Chapitre 8
[Note : pour les paroles signées, j'ai décidé de changer : au lieu d'être sous format — "blabla", c'est maintenant en — "bla bla". Idem pour tout ce qui est "lettres", c'est de l'italique sans guillemets, car ça se confondait avec les pensées, entre guillemets et italique.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, si c'est plus clair et confortable à la lecture, que je pense à appliquer ça sur tous les précédents chapitres. J'ai vraiment besoin de savoir ^^
Merci d'avance, et sur ce, bonne lecture ^_^]
Paniqué, Karel rangea les lettres et se téléporta sur le pont, là où il avait vu Whélos plus tôt. Ce dernier était plongé dans un livre trouvé à l’intérieur du navire, traitant de l’histoire maritime de la Tribu de l’Eau. Il réajusta ses lunettes en apercevant le jeune homme.
— Tu es bien pâle, mon garçon, que t’arrive-t-il ?
Karel se figea. Il n’avait aucune idée sur la manière de s’y prendre.
— Montre-moi, l’aida Whélos.
Karel fouilla sa sacoche et tendit la lettre de Valkor à Whélos d’une main fébrile, avant de signer une excuse.
— Assied-toi avec moi, je vais étudier ça. Essaie de retrouver ton sang-froid, d’accord ?
Le jeune homme acquiesça et obéit, admiratif du calme de Whélos, alors qu’il devait se douter de genre de nouvelle que Karel essayait de lui annoncer. Le chercheur tint une branche de ses lunettes et parcourut la missive des yeux. L’angoisse de Karel grandit à mesure que les secondes passaient sans que Whélos ne prononce un seul mot. Attentif à la moindre de ses expressions, Karel ne vit pas son ami ciller. Ce fut après un long moment que Whélos plia la missive avec soin avant de le rendre à Karel.
— Si je dois être honnête, je commençais à m’en douter un peu, déclara-t-il. Mais Maître Valkor m’a devancé, semble-t-il. Je n’en attendais pas moins de sa part.
« Que… quoi ? »
Whélos le regarda dans les yeux.
— Si je ne vous ai rien dit, c’est parce que je n’étais pas encore sûr de moi. Je ne voulais pas vous rajouter des inquiétudes, surtout si j’étais dans l’erreur.
« Comment ? Comment as-tu compris ? »
Whélos étudia son expression et comprit sa question silencieuse.
— Nous avons appris beaucoup de choses, depuis Sheyral, mon jeune ami. Nous avons surtout découvert que la situation n’est pas celle que l’on croit. Je ne pourrai jamais pardonner ton ancien Maître d’avoir assassiné mon ami et m’avoir agressé en m’arrachant mes souvenirs, mais je comprends ses raisons. Bien qu’il aurait pu s’y prendre autrement, sans céder à cette violence.
Karel lui offrit une expression contrite. Ce rappel le mettait toujours mal à l’aise.
— Les Dragons nous en ont appris beaucoup sur la véritable situation de Weylor, et notamment en quoi l’existence de Serymar pose un sérieux problème. Ce que nous avons trouvé chez les elfes ont prouvé leurs dires, sans compter ce rapport qu’Uriel nous a volé. Avec tous ces éléments, ainsi que l’intérêt d’Œil-de-Sang à ton égard, cette idée commençait à émerger dans mon esprit.
— « Tu connaissais donc l’histoire d’Evenlya ? », signa Karel.
Whélos assentit.
— Je te l’ai dit : au palais, j’avais accès à des informations confidentielles et à des sorts jetables qui ne sont conçus que là-bas, plus ou moins en secret. Que Maître Valkor en ait eu une copie ne m’étonne que peu. Comme lui-même nous l’a rappelé, les Apokeraos étaient maîtres dans l’art de rassembler des informations. La seule chose que j’ignorai, c’était que ton ancien mentor avait été son Apprenti. Ça, j’admets que ça me dépasse. Mais cela signifie une chose.
Il marqua une pause. Karel l’encouragea à continuer. Whélos le regarda dans les yeux avec gravité.
