ÉCHAPPE TOI SI TU PEUX (par Aeon64, dit l'Ours)

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Note : Ce texte d’un goût douteux est un hommage à plusieurs auteurs de scribay, en réponse à un défi informel dont le seul but était de rigoler un bon coup. Toute ressemblance avec leurs idées ou leurs personnages est donc tout à fait volontaire. Mes remerciements sincères à Martial M, dont l'univers totalement barré a inspiré cette série de textes idiots, et nous a offert notre protgoniste principal: Gourdin l'enchanteur.

 Certains hommes sont des modèles de bravoure et d’intelligence, d’autres, au contraire, sont lâches et un peu idiots : Marc, 28 ans, faisait clairement partie de la deuxième catégorie. Brun au visage désespérément banal, Marc avait peu ou prou foiré tout ce qu’il avait entrepris dans sa vie, et menait une consternante existence de mollusque décédé. C’est un beau jour d’avril que sa vie bascula, le propulsant dans les cieux éthérés de l’absurdité et de l’incongru.

 « … ce n’est pas censé être vert un kiwi ? » songea-t-il en observant le curieux fruit doré, qui trônait insolemment au centre d’une assiette au décor douteux. Assis seul dans sa salle à manger, Marc bloquait depuis bientôt une demie heure sur la couleur suspecte de ce kiwi, qu’il avait trouvé dans un colis envoyé chez lui par erreur. « Qui envoie des kiwis par la poste ? Ça n’a pas de sens… » soupira-t-il en relisant une troisième fois le petit mot découvert au fond de la boite :

« Le Kiwi jaune est excellent pour la santé, et contient plus de fibres et de vitamines C que le kiwi vert. Plus beau et plus nourrissant qu’une pomme, il est aussi délicieux, et stimule les organes les plus endormis par la fadeur de la vie. Sa belle couleur dorée et son goût unique ne laissent aucune place au doute : le kiwi jaune est véritablement le roi de tous les fruits.

Attention, le kiwi jaune est un fruit puissant, à ne consommer qu’à 16 h 30 pile. »

 Marc consulta l’horloge murale, qui indiquait 16 h 25. « Quelle connerie », soupira-t-il. Cette journée avait déjà mal commencé, et voilà qu’il devait maintenant obéir à l’injonction stupide d’un livreur de fruit. « Oh puis merde », lâcha-t-il en s’emparant du kiwi, avant de mordre à pleines dents dans la chair juteuse.

 Dans un éclair de lumière, la porte d’entrée vola en éclat, avec une puissance telle que les meubles furent soufflés. « Mais putain c’est quoi ce bordel ?! » cria Marc paniqué, en se relevant des décombres de la table. Une voix rauque résonna dans la pièce.

« Qui l’eût cru ? À l’heure indue.

L’imbécile mangea le fruit défendu.

Par Gungir la luisante, et par mon torse velu

Ce petit cul payera son dû »

 Lorsque la fumée se dissipa enfin, Marc découvrit avec horreur d’où provenait cette voix rocailleuse. Sur le pas de la porte, un nain trapu et musculeux exposait sa nudité. Sale et luisant de sueur sous des poils hirsutes, le semi-homme le dévisageait avec ce sourire carnassier qu’ont les lions devant une pièce de viande. Une impressionnante trique turgescente tenait l’horizontale, et semblait prête à séparer la mer en deux.

- Mais putain vous êtes qui vous ?! Sortez de chez moi ou j’appelle la police ! »

- Je suis l’alpha et l’oméga, le dard d’Odin, l’éjaculateur d’étoiles, l’exécuteur de basse justice, Gourdin l’enchanteur !

- Vous êtes un détraqué surtout, j’appelle la police !

D’un mouvement leste, le mage brandit son cinquième membre vers le téléphone, et le désintégra d’une seule décharge.

- Tu restes ici mon petit, aujourd’hui tu vas être ma chose, le réceptacle de ma semence céleste !

