Une disparition
Gaillac, mercredi 23 janvier
« Mon adjudant, il y a à l’accueil une personne qui voudrait signaler une disparition.
— Un enfant ? demanda la voix au bout du fil.
— Non, je crois qu’il s’agit de voisins.
— Bon, j’arrive, consentit l’adjudant. »
La femme alla s’asseoir sur une chaise un peu bancale comme le planton le lui avait suggéré. Elle parcourut du regard les affiches de recrutement avant de s’intéresser aux avis de recherche. La plupart étaient très anciens, des enfants et des jeunes filles surtout. Elle se demanda une nouvelle fois si elle avait bien fait de se déplacer. Son mari lui avait bien dit qu’elle s’inquiétait pour rien. Ses pensées furent interrompues par l’arrivée d’un homme de grande stature en uniforme bleu.
« Adjudant Feller, voulez-vous me suivre dans mon bureau ? »
Le gendarme lui proposa de s’installer en face du bureau et prit place de l’autre côté.
« Alors, on me dit que vous voulez signaler une disparition. De qui s’agit-il ?
— C’est mes voisins, commença la femme, intimidée. Ça fait plus d’une semaine qu’on ne les a pas vus.
— Ils sont peut-être partis en voyage ? proposa l’adjudant.
— Non, je ne crois pas, quand ils partent, ils nous préviennent et nous laissent la clé.
— Ils l’auront peut-être confiée à quelqu’un d’autre !
— Ils n’auraient pas laissés les animaux dans la maison.
— Qu’est-ce qui vous faire dire ça ?
— Depuis plus de trois jours le chat vient roder derrière nos fenêtres en miaulant. Je lui ai donné à manger, il avait l’air affamé. Et puis il y a le chien, d’habitude il est dans le jardin durant la journée, mais là, je crois entendre aboyer à l’intérieur.
— Vous avez vu leur voiture ?
— Ils ont un grand garage derrière la maison, et ils la rentrent toujours, celle de la dame aussi. Vous savez, on les croise régulièrement, dans le quartier ou chez les commerçants, mais là, rien.
— Normalement, on ne s’inquiète pas pour ce genre de situation, mais je vais quand même envoyer une patrouille pour jeter un coup d’œil. Pouvez-vous me donner le nom et l’adresse de ce couple ?
— Oui, bien sûr, c’est Kevin et Julia Martinez, ils doivent avoir à peu près quarante ans. Je sais que le mari travaille à Albi. L’adresse c’est : 72, chemin de Duras, à Lagrave.
— Je vous remercie, nous allons y passer durant notre prochaine ronde. Voulez-vous me laisser votre nom et vos coordonnées pour que nous puissions vous tenir informée de nos investigations et vous rassurer? ?
— Oui, bien sûr, je vous remercie Monsieur.
— Adjudant Keller. »
La femme partie, le gendarme appela deux de ses hommes.
« Une femme vient de nous rapporter qu’elle n’a pas vu ses voisins depuis plus d’une semaine, ce qui lui parait anormal. Elle pense que des animaux pourraient être laissés à l’abandon. Voici l’adresse, c’est à Lagrave, pouvez-vous aller jeter un œil lors de votre prochain passage dans ce secteur ?
— Oui, bien entendu, nous pouvons aller faire un tour dans l’après-midi.
— Parfait, ils sont sans doute juste partis en vacances, mais autant être fixés.
— Vous avez raison, et puis on ne peut pas laisser les bêtes sans nourriture.
— Parfait, tenez-moi au courant à votre retour. »
La nuit commençait à tomber quand le maréchal des logis se présenta dans le bureau de l’adjudant.
« Comme vous l’avez demandé, nous sommes passés à Lagrave, à l’adresse indiquée. La propriété n’était pas complètement close. Le portail n’était pas verrouillé et nous sommes rentrés dans le jardin. Le garage non plus n’était pas fermé et nous avons constaté l’absence d’un véhicule. Les volets sur l’arrière de la maison n’étaient pas fermés et nous avons pu distinguer un animal à l’intérieur, un chien du genre berger, à poils longs, je ne suis pas spécialiste. Il est venu aboyer derrière les carreaux, assez excité à mon avis. Nous avons sonné, sans réponse, et la porte d’entrée est fermée à clé. Que voulez-vous que je fasse ? On peut prévenir les pompiers.
— Si ses maitres sont partis depuis dix jours, cette pauvre bête doit mourir de faim et de soif. Le chat a plus de chance, il peut sortir par la chatière, mais le chien, lui, est prisonnier. Faites le nécessaire, prévenez la SPA s’il le faut. Moi, je vais me renseigner sur les propriétaires de la maison. »
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