Chapitre 2
Math ouvrit les yeux, puis s’assit en tailleur dans le sable qui lui avait servi de matelas durant les dernières nuits. Le soleil se levait, parant d’écarlate les eaux du pacifique. Déjà on pouvait apercevoir l’épais brouillard qui venait presque chaque jour porter compagnie au Golden Bridge.
Quatre jours avaient passés, la rue Dupont à 16h, c’est là qu’il l’attendrait.
Math tenta de contenir une vague de tremblements, sans succès. Après tout pourquoi pas ici … Il porta une main dans la poche arrière de son jean avant de se raviser. Non, ça n’amènerait rien de bon.Il allait déjà falloir se rendre dans un endroit plus sûr. Math monta dans la voiture et se dirigea vers San Fransisco.
Une fois la voiture grise garée à l’ écart des regards indiscrets, il finit le chemin à pied jusqu’à l’hôtel miteux où il avait prévu de rester quelque temps.
Un sol collant, un air chargé de fumée de marijuana et un patron qui aurait fait passer un chien errant pour un modèle de propreté. Tout ce qu’il fallait pour se ressourcer en somme.
« C’est pour quoi ? »
- « J’ai réservé la chambre 127 ici, au nom de John Doe »
Le tenancier gratifia l’homme d’une œillade fatiguée
- « Alors c’est toi John Doe ? Pas très subtil comme nom d’emprunt mon gars, enfin bon tant que tu fais pas de bruit chez moi j’en ai rien à foutre ce que t'as pu faire dehors »
- « Entendu. »
Math récupéra les clés et monta rapidement dans sa chambre. Il ferma la porte dès son arrivée et fonça s’asseoir sur la première chaise venue. Cela faisait bien trop longtemps… et il devenait de plus en plus accro. Il sortit fébrilement de leur pochette le cylindre de verre et le kit d’injection qu’il gardait dans sa poche. Ses mains tremblaient tant qu’il mit 3 bonnes minutes à connecter l’embout seringue à la petite fiole.
Il s’allongea dans le lit crasseux puis, après avoir respiré un grand coup, s’injecta le fluide bleu sombre contenu dans la petite fiole. Après cela il laissa tomber le tout à côté du lit pour n’observer que les veines de son bras se colorer à mesure que le fluide progressait vers son cerveau.
On appelait ça le Meck.
Personne ne savait qui le produisait, ni comment il se synthétisait.
L’ancien sportif ne savait même pas ce que c’était exactement. Ni drogue de synthèse, ni produit dopant, et ce n’était surement pas quelque chose de naturel. A vrai dire il semblait qu’il soit le seul à connaitre l’existence de cette foutu substance, même si San n’avais jamais précisé s'il avait plus de clients.
Ses pensées se brouillèrent, comme d’habitude son bras brulait. C’était une douleur entêtante. Elle apparaissait légère, puis se renforçait à mesure que le Meck progressait dans l’organisme, comme s'il faisait doucement chauffer à blanc les os du corps de Mathew.
Math commençait à suer à grosses gouttes, il mit l’oreiller dans sa bouche et le mordit du plus fort qu’il put. Il ne fallait pas se briser les dents quand ça arriverait, ça allait arriver, ça allait arriver…
La douleur avait atteint un seuil qui aurait paru insupportable à tout non initié, mais elle avait cessé d’augmenter, se contentant à présent d’assaillir continument l’ancien athlète. Tel les quelques séries de vagues qui annoncent un tsunami à qui sait observer…
Puis le Meck atteignit le cerveau de Math. Son corps entier fut pris de spasmes alors mêmes qu’il lui semblait fondre de l’intérieur. Vaincu par la douleur, il se mit en boule sur le lit puis sombra.
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