Chapitre 5 : Une porte de sortie ? 2/2
Tout le monde se tourna alors vers le devin avec stupéfaction. Ce dernier se fraya un chemin pour venir se placer aux côtés de Naru qui le fixait bouche bée, incapable de parler.
- Merci de tes explications, ma chère Naru, déclara-t-il en esquissant un sourire charmeur. Maintenant je pense que c’est à moi de prendre le relais.
- Que veux-tu dire, démon ? l’interrogea Meira Lynn, sortant enfin de son mutisme. Pourquoi deux jours ?
- Je vais y venir, capitaine. Comme vous le savez, je vous ai tous rassemblés ici pour une raison bien précise ; nous sortir de ce profond gouffre dans lequel nous sommes tous tombés.
- Donc nous allons enfin aborder la véritable raison de notre présence ici ! s’impatienta Syana.
- Mes plus sincères excuses, mais il était nécessaire que Naru vous donne certaines explications avant d’entamer cette discussion, pour que vous saisissiez bien quelle est notre situation. La plupart d’entre vous le savent probablement déjà, mais en tant que devin, je suis capable de voir le futur.
- Qu’est-ce qui peut nous permettre de… commença Zelrinn, avec agressivité.
- Votre nom est Zelrinn Orkson, l’interrompit Jonas, comme s’il s’attendait déjà à cette interruption. Vous haïssez les vampires parce qu’un groupe d’entre eux a attaqué la ferme de vos parents alors que vous étudiiez à Asdoréa pour devenir officier. La nouvelle ne vous est parvenue qu’une semaine après que les corps aient été découverts. Vous ne vous en êtes jamais remis. Et malgré votre zèle et vos compétences, cette colère vous a conduit à des accès de rage incontrôlables ayant contraint vos supérieurs à vous reléguer à un rôle de simple soldat.
Etonnée, Triss se tourna vers Zelrinn, dont le visage avait pâli.
- Que… balbutia l’ange avec stupéfaction, avant d’empoigner son épée avec colère.
- …Cela n’a pas calmé votre colère pour autant, et vous étiez sur le point de risquer l’expulsion quand le capitaine Lynn a décidé de vous prendre sous son aile, reprit Jonas. Elle a cru en votre potentiel, vous a permis de maitriser votre colère… et pour cela votre loyauté envers elle est sans faille.
- Qui vous a raconté cela ? éclata Zelrinn, qui s’empourpra.
- Vous-même.
L’incompréhension se peignit sur les traits de l’ange.
- Je ne… C’est impossible ! Je n’ai pas…
- Vous l’avez fait, dans l’un des nombreux avenirs possibles où nous nous entendions bien. Je savais déjà ce que vous alliez dire. Votre colère envers les vampires vient de votre immense culpabilité de ne pas avoir été là pour sauver vos parents. Ces regrets vous enchainent, et vous cherchez depuis une occasion de racheter votre prétendue faute pour donner un sens à votre vie.
Bouche bée, Zelrinn fut incapable de répliquer. Autour de lui, tout le monde demeura silencieux. Triss n’en revenait pas. Était-ce pour cela que l’ange l’avait traitée avec autant de mépris ? Voilà qui expliquait bien des choses…
- Mais vous ne devez pas laisser vos regrets vous détruire, mon ami, lui dit Jonas d’une voix adoucie. Vous devez vous en détacher pour espérer avancer. Un jour, le destin vous offrira l’occasion de sauver ceux qui peuvent l’être encore. Votre chemin vous a mené jusqu’ici pour une raison bien précise. Quand le temps sera venu, votre résolution sera mise à rude épreuve. Ce n’est qu’à ce moment-là que vous saurez exactement ce que vous valez…
Sur ces mots, Jonas se détourna de l’ange toujours interdit, avant de s’adresser au reste du groupe :
- Si quelqu’un souhaite que je lui prouve personnellement mes capacités, je me tiens à sa disposition…
Personne n’osa répondre, mais Triss sentait que certains comme Gralgir-Khan et Meira Lynn regardaient le devin d’une autre façon, comme s’ils se rendaient enfin compte qu’il n’était pas quelqu’un qu’on pouvait sous-estimer…
- Voilà donc notre situation actuelle, reprit Jonas d’un ton plus sérieux. En comptant ceux présents ici : les nirgaëns, les anges, et les démons rescapés en état de se battre, nous arrivons plus ou moins à trois cents combattants, plus Voldra. L’ennemi quant à lui dispose d’environ un millier de shinobis toujours actifs, d’un peu moins de dix mille soldats du Harakaï et de quelques centaines d’autres mercenaires attirés par l’argent… Une armée qui se presse à nos portes avec pas moins de quatre croiseurs Oméga lourdement équipés, dont la puissance de feu additionnée devrait être capable de raser cette montagne. Tout cela sans compter Forlwey, le nosferatu qui les dirige, et ses deux lieutenants. Nos ennemis ne veulent qu’une chose : la princesse Triss ici présente qui est, comme vous devez tous le savoir maintenant, la fille de Némésis Nocturii.
