Chapitre 9

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— Karel ! C’est dangereux ! s’opposa Whélos. Tu ne connais même pas ses intentions à ton égard ! Tu ignores encore s’il te tuera dès qu’il sortira de son trou !

Karel ne pouvait rien opposer à cet argument. Comme les Dragons, Serymar était capable de faire abstraction de ses sentiments pour faire ce qui devait être fait, selon ses critères. Cette pensée lui serrait le cœur.

— « Justement. Ça sera l’occasion de savoir. »

— Tu es inconscient ! S’il t’arrive quoi que ce soit dans le monde spirituel, tu seras détruit, Karel, et de manière irréversible ! Je refuse de te faire courir un tel risque, je le regretterai toute ma vie !

Le jeune homme était conscient de la dangerosité de la mission qu’il se donnait. Mais envoyer une missive serait mettre en danger un membre de la Tribu du Vent, risquer que sa lettre tombe entre de mauvaises mains, et surtout, dévoilerait l’endroit où se cachait Serymar. Ne restait que la solution la plus dangereuse.

— « Je sais. C’est ce qui s’est passé à la Forêt du Vent. »

Whélos plissa les yeux.

— Mon garçon, ne compare pas l’intelligence de la créature qui t’a attaqué avec celle de ton ancien mentor. Il serait capable de te contraindre et de te réduire à néant par sa simple volonté. Tu n’es pas de taille contre ça. Je sais de quoi je parle.

Son ton s’était assombri. Serymar avait fouillé dans sa mémoire sans aucun ménagement. Whélos avait manqué d’y passer. Karel lâcha un faible soupir et son regard se fit sérieux lorsqu’il fixa Whélos.

— « Il ne me fera rien. Pas pour l’instant. Lui comme Phényxia ont besoin que je sauve Onyx avant. »

Karel marqua une courte pause. L’idée de revoir Serymar l’effrayait, mais…

— « Il est temps que j’affronte mes démons en face », signa-t-il avec détermination.

Whélos resta silencieux un long moment, avant de se détourner.

— Si Lya l’apprend, elle va me transformer en charpie, grommela-t-il en s’éloignant.

Karel étira un léger sourire amusé.

« Merci, Whélos. »

Il suivit le chercheur jusqu’aux cabines. Whélos verrouilla la porte de leur dortoir et Karel s’installa à même le sol. Son ami le rejoignit.

— Vous n’avez jamais appris à créer des sortilèges, à l’Académie de Magie ? demanda-t-il. Je pensais que Valkor le permettait dès que vous maîtrisez bien vos pouvoirs.

L’embarras s’empara de Karel et ses signes devinrent hésitants et maladroits.

— « Si, nous avons appris, mais Lya et moi n’avions jamais été très doués dans cette discipline… nous ne connaissons que quelques principes de base. »

Karel se souvenait d’avoir fait fondre du mobilier, tandis que Lya avait provoqué un feu d’artifice à l’intérieur même de la salle de cours. Sans compter toutes ces fois où l’un faisait exprès de rater la fabrication de son sortilège pour ne pas laisser l’autre seul dans l’embarras. Si un enseignant devait les punir, Lya et Karel avait fait en sorte autant que possible de l’être ensemble. Il était plus aisé d’affronter les moqueries à deux que seuls.

— Je vois. Eh bien, tu as de la chance que je m’y connaisse !

Le jeune homme laissa Whélos sortir le nécessaire de sa sacoche, dont une fleur de pavot soigneusement préservé. Il broya la plante dans un bol avant de reporter son attention sur Karel, un couteau à la main.

— Avec la magie du sang, nous devrions y arriver. Il t’en a donné, et même si ce n’est que très peu, le sang des Dragons est très puissant, à tel point qu’il est difficilement supportable pour des mortels, au même titre qu’une part de leurs pouvoirs. En ce sens, cela devrait te permettre de faire la liaison avec son esprit. Mais ça ne suffira pas.

Karel se fit attentif et tendit sa main. Whélos entailla son index et le pressa pour que le sang tombe sur la plante broyée.

— Il va falloir que tu te concentres, et ça, je sais que c’est difficile pour toi. Tu vas devoir penser à la personne que tu veux rencontrer dans le monde spirituel. Encore faut-il que ton Maître accepte cet appel et ne te repousse pas. À ce niveau-là, ça ne dépend plus de moi. En revanche, je peux veiller sur toi. Réveiller quelqu’un dans cette situation peut être très dangereux.

« D’accord. Merci pour tout. »

— Enlève ton haut, inhale ça et allonge-toi.

« Trop tard pour reculer, à présent. Il faut que j’avance », s’encouragea Karel.

Il retira sa tunique de manière à se retrouver torse nu et prit le bol de bois que Whélos emmenait partout avec lui pour l’approcher de son visage. Il respira l’odeur de la mixture, qu’il sentit descendre jusque dans ses poumons. La tête lui tourna soudain dangereusement tandis que le chercheur reprenait le bol. Comme préconisé par Whélos, Karel s’allongea sur le dos. Son ami trempa son index dans le mélange et traça un signe sur son front et au niveau de son cœur.

— Pour faciliter la liaison, expliqua Whélos. Là pour l’esprit, là pour appeler les sentiments qui te relient à ton ancien Maître.

« Je vais m’évanouir… »

Les premiers vertiges le tourmentaient déjà, son corps se vidait de son énergie, son rythme cardiaque ralentissait.

— Ne lutte pas, conseilla Whélos. Met de côté ce réflexe, laisse-toi aller. Suis le mouvement de mon doigt.

L’index du chercheur effectua de lents va-et-vient au-dessus de ses yeux. Karel se concentra, et le sommeil l’emporta après seulement quelques mouvements.

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