 Marc déglutit, il fallait qu’il se tire d’ici, et très vite, s’il ne voulait pas finir violé par ce nymphomane poilu et dégueulasse. Il se lança vers la porte, et esquiva de justesse le funeste mandrin avant de s’engouffrer dans le couloir de l’immeuble pour atteindre l’ascenseur. Gourdin, passablement déboussolé par la tournure des évènements, mis quelques secondes avant de se ruer dans le couloir à son tour.

 Essoufflé, Marc appuyait frénétiquement sur les boutons de l’ascenseur. Il leva les yeux, découvrant avec horreur l’arrivée imminente du pervers velu, dont les pattes courtaudes faisaient se dandiner l’intolérable zob de combat. Les portes commencèrent à se fermer. « Allez ! Plus vite, plus viiiite ! » cria Marc à l’attention de l’antique machinerie. L’ascenseur se referma juste à temps, et arrêta net la course de l’abominable homme des triques, dans un bang sonore. Après un instant de soulagement, Marc poussa un cri de terreur, remarquant l’empreinte du sexe de son agresseur, imprimé dans le métal de la porte comme un funeste avertissement. Une larme roula sur ses joues. « Mais bon sang, c’est quoi ce bordel ?! »

 Quand l’ascenseur s’ouvrit, Marc se précipita dans le hall d’entrée, pressé par les râles gutturaux de son immonde poursuivant qui dévalait encore les escaliers. Il sortit dans la rue. « À l’aide ! Venez m’aider ! », cria-t-il à l’intention des passants, qui l’ignorèrent comme seuls les citadins savent le faire. La porte de l’immeuble explosa. Après un moment de silence, long comme un dépôt de plainte au commissariat, le rutilant pénis des étoiles émergea de la fumée. La voix résonna à nouveau :

« Quand la chair fraiche s’agite

Et que le désir m’habite

Je dois l’épancher au plus vite

En me servant de ma bite ! »

« Oh mon dieu ! » cria Marc d’une voix de castrat, avant de prendre ses jambes à son cou. Il déboucha sur le boulevard, et fendit la foule dans l’espoir de se cacher. À quelques dizaines de mètres derrière lui, Gourdin balayait le trottoir de son chibre salvateur, faisant trébucher les badauds dans un concert de cris outrés. « Taxi ! TAXI ! » cria Marc, qui entra dans la première voiture venue.

- Par pitié, emmenez-moi loin d’ici !

- Vous avez de quoi payer ? s’enquit le chauffeur d’un air méfiant.

- Évidemment, vous me prenez pour qui ?!

- Pour un cinglé qui sort en pyjama…

- DÉMARREZ CETTE PUTAIN DE VOITURE ! hurla Marc, au bord de l’arrêt cardiaque.

 Surpris par le ton de son passager, le chauffeur démarra enfin, engageant la voiture dans l’intense trafic du boulevard. Marc regardait sans cesse par le pare-brise arrière, s’assurant de n’être plus suivi. Après quelques minutes, il commença doucement à se détendre. « Vous n’imaginez pas la journée que je suis en train de passer… » dit-il en se tournant vers le chauffeur.

 « C’est clair que vous avez l’air dans un sale état, remarquez, moi l’autre jour j’ai.. » le chauffeur ne put finir sa phrase, hébété par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Tel un essuie-glace visqueux, le boa de Gourdin tapotait le pare-brise à la recherche d’une entrée. Il finit par pénétrer dans la voiture par la fenêtre passager, expulsant le pauvre chauffeur d’un coup de pine bien ajusté. Marc poussa un nouveau cri de terreur. « Cette banquette est parfaite pour recevoir l’onction de mon sceptre céleste ! » remarqua Gourdin, ravi. La voiture, toujours sans chauffeur, fit une violente embardée qui l’envoya directement dans le décor.

 Sonné, Marc ouvrit la portière avec difficulté, alors qu’un agent de police s’approchait du lieu de l’accident.