Jonas désigna celle-ci d’un signe de tête, et tous les regards se tournèrent aussitôt vers elle. La jeune fille, embarrassée, serra les poings, mal à l’aise d’être ainsi exposée. Sheamon et Philippa se rapprochèrent alors d’elle, comme s’ils prétendaient faire écran entre Triss et les regards inquisiteurs des autres. D’abord surprise, celle-ci ne put s’empêcher de sourire face à la sollicitude du renégat et de l’ancienne espionne.
- Une seconde, intervint Gralgir-Khan en s’avançant. Devin, tu as bien dit qu’ils sont prêts à tout pour avoir cette fille ?
La jeune fille tressaillit, et lentement, sa main se dirigea vers la pièce écarlate à sa ceinture. Le nirgaën voulait-il se servir d’elle comme monnaie d’échange ?
- A n’importe quoi, confirma Jonas. Je dois toutefois vous prévenir, messire Khan, qu’il est inutile d’envisager échanger votre survie contre la princesse. Le nosferatu qui les commande est un fou sanguinaire qui, une fois en possession de celle-ci, n’aura plus aucune retenue pour tous nous anéantir. Il ne vous épargnera pas même si vous lui donnez ce qu’il veut, tout simplement parce qu’il s’en moque. De plus, vous ne parviendrez jamais à lui livrer la princesse…
- …Parce que je vous aurai tué avant, acheva Sheamon d’une voix froide.
Le renégat posa une main rassurante sur l’épaule de la jeune fille, ses yeux fixèrent avec intensité le nirgaën, qui parut vaciller. Interloquée, Triss vit alors que Philippa avait posé la main sur la garde de son couteau, prête à dégainer. Même Naru et Syana avait l’air sur la défensive, et Abraham avait saisi la crosse de son fusil de chasse.
- J’aimerais éviter que nous en arrivions à cette extrémité, commandant, renchérit Liam sur le même ton incisif. Mais sachez que je ne permettrai pas que quiconque touche à cette jeune fille.
- Exactement, approuva Meira Lynn. Il est hors de question de céder Triss Nocturii.
Le visage de Gralgir-Khan passa de la surprise à la colère.
- Croyez-vous que j’ai gagné mon titre de Khan en me montrant aussi pleutre ? grommela-t-il entre ses dents serrées. Certes, nous sommes des mercenaires, mais avant tout des guerriers avec un code d’honneur. Aucun nirgaën digne de ce nom n’échangerait sa propre survie contre celle d’un louveteau, et je préfèrerais m’arracher la fourrure plutôt que de commettre un acte aussi vil et méprisable.
Il inclina la tête en direction de Triss.
- Ce que je voulais dire, c’est que s’ils sont prêts à tout pour avoir la fille, cela signifie que, par sécurité, ils n’utiliseront pas toute leur puissance de feu ni la totalité de leurs effectifs tant qu’ils ne l’auront pas récupérée. Ils voudront éviter qu’elle soit tuée dans la bataille. Et tant qu’ils se retiendront, nous aurons une chance. La protéger devra être notre priorité.
L’atmosphère, loin de se détendre, s’alourdit d’avantage, tandis que Triss sentait de nouveau les regards de tous se poser sur elle avec insistance. Mais Jonas lui offrit une diversion en applaudissant nonchalamment, demi-sourire aux lèvres.