— Maître Valkor sera l’une des premières personnes qu’Œil-de-Sang voudra sacrifier. Tu imagines ? Lui, un être de presque un millénaire, qui, dans son désir de perfection, est allé jusqu’à s’auto-mutiler pour ressembler à un humain, et qui s’est délecté que son peuple d’origine soit rayé de l’existence ? Bien avant de parvenir à maudire les Dragons, lorsqu’Œil-de-Sang a disparu sans laisser de traces d’Evenlya, il a provoqué des guerres, entre Sans-Pouvoirs et porteurs de magie, jouant sur l’ignorance des peuples pour traiter ces personnes comme des monstres, en les poussant à se faire consumer par leurs pouvoirs. Et ainsi alimenter ses rumeurs.
Karel blêmit. Il n’aurait jamais songé à une chose pareille.
« Ainsi, même cette facette de l’Histoire de Weylor aurait été provoquée par ce monstre ? »
— Mais un jour… un héros surgit, reprit Whélos. Et pas n’importe lequel : un Apokeraos. Imagine l’ironie du sort. Maître Valkor met fin à la guerre en instaurant un système éducatif qui change alors la face du pays. Les porteurs de magie ne vivent plus dans la peur de l’oppression ou de mourir à cause de leurs dons, et les Sans-Pouvoir vivent en paix. Valkor hérite ainsi du titre de héros et même de légende vivante aujourd’hui.
Karel n’en revenait pas de découvrir qu’Œil-de-Sang œuvrait depuis bien plus longtemps que ce qu’il avait cru.
« Sa capacité à manipuler les peuples est vraiment terrifiante… comment peut-on vaincre une telle personne ? C’est impossible… »
— La suite, nous la connaissons, acheva Whélos. Œil-de-Sang est allé voir les Dragons, profitant de son anonymat. Trois siècles plus tard, les Dragons se retrouvent maudits et le peuple des Apokeraos sont rayés de la carte. Tu ne trouves pas qu’il s’agit d’une étrange coïncidence ? En ce sens, ça ne m’étonnerait donc pas que Valkor soit en tête de liste des personnes à éliminer pour ce monstre. Pour trois raisons : la première parce qu’il est un Apokeraos, le dernier représentant de ce peuple éteint. La seconde, parce qu’il lui a volé ce qu’il avait de plus précieux : ton ancien Maître, mettant encore une fois ses plans en échec. Et enfin, la troisième raison, parce que Valkor est suffisamment dangereux pour anéantir ses prochains projets. Chaque fois, il s’est dressé contre Œil-de-Sang. Il mérite vraiment son statut de héros, si tu veux mon humble avis.
Un poids supplémentaire s’abattit sur les épaules de Karel qui s’affaissa. Le danger s’épaississait à mesure qu’ils continuaient leur voyage. Il avait l’impression qu’ils ne s’en sortiraient pas.
— « Comment les prévenir ? », signa-t-il avec des gestes nerveux.
Whélos ajusta ses lunettes.
— Concernant Valkor, je pense qu’il s’y attend et s’y est déjà préparé. Il a l’habitude de gérer ce genre de situation, il les voit venir. Pour une attaque de Clan en masse, je trouve qu’il n’y a eu que très peu de morts, à Sheyral. Si Valkor a pris la peine de te faire cette missive, c’est parce qu’il devait se douter de ce qui arriverait. J’en ai été convaincu dès qu’il t’a convoqué en privé après la bataille. Ne nous inquiétons pas pour lui, pas pour le moment. Je suis prêt à parier que Valkor attend Œil-de-Sang de pied ferme et lui a même réservé un comité d’accueil.
Karel observa un silence. L’inquiétude le tenaillait. Mais Whélos avait raison. Pour le moment, il ne pouvait qu’espérer que Valkor saurait résister. Son admiration envers lui grandit.
— « Whélos, j’ai besoin de ton aide. »
Le chercheur lui prêta attention. Karel plongea son regard dans le sien, avec sérieux. Il n'en revenait pas de ce qu'il allait lui demander.
— « J’ai besoin que tu m’aides à contacter Serymar. »
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