Monsieur le marchand de journaux est le premier client de la boulangerie à six heures ce matin. Le couple des boulangers le salue chaleureusement et il achète une baguette et deux pains au chocolat.

— Vous avez bien dit « deux » ? interroge Madame la boulangère. Vous avez faim ce matin, dites-moi.

— Oui, répond Monsieur le marchand de journaux en rougissant.

Madame la boulangère adresse un clin d’œil furtif à son mari.

— Au fait, dit Monsieur le marchand de journaux pour changer de sujet, vous avez vu la nouvelle construction ? Qui peut bien vouloir s'installer ici ?

Madame la boulangère secoue la tête.

— Aucune idée. D'habitude on quitte les petits villages pour s'installer dans la grande ville, pas le contraire.

— C'est vrai, renchérit son mari. Il doit y avoir une raison. Dans tous les cas cela signifie que Madame la maire a donné son accord.

— Ce qui est étrange, est que nous ne savons rien de tout ceci, observe Monsieur le marchand de journaux.

Il regarde sa montre et annonce au couple des boulangers qu'il doit partir.

— Vous avez raison, ne laissez pas vos petites viennoiseries refroidir, ajoute Madame la boulangère d'un ton malicieux.

— Oui... Euh non... bafouille Monsieur le marchand de journaux. J'ai rendez-vous au salon de coiffure ce matin. J'ai demandé à Madame la coiffeuse si elle pouvait me couper les cheveux avant l'ouverture du magasin. D'ailleurs elle m'a demandé si je pouvais lui commander un livre en urgence, je vais lui emmener. Au revoir.

Monsieur le boulanger se tourne vers sa femme, amusé.

— Celui-la alors ! Comme si on savait pas qu'il fricotait avec la p'tite fleuriste !