- C’est précisément cela, commandant, acquiesça-t-il. Dans maintenant un peu plus de quarante-huit heures, nos ennemis se lanceront à l’assaut de la montagne avec l’intention de récupérer la princesse. Il serait vain de tenter de franchir leur barrage en force, ou d’espérer l’emporter dans un affrontement direct à l’extérieur. Nos meilleurs espoirs résident dans la défense de la montagne mais, tôt ou tard, l’ennemi finira par déborder nos positions. Ce n’est pas une bataille que nous pourrons remporter. Notre seule chance de survie est de nous échapper au nez et à la barbe de nos adversaires en utilisant ce Monolitik. Pour cela, trois conditions sont essentielles : nous devons empêcher Triss d’être capturée, tout en réactivant le Monolitik, et en contenant les assauts de nos adversaires jusqu’à ce que notre porte de sortie soit ouverte.
- Seulement ça ? ironisa Liam avec un sourire crispé. Je trouve qu’il serait plus facile de nous entretuer…
- Je n’ai pas passé mon temps à regarder les fleurs pousser, capitaine Jeagan. En utilisant mes pouvoirs pour examiner les différents futurs et leurs possibles conséquences, j’ai assimilé suffisamment de connaissances pour établir un plan qui permettrait de remplir ces trois conditions. En somme, nous avons environ une chance sur mille de nous en sortir…
Triss haussa les sourcils, tandis que Syana étouffait une exclamation. Était-ce pour cela que Jonas s’était isolé des autres ? Mais il ne s’était pourtant absenté qu’à peine quatre heures… Était-il vraiment parvenu à trouver en aussi peu de temps une échappatoire à leur situation désespérée ?
- Mais cela ne veut pas dire que la victoire nous soit acquise, les avertit Jonas. Sachez que dans cet avenir, le meilleur qu’il nous soit possible d’espérer… moins de la moitié d’entre nous survivront. De nombreux sacrifices devront être consentis si nous voulons survivre. Et parmi ceux qui sont présents ici, trois mourront inévitablement.
Sa déclaration plongea tout le monde dans un silence consterné. Il n’y eut pas de cris, mais chacun semblait choqué par l’éventualité de sa propre mort. Effrayée, Triss tourna la tête vers Sheamon et Philippa, avant de s’attarder avec angoisse sur Naru et Syana. Était-ce l’un d’entre eux qui allait mourir ? Peut-être même seraient-ils trois à tomber… Et soudain, Triss se rendit compte qu’elle pouvait aussi faire partie des trois sacrifices dont le destin semblait déjà scellé…
- Qui va mourir ? finit par articuler Meira Lynn.
- Je ne le dirai pas, répondit Jonas avant d’enchaîner pour couper court à l’indignation qui se lisait sur le visage de ses interlocuteurs. Je ne me tairai pas pour le plaisir de vous torturer l’esprit. Mais si je révèle ces noms ici et maintenant, cela pourrait changer irrémédiablement le futur et anéantir toute chance de victoire...
- Je ne comprends pas… marmonna Triss avec un agacement croissant pour les phrases énigmatiques du devin. Ne pouvons-nous pas nous servir de ces informations justement pour éviter qu’il y ait des morts ?
- C’est impossible, princesse. Sinon bien plus ici périront. Comme je l’ai dit, ces victimes sont nécessaires pour que le plus grand nombre puisse s’en sortir. J’ai fait mon possible pour trouver un moyen de limiter au maximum les sacrifices. Néanmoins au bout du compte, il y aura toujours un prix à payer, et cette fois il sera élevé…
- Je pense que nous avons quand même le droit de savoir ! protesta Meira Lynn.
