La technologie n'apporte pas toujours le progrès - 2
Les dangers de la facilité et du superficiel
Il va de soi, par ailleurs, qu’un recours excessif aux solutions technologiques n’apportent pas que des avantages à la société. Il est évident qu’il s’opère ainsi une déshumanisation, la machine remplaçant le contact humain. De plus, les robots s’apparentant à de dociles esclaves, il devient tentant d’en abuser pour éviter les moindres efforts et contraintes du quotidien. La machine encourage ainsi à l’inaction et à la passivité. Il en découle des problèmes physiques, notamment du fait d’un surpoids qui peut nuire à la santé, mais également des troubles psychiques ou mentaux, déjà en raison d’une dépendance aux machines, qui probablement génère une atrophie nos capacités naturelles. Il en résulte ainsi une pesanteur, tout autant mentale que physique, le recours excessif aux machines et aux écrans pouvant encore empêcher une maturité intellectuelle et affective.
La maturité intellectuelle se révèle, par exemple, lorsque l’enfant ressent le besoin progressif de quitter son livre d’images pour des ouvrages plus consistants en textes, or le monde des technologies est précisément un monde d’images, qui plonge ainsi le consommateur dans une immaturité perpétuelle. Ayant investi le domaine culturel, les images technologiques, qui hypnotisent avec leurs effets spéciaux, quand il ne s’agit pas d’images de synthèse, assurent un triomphe systématique de la forme sur le fond. Ce sont les succès des BD et Mangas, sur les autres domaines de la littérature ; c’est l’immense popularité des films à effets spéciaux, images de synthèse et écrans 3 D, sur d’autres qui traitent de sujets de société ; c’est enfin la colossale industrie du jeu vidéo, qui triomphe sur tous les autres domaines culturels (si on peut encore parler de culture à son sujet !) avec un chiffre d’affaires, en 2020, en France, de 5,3 milliards d’euros (comprenant les achats de matériels et de logiciels). Il s’agit encore d’une industrie en plein essor, avec une progression de 11,3 % par rapport à 2019. C’est ainsi plus du double qu'en 2013 où le secteur avait déjà généré 2,7 milliards d’euros.
À titre de comparaison, les dépenses pour le livre, en France, s'élèvent à 3,7 milliards d’euros en 2020.
Quant au cinéma, pour en rester à la production de films français au niveau international en 2022 (c’est-à-dire hors période Covid), les recettes générées sont de 167,8 millions d’euros.
La technologie, qui a envahi notre culture, agit ainsi comme un rouleau compresseur, en uniformisant les pensées. Nous ne concevons le Monde moderne et ses progrès qu’à travers un savoir unique et stéréotypé, qui rend compte d’un déferlement de nouveaux robots, d’intelligences artificielles, de machines autonomes… Mais jusqu’à quelles limites ?
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