Chapitre 3 : Présentation
Lorsque Sure pénétra dans la maison, il aperçut une petite fille, assise dans les escaliers, qui le dévisageait. Elle lui faisait penser à quelqu'un, mais il n'arrivait pas à savoir qui. Il sentait le regard de l'enfant toujours aussi insistant, tandis qu'il attendait sa mère. Il se retourna pour voir ou elle était et lorsque son attention se reporta sur l'enfant, il se rendit compte que la demoiselle n'était plus seule. Le dénommé Never était avec elle, et il lui chuchotait :
- May, sois gentille d'accord ? On a des invités, et ils habitent la maison d'en face maintenant. Donc il faut être bien sage. Dis bonjour !
La petite fille fixait maintenant ses chaussures en se balançant de droite à gauche.
- Allez ! Ne sois pas timide !
- Bonjour...
Sure s'approcha et se baissa, pour se mettre à son niveau. Même assise dans les escaliers, elle était minuscule. Il lui sourit et répondit :
- Bonjour ! Je m'appelle Sure !
Il réfléchit à un moyen de mettre à l'aise la jeune fille. Il lui montra son panier, et les yeux de l'enfant s'illuminèrent. Le blond ajouta :
- Tu aimes les cerises ? J'ai amené de la confiture et des petits pains.
Elle sourit et descendit des escaliers. Elle s'approcha, et levant la tête pour lui parler, elle se présenta :
- Je m'appelle May et j'ai cinq ans ! Tu as quel âge ?
- J'ai dix-sept ans, comme ton frère je pense.
Il se tourna vers Never, comme pour chercher une approbation, mais le brun était sorti avec madame Villier en direction du jardin. La petite fille lui prit la main et l'emmena dehors :
- Viens, Papi et Mamie aussi aiment la confiture !
Il se laissa guider jusqu'à la terrasse dans le jardin, où sa mère avait déjà pris place auprès des deux grands-parents. Never suivait sa soeur et le voisin de loin. La vieille femme se leva :
- Tu dois être Sure je suppose. Tu peux m'appeler Mamie ! Viens par ici que je t'embrasse !
Sure fut surpris par la spontanéité de Mamie. Elle venait de le rencontrer, et elle le traitait déjà comme son petit-fils. Il repensa à sa grand-mère, rude et distante. Mamie était tout l'inverse, et sa gentillesse lui faisait chaud au coeur. Il s'approcha et elle lui plaqua deux bisous sur les joues. À côté, Never était mort de honte. Il savait que sa grand-mère ne pouvait pas lutter, mais elle aurait pu se tenir devant les invités. Il n'osa pas imaginer ce à quoi la mère de Sure avait eu droit.
- Et n'oublie pas le vieux Papi ! clama le grand-père, assis dans son fauteuil de jardin.
Le scénario se répéta encore une fois, n'arrangeant pas le malaise du garçon.
Pendant ce temps, May s'était approché de Madame Villier et s'était présentée. Elle était maintenant assise sur les genoux de la femme qui semblait ravie de la présence de la petite fille. Never n'en revenait pas : toutes ces démonstrations d'affection entre inconnus le sidéraient. Après tout, ils étaient peut-être des criminels ? Personne ne s'en était assuré ! Gardant ses pensées intrusives pour lui, il décida de s'extirper de cette sphère d'amour pour sortir quelque chose à boire pour ses invités. Il prépara une carafe de sirop, et en revenant vers le salon de jardin, tout le monde s'était assis. Il était le seul debout. Il pesta intérieurement. Pourquoi fallait-il que toute l'attention se dirige sur lui ? Madame Villier mit fin à son malaise en lui demandant :
- Tu t'appelles Never c'est ça ? Je m'appelle Alice ! Ça me fait plaisir de savoir que Sure aura un ami juste en face de chez nous.
- N'en soyez pas si sûre. La solitude est déjà ma meilleure amie.
Papi éclata de rire. Il reconnaissait bien là son petit fils, cynique mais pas méchant. Mamie se mit à rire aussi, entraînée par son mari. Sans tarder, Alice et May les rejoignirent. Seuls Sure et Never n'avaient pas pris part à la rigolade, et soupirèrent simultanément. Leurs familles étaient épuisantes, mais les deux réunies étaient pires que tout.
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