- Qui peut me garantir avec certitude que l’annonce de sa mort imminente ne le fera pas flancher ? répliqua Jonas en les regardant tous à tour de rôle. Qu’en apprenant la mort de l’un de ses proches, il ne fera pas tout ce qui est en son pouvoir pour l’éviter, même si cela signifie condamner tous les autres en même temps ? Dans le même sens, ceux qui n’entendront pas leur nom pourraient finalement mourir en prenant trop de risques par excès de confiance… Pour que mon plan fonctionne, j’ai besoin que vous tous ici présents fassiez tout ce qui est en votre pouvoir pour survivre en donnant le meilleur de vos capacités. Vous devez certes être conscients du danger et des sacrifices à venir, mais cela ne doit pas affaiblir votre résolution à suivre…
Il marqua une pause lourde de sens, avant de poursuivre :
- Mon pouvoir ne me permet pas de créer le futur ; je suis simplement capable d’entrevoir toutes les éventualités réalisables et d’influencer l’avenir par mes actes pour essayer d’obtenir celui qui me convient le mieux. Tous ceux qui vont mourir, incluant les trois personnes ici présentes, ne peuvent être sauvés. Soit nous mourrons tous, soit nous acceptons ce sacrifice. Je vous ai réunis ici pour une raison bien précise : chacun d’entre vous possède un courage et une volonté de fer qui ont forgé en vous des survivants… et, pour la plupart, des chefs que les autres suivent et respectent. Ce seront avant tout vos actes qui détermineront le destin de tous. Alors si vous voulez survivre, vous allez devoir porter ce fardeau en toute connaissance de cause, et suivre mes directives à la lettre, même en sachant que cela risque de vous mener à votre propre mort…
- En somme, tu souhaites devenir notre commandant, démon, résuma Gralgir-Khan avec une pointe d’ironie.
Jonas soutint le regard du nirgaën.
- Oui, déclara-t-il d’une voix égale. Je sais que chacun d’entre vous a ses objectifs personnels, et que nous nous serions déjà entretués si nous n’étions pas confrontés à la même situation précaire. Mais nous allons devoir agir d’une seule voix si nous voulons survivre, et pour y parvenir il n’y a qu’un choix possible. Je suis loin d’être le plus puissant ici, ni même sans doute le meilleur leader… mais à l’heure actuelle, je suis le seul qui puisse nous sortir de là. Sans mes pouvoirs, ni la puissance de Voldra qui n’écoutera que moi, vous êtes tous condamnés... Et pour que mon plan fonctionne, il faut que notre hiérarchie soit claire : je donne les ordres, vous obéissez.
Le devin écarta les bras, comme pour indiquer qu’il avait terminé.
- C’est tout ce que je peux dire pour vous convaincre, acheva-t-il. Pour le reste, le choix vous appartient : remettez votre destin entre mes mains, ou bien tentez de suivre votre propre chemin… C’est à vous de décider.
Le silence s’alourdit tandis que la tension étouffait l’atmosphère. Personne n’osait prendre la parole. Angoissée, Triss se rendit compte que ses mains tremblaient. Elle avait confiance en Jonas… mais pouvait-elle vraiment lui obéir aveuglément, même si cela signifiait que ses proches risquaient d’y perdre la vie ? La jeune fille n’avait aucune envie de porter d’autres deuils sur ses épaules… Et rien ne disait qu’elle ne mourrait pas aussi. La peur la saisit. Allait-elle tomber alors que se profilait enfin devant elle un avenir heureux, avec Sheamon et Philippa ? Serait-ce l’ultime farce du destin pour sa vie teintée de tragédie ?
Elle restait là à trembler, incapable de prononcer un mot, quand soudain Sheamon s’avança :
- Je suis d’accord, déclara-t-il d’une voix forte. J’ai confiance en toi, devin.
Jonas le remercia silencieusement de la tête. Suivant son maitre, Ryku sauta sur son épaule et se frotta contre son visage.
- Moi aussi, enchaina presque aussitôt Philippa, à la stupéfaction de Triss. C’est notre seule chance, de toute manière.
Il se tournèrent tous les deux vers Triss, la même volonté de combattre brûlant dans leurs yeux. Celle-ci réalisa alors que l’idée de mourir ne les affectait pas ; ils s’en moquaient complètement. Ils ne se battaient pas pour eux-mêmes, mais pour elle, quitte à donner leur vie afin qu’elle puisse survivre. Les larmes montèrent aux yeux de Triss, qui pourtant les retint en se traitant intérieurement d’idiote. Reculer à ce stade aurait été comme les condamner tous, en niant de surcroit les sacrifices de ceux qui étaient déjà morts. Elle n’avait pas le droit de flancher. La jeune fille inspira profondément, puis fit un pas en avant à son tour.
- J’en suis aussi ! affirma-t-elle sans trembler.
