Chapitre 3
La tension marquait les traits fins de Modonoka. Les poings serrés, la jeune femme peinait à contenir la tension qu’elle ressentait.
— Cette garce ! jura-t-elle. Je voudrai tant lui faire payer ce qu’elle te fait subir ces derniers mois, Ruyô !
Sa peine toucha Karel. Sa colère envers Phényxia augmentait. Son peuple en détresse, Ruyô avait négocié un marché avec la démone en échange de la promesse de ne pas attaquer la Tribu du Feu en difficulté. En cachette, pour ne pas rajouter plus de soucis à sa sœur qui avait beaucoup à gérer.
Ruyô était présent, mais demeurait calme, les bras croisés et adossé contre le mur. Son calme n’était qu’apparence. Il avait des difficultés à maintenir chaque regard présent.
— Je ne m’excuserai pas pour ça, déclara-t-il. Sans ce lien, en dépit de tes pouvoirs, notre peuple aurait sûrement été rayé de la carte. Je le suis seulement pour ces émissaires attaqués.
— Elle abuse de ton intégrité depuis des mois ! s’écria Modonoka en se tournant vivement vers lui, les larmes aux yeux.
— Cela en valait la peine. Notre peuple vit encore, et le Dragon est libéré. Nous avons survécu.
« Comment peut-on se sacrifier à ce point ? Vous êtes monstrueuse, Phényxia ! » fulmina Karel.
Il en avait assez d’être témoin de personnes profitant du désespoir des autres. Phényxia en tête.
— Le Clan de l’Esprit, le Clan de l’Eau, la Tribu du Vent, la Tribu du Feu et nous, énuméra Whélos. Elle commence à détenir beaucoup de monde sous sa coupe. Un peu trop.
Aquilée baissa la tête.
— Qu’est-ce qui vous a poussé à tout nous révéler et à prendre le risque de vous retourner contre Phényxia ? interrogea Wil, méfiant.
Ruyô le toisa avec gravité.
— Elle a brisé notre marché lorsqu’elle a envoyé ses sbires attaquer les émissaires. Phényxia avait promis de ne pas porter atteinte à notre Tribu. Et empêcher ces vivres dont nous avons besoin arriver jusqu’à nous est une manière de nous mettre à mal.
— Phényxia ne risque-t-elle pas de vous tuer ? demanda Aquilée.
Ruyô s’attarda sur elle.
— Un prix que je suis prêt à payer.
— Il en est hors de question ! trancha Modonoka. Tu as assez donné !
— Toi aussi.
— C’est un ordre de ta Cheffe de Tribu.
Un léger rictus secoua Ruyô. Aquilée s’avança, après un commun accord avec ses compagnons.
— Nous irons. Ainsi, cela ne vous compromettra pas. Elle a besoin de nous, elle ne peut donc pas nous tuer. Pour le moment.
— Mais que pouvons-nous faire ? demanda Wil.
Ruyô fit quelques pas dans la pièce pour les rejoindre.
— Elle m’humilie peut-être, mais cela m’a permis de l’espionner.
Ses yeux ardents s’attardèrent sur chaque personne présente.
— Il faut agir, maintenant. Nous avons peut-être une chance de sauver nos confrères. Et nous allons avoir besoin de vos pouvoirs.
— Pourquoi « peut-être » ? releva sa sœur.
Ruyô la regarda avec gravité.
— Phényxia a caché une machine dans une de nos grottes qui arrache les pouvoirs, ou à défaut, tue les Sans-Pouvoirs.
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