Chez la fleuriste
À peine Monsieur le marchand de journaux parti, Madame la boulangère s'était précipitée chez son amie Madame la fleuriste. Son mari avait bien essayé de la dissuader de rapporter la conversation qu'ils avaient eu plus tôt avec leur client, mais en vain.
— Il faut absolument que je vous raconte ce que je viens d'apprendre ! Lança-t-elle après avoir passé la porte de la petite boutique de fleurs.
— Que se passe-t-il ?
— C'est au sujet d’Élisabeth. Monsieur le marchand de journaux qui est venu ce matin... À moins que vous ne le sachiez déjà. Vous en avez peut-être discuté hier au soir.
Madame la fleuriste secoua la tête, elle ne saisissait pas tout.
— Mais de quoi parlez-vous ? Quelle discussion ?
Madame la boulangère lui fit signe de s'approcher plus près.
— J'ai quelque chose à vous dire de très important, il semblerait qu’Élisabeth ne soit pas...
L'entrée en trombe d'une nouvelle personne dans le magasin interrompit sa phrase.
— Bonjour bonjour ! s'exclama gaiement Madame la coiffeuse. Comment allez-vous toutes les deux ? Rien que de penser à la super tombola de dimanche, j'ai une pêche ! Pas vous ? Je sens qu'on va bien s'amuser ! Mais pourquoi vous faites ces têtes ?
— Nous parlions d’Élisabeth, lui répondit Madame la fleuriste. Madame la boulangère allait me révéler quelque chose à son sujet.
— En effet, acquiesça cette dernière. Et ça tombe bien que vous soyez là aussi. Mon mari ne savait pas trop si c'était une bonne idée de répéter ce que nous a dit Monsieur le marchand de journaux. Je pense que le contraire, je ne fais que mon devoir de citoyenne en informant tout le monde sur ce que j'ai appris.
— Bien sûr.
— Évidemment.
— Donc, repris Madame la boulangère, Élisabeth n'est peut-être pas celle que nous croyons. Il est possible qu'elle ait des liens avec la mafia.
— Quoi ? s’écrièrent en chœur ses deux amies.
— Vous êtes sûre que vous avez bien compris ? questionne Madame la fleuriste.
— Certaine ! Son excès de gentillesse cache bien autre chose non ?
Madame la coiffeuse s'avance la fenêtre et regarde au-dehors.
— En tout cas, « Élisabeth » n'est pas très mafieux comme prénom, dit-elle amusée après un moment de réflexion.
— Et alors un prénom ne définit pas une personne, rétorqua Madame la boulangère.
— Ou alors... Elle l'a changé, ajoute Madame la fleuriste. Ses deux amies en restèrent bouche bée après cette déduction.
— Alors ça, c'est bien possible. Mais comment va-t-on faire pour le découvrir ? On ne peut quand même pas l'appeler par tous les prénoms, vous savez combien il en existe dans le monde ?
Personne ne sut répondre à la question de Madame la coiffeuse. Celle-ci voulut leur offrir un verre au café, mais Madame la boulangère et Madame la fleuriste déclinèrent son offre, elles avaient trop de travail.
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