À la boulangerie
Comme la veille, Monsieur le marchand de journaux fut le premier à se rendre à la boulangerie pour acheter son pain.
— Pas de viennoiseries aujourd'hui ? le taquine Madame la boulangère, son mari était encore dans le laboratoire pour surveiller la dernière fournée de croissants.
Monsieur le marchand de journaux répondit sérieusement avec un geste de la main.
— Non merci, ce sera tout.
Il changea rapidement de sujet.
— Vous connaissez la dernière nouvelle ?
— Si vous parlez des magouilles de notre maire, oui nous savons tout, ajoute fièrement Madame la boulangère. Et de son petit manège avec le facteur également.
— Il n'y pas que cela, chère madame. Nous en parlions hier avec Madame la quincaillière, nous avons trouvé étrange qu’Élisabeth soit si serviable. C'est bien elle qui est venue vous proposer ses services pour la grande tombola de dimanche ?
— Oui, et alors ?
— Toute cette gentillesse ne cacherait-elle pas quelque chose ?
Madame la boulangère réfléchit un instant.
— Peut-être, mais quoi donc ?
— Nous avons pensé à une théorie avec Madame la quincaillière.
Monsieur le marchand de journaux regarda autour de lui, puis fit signe à Madame la boulangère de s'approcher plus près. Il baissa le ton de sa voix, ce qu'il devait lui révéler était une information du plus confidentiel.
— Une organisation mafieuse, chuchota-t-il.
À ces mots, son interlocutrice ouvrit de grands yeux, choquée.
— Quoi ? Élisabeth dans la mafia ?
Elle hurla en direction du laboratoire :
— Chéri ! Viens vite, dépêche-toi !
Monsieur le boulanger déboula à toute vitesse dans la boutique.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Ne criez pas si fort, la réprimanda Monsieur le marchand de journaux. On pourrait vous entendre. D'abord, nous ne sommes sûrs de rien, puis si elle venait à apprendre que nous avons eu cette conversation, ça pourrait être dangereux. Tout ceci doit rester entre nous.
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