Chapitre 1
D’aussi loin qu’il se souvienne, il avait toujours préféré le bleu.
Fermant les yeux, Math prit le temps de respirer à plein poumons les embruns qui lui rougissaient les joues. Puis il projeta cette saleté de fauteuil roulant hors de la falaise. Une fois qu’il eut disparu au fond des flots, ce fut le tour des médailles et des trophés. Tous sombrèrent l’un après l’autre dans le même chatoiement doré. Une fois cela fait, l’homme se retourna, les mains dans les poches de son vieux jean troué, et se dirigea vers sa voiture.
Alors qu’il progressait vers le parking non loin de là, Matthew se surprit de l’amertume qu’il ressentait à l’idée d’avoir si violemment rejeté ce qui fut un jour sa fierté.
Math s’installa dans sa voiture. Le moteur ronronnait doucement.
Tout avait disparu…tout devait disparaitre. Cette saloperie de maladie qui lui rongeait les os avait tout détruit. Enfin, avant. Quand il avait encore besoin de ce foutu fauteuil pour se déplacer.
La luminosité baissait de plus en plus, les ténèbres semblant s'échapper de chaque recoin de ces routes sinueuses qui mènent aux banlieues chics de Los Angeles.
La seule vue de ses anciens amis lui était amère. Les souvenirs heureux de sa gloire passée n’étaient plus que des pointes aigues progressant toujours plus dans son cœur. Non, il fallait se détacher de tout ça. L’imposante de Math villa arriva en vue.
La propriété était immense, terrain de basket, piscine, salle de musculation… Ce n’est qu’alors qu’il déverrouillait la porte que l’absurdité de la situation lui vint à l’esprit. Qu’aurait bien pu faire un handicapé de tout ce matériel ?
Sans faire attention aux débris de miroir qui jonchaient le sol et au capharnaüm ambiant, il se dirigea vers la cuisine. Comme prévu, les jerricanes l’y attendaient.
Math entreprit d’imbiber méthodiquement les murs de la maison d’essence. Arrivé devant la chambre des maitres, il sortit un pistolet acheté pour l’occasion de sa poche, puis entra dans la chambre.
Le cadavre allongé dans le lit devait bien être mort depuis un ou deux jours, mais une fois carbonisé qui s’en rendrait compte ? Il avait payé assez cher pour que l’identification du corps se passe comme il l’entendait.
Math tira une balle dans la tête du macchabé, puis entreprit de sortir de la chambre après avoir posé l'arme dans la main du cadavre.
Il s’arrêtât brusquement à la vue du cadre accroché à côté de la porte. Il prit le temps de regarder une dernière fois la photo de cette femme qu’il avait un jour aimée. Myra. Rien n’était de sa faute bien entendu. Elle l’avait supporté avec tant de courages durant toutes ces années…
Matthew détourna le regard. Lui, il n’était qu’un lâche.
Il quitta la chambre, puis retourna à l’entrée de la maison.
Math sortit un zippo de sa poche, l’alluma puis quitta la villa après l'avoir laissé tomber sur le tapis.
Il se dirigea vers sa voiture, indifférent aux flammes qui grandissaient à l’intérieur de son ancienne demeure. Le moteur ronronna à nouveau et la carrera grise se glissa hors de la propriété.
Le plan se déroulait à la perfection.
Les pathétiques fils à papa qui lui servaient de voisin avaient dut prévenir la police après qu’il eut tiré ce coup de feu. On retrouverait bientôt un homme plombé et carbonisé dans son lit, un pistolet tout neuf à ses côtés.
Le corps serait identifié comme étant le sien, et vu les rumeurs qui circulaient déjà sur lui, l’annonce de son suicide n’étonnerait pas grand monde. Quand a Myra, elle touchera la majorité de l’argent qu’il possédait. A y repenser c’était un bien maigre cadeau après tout ce qu’elle avait fait pour lui. Mais elle serait dorénavant libre. Les jours où elle devait d’occuper d’une épave avaient enfin pris fin.
Math arriva sur le 8 voies menant à San Fransisco. La carrera accéléra, doublant les ombres bouffies qui illuminaient la route de leurs phares jaunâtres et rouges. Il ne fallait plus qu’il pense à tout ça, tout était derrière lui maintenant. Un nouveau rendez-vous l’attendait dans seulement cinq petits jours.
Ce soir l’ex champion de football américain Matthew Miller s’était suicidé après avoir mis le feu à sa villa.
Oui c’était bien mieux ainsi.
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