César pour comprendre La Joliette et au camp qu’il avait établi à cet endroit lors de sa lutte contre Pompée.

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À Lyon, l’inquiétant Gorge de Loup ne vient que du nom de la famille Loup qui possédait le domaine, qui se nommait avant Gorge de Vacques.

Si le nom de Bellecour apparait dès le 12e siècle pour désigner les beaux jardins de l’archevêque d’alors, ce qui est intéressant est la suite des onze noms attribués à cette grande place. Place Royale en 1715, puis place Louis-le-Grand en hommage à Louis XIV. Avec la Révolution, elle devient place de la Fédération en 1790, place de l’Égalité en 1793 pour devenir place Bonaparte en 1800, puis place Napoléon. La Restauration… restaure la place Louis le grand et la Troisième République la place Belcour. Nous oublierons l’intermède du nom de place du Maréchal-Pétain entre 1940 et la Libération.

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Finissons ce petit tour de France avec le charmant non de Triolo à Lille, qui provient simplement d’un lieu-dit ancien, Tréola.

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