Un sourire de fierté éclaira les visages de Philippa et de Sheamon. Ce fut ensuite au tour de Naru d’intervenir :
- Je… Moi aussi ! s’écria-t-elle. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour faire fonctionner le Monolitik ! Non… Je vais réussir, c’est certain !
Gralgir-Khan émit un grondement de dédain :
- Le jour n’est pas encore venu où moi et ma meute laisseront des gamines livrer bataille à notre place ! lâcha-t-il. Nous joindrons nos forces aux vôtres.
- Vous pouvez également compter sur nous, renchérit Malny. Nous vous serons éternellement reconnaissants, messire Perceval, messire Wave. Si nous devons résister à vos côtés pour notre liberté, ce sera un honneur. Tous mes camarades en état de se battre vous accompagneront.
- J’accepte aussi, lança Abraham, non sans jeter un coup d’œil à Meira Lynn et Zelrinn, impassibles. Ils n’exprimèrent aucune réaction à sa décision, si ce n’est que Triss eut l’impression de voir la mâchoire de la première se contracter légèrement.
Triss tourna alors la tête vers Liam et Syana. Inquiète, la lamia observait le visage impassible de son maitre, n’osant prononcer un mot. Enfin, l’exorciste haussa les épaules.
- Nous sommes allés trop loin pour reculer maintenant, laissa-t-il tomber, son regard fixé sur Sheamon. Je fais confiance à Monsieur Perceval pour nous aider à quitter cet endroit. Ce qui suivra en revanche…
Il laissa sa phrase en suspens, tandis que le visage de Syana se fendait d’un bref sourire à l’intention de Triss. Malgré ses intentions belliqueuses envers Sheamon, l’exorciste avait accepté l’autorité de Jonas. Mais il restait encore deux personnes à convaincre…
Meira Lynn et Zelrinn ne s’étaient toujours pas prononcés, et leur expression ne donnait aucun indice sur leurs intentions. Zelrinn gardait obstinément les yeux fixés au sol, et le regard de Meira passait de Sheamon à Triss. La jeune fille serra les poings. Mis à part Abraham, Meira Lynn commandait aux autres anges qui l’accompagnaient, et s’ils avaient la même loyauté que Zelrinn à son égard, tous la suivraient quoi qu’elle décidât. Si elle renonçait, ils perdraient une alliée de poids et un nombre conséquent de combattants efficaces…
- Je n’ai aucune confiance en ce démon, pouvoir de divination ou pas, finit-elle par déclarer avec une pointe de dédain avant de se tourner vers Sheamon Wave. Et surtout pas en toi, renégat…
Elle inspira à son tour, avant de terminer à contrecœur :
- Mais je serais inapte à assumer le commandement de mes soldats si je ne voyais pas le mur sur lequel nous risquons de nous écraser. Le devin a raison ; l’union sera nécessaire si nous voulons survivre à cette épreuve. Alors, ainsi soit-il.
Triss fut soulagée et s’autorisa à respirer de nouveau. Elle remarqua que si Zelrinn conservait une expression impassible, ses poings étaient serrés de rage…
- Excellent ! approuva Jonas en attirant l’attention de la jeune fille, un demi sourire satisfait sur le visage. Permettez-moi de vous dire tout d’abord que je suis honoré de la confiance dont vous m’avez gratifié. Je vous promets d’en être digne.
Il ajouta d’un ton moqueur :
- Et, à titre personnel, j’avoue que je suis fier que vous m’ayez choisi comme commandant en chef de notre alliance. C’est un peu un rêve de gamin qui se réalise, vous comprenez ? J’ai toujours souhaité devenir un général… Si cela ne vous dérange pas, j’aimerais que vous vous adressiez à moi en tant que « Général Perceval », ou alors « Votre Excell… »
- Abrège, ou je vais finir par le regretter, grommela Sheamon.
- … Ce que je voulais dire en fait, c’est que maintenant que nous nous sommes tous mis d’accord, il est grand temps d’organiser l’accueil de nos futurs invités. Ils ont parcouru un immense chemin pour venir nous voir… alors il est normal de les recevoir avec les honneurs qui leur sont dus.
Le sourire démoniaque de Jonas s’accentua.
- Nous allons leur donner une réception qu’ils n’oublieront pas de sitôt… lâcha-t-il avec une once de folie dans le regard qui fit frémir Triss.
A suivre...
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