- Ça va monsieur ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

- FUYEZ ! cria Marc en titubant sur le trottoir.

 Gourdin, rapidement remis sur ses trois jambes, s’approcha du policier, qu’il sodomisa sobrement avant de reprendre sa route, guilleret. « J’arrive mon lapin !!! » cria-t-il à l’intention de Marc. Celui-ci, horrifié par les cris désarticulés de l’officier, entreprit d’escalader une grille métallique pour entrer dans le zoo municipal, et continuer à fuir. En enjambant les piques anti intrusions, Marc déchira son pantalon et bascula dans le vide. Il s’écrasa lamentablement au sol, dans un nuage d’échec et de désolation.

 En slip, les yeux noyés de pleurs, Marc errait dans le parc devant les visiteurs médusés. La voix tremblotante, il affrontait un questionnement existentiel, celui qui arrive inévitablement à quiconque échappe à une tentative de viol par un homoncule magicien. « Pourquoi ? Pourquoi moi ? J’ai juste mangé un kiwi… pourquoi devrais-je finir comme ça ? ». Choquées, des familles s’éloignaient de la zone, laissant le jeune homme seul avec son destin.

« Joli slip, mais un peu petit pour Gungir la chancelante, je vais te l’agrandir… »

Marc sursauta, épouvanté, et se retourna face à son agresseur. Gourdin l’enchanteur, le sourire aux lèvres, astiquait son braquemart en vue des festivités à venir.

- Pourquoi Gourdin ?! Pourquoi moi ?

- C’était marqué pourtant ! Le kiwi jaune c’est à 16 h 30 pile ! Du coup pas de vitamines pour toi ! Seulement ma vitabite !

- BON ALLER, QU’ON EN FINISSE !

- Euh vous êtes qui vous ? demanda Gourdin à la silhouette noire qui venait d’apparaitre à ses côtés.

- JE SUIS LA MORT, NE FAITES PAS ATTENTION À MOI, répondit-elle d’une voix d’outre-tombe.

Marc observa les deux personnages, et éclata de nouveau en sanglots.

- J’en peux plus, j’en peux plus de tout ça ! C’est terminé ! déclara le jeune homme en gémissant.

 Il recula lentement vers la fosse qu’il avait aperçu un peu plus tôt : s’il devait mourir, il préférait que ce soit mangé par un Lion plutôt que perforé par l’ébranleur de monde en personne. Il prit une profonde inspiration, et se laissa tomber dans la fosse, quelques mètres plus bas. Allongé sur le sol, les yeux fermés, Marc attendait la mort, digne dénouement de cette vie ratée. « Au moins, je ne mourrai pas violé… »

 Au bout d’une longue minute, Marc ouvrit les yeux, étonné d’être toujours en vie. Il vit immédiatement la silhouette de Gourdin et de la Camarde, qui le regardaient de là-haut. Le mage riait à gorge déployée. « Pourquoi est-ce que tu rigoles sale connard ?! » cria-t-il, en colère. Gourdin pointa son doigt derrière Marc. Celui se retourna, et découvrit un immense gorille, dont le rigide et titanesque chibre ne laissait pas de doute quant à ses intentions.

« Si Gungir te laisse t’échapper

Ne crois pas que tu auras la paix.

Maintenant ton destin est scellé

Tes sphincters vont lâcher »

 Marc regarda désespérément autour de lui, à la recherche d’une issue. Il ne vit qu’un bonobo, qui l’observa un instant, avant de se couvrir les yeux de ses deux mains. Puis il regarda la Mort d’un air implorant. « JE N’Y PEUX RIEN MOI » répondit-elle en haussant les épaules. Le gorille attrapa Marc par une oreille, et l’entraina dans un buisson.

 Ainsi mourut Marc, 28 ans, sous les coups de boutoir du primate géant et de son homologue nain, le puissant Gourdin l’enchanteur, heureux d’avoir une fois encore accompli sa mission.

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