Début de procédure

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Gaillac, mardi 29 janvier

Après avoir écouté le rapport de Laurent Ducros, l’adjudant Keller avait décidé de poursuivre les recherches afin de comprendre les raisons de la disparition du couple lagravois. Les éléments en sa possession étant un peu juste pour motiver le parquet et lancer une procédure judiciaire, il décida de contacter l’employeur de Kevin Martinez. Il n’eut pas trop de mal à identifier l’entreprise Johnny Clark, une grosse PME spécialisée dans le commerce de vêtements, dont l’homme disparu était répertorié comme directeur financier.

Ce n’est qu’après de longues minutes d’attente que Keller réussit à parler au directeur général.

« Adjudant Keller, gendarmerie de Gaillac, vous êtes bien le patron de l’entreprise Johnny Clark ?

— Je suis le directeur général, oui, Marc Devault. En quoi puis-je vous être utile ?

— Vous employez bien Monsieur Kevin Martinez en tant que directeur financier ?

— Oui, c’est exact, mais pour être franc avec vous, ça fait déjà quelques jours que nous ne l’avons pas vu. Un peu plus de deux semaines en fait.

— Il vous a donné un motif pour cette absence ?

— Non, rien, pas même un mail. Je dois vous dire que nous sommes sérieusement gênés, nous arrivons à la fin du mois et il y a beaucoup de travail pour le service Finances.

— Vous avez cherché à le joindre ?

— Oui, bien sûr, mais il ne répond pas au téléphone, j’ai même tenté de joindre sa femme, mais sans succès.

— Il a un portable professionnel ?

— Oui, je vais vous donner le numéro.

— Je vous remercie. Kevin Martinez travaille pour vous depuis combien de temps ?

— Je ne me souviens plus avec précision, mais je dirais au moins six ou sept ans. Il est arrivé comme responsable de la comptabilité et quand Monsieur Dulac est parti à la retraite, il y a deux ans, je lui ai proposé de reprendre son poste. Nous n’avons jamais eu le moindre souci.

— Lui est-il déjà arrivé dans le passé, de s’absenter ainsi, quelques jours, sans motif valable ?

— Non, jamais, ce n’est pas un comportement que j’accepterais.

— Dans ce cas, est-ce que vous pourriez qualifier cette absence comme une disparition inquiétante ?

— Ce n’est pas un comportement normal, c’est certain, il a dû se produire quelque chose, un accident peut-être, d’ailleurs, pourquoi m’appelleriez-vous sinon ?

— Vous avez raison, les voisins des Martinez nous ont avertis de leur absence prolongée et comme ils ont abandonné leurs animaux sans soins, nous cherchons à les localiser. »

Renforcé par la déclaration de Marc Devault, Keller se décida à appeler le parquet d’Albi. L’adjudant ne souhaitait pas déranger le procureur en personne pour une affaire encore mineure. Il préféra contacter l’une des substitutes, Laura Marques, avec qui il avait déjà travaillé sur plusieurs affaires et qui était devenue une amie.

« Bonjour Laura, j’espère que je ne te dérange pas, c’est Marc Keller, de la gendarmerie de Gaillac.

— Non, non, pas de problème Marc, qu’est-ce qui me vaut le plaisir de t’entendre ?

— Et bien, je préférerais que ce soit plus agréable, mais j’ai un cas de disparition inquiétante qui nous a été rapporté. Un couple, disparu depuis un peu plus de deux semaines, ce sont les voisins qui nous ont alertés. J’ai également parlé à l’employeur du mari, qui n’a pas eu de nouvelles non plus. De plus, la voiture du couple a été abandonnée à Toulouse le 14 janvier. Ça fait tout de même pas mal d’indices concordants. Je souhaiterais pouvoir approfondir les recherches. Le couple pourrait avoir participé à une soirée dans un appartement loué pour le week-end, à l’adresse où on a retrouvé le véhicule.

— En effet, ça dépasse la simple escapade, je suppose que tu voudrais que je te saisisse pour que tu puisses agir dans les règles.

— Oui, l’appartement en question est loué au travers d’Airbnb ou un truc du même genre, il y a une boite à clé dans l’entrée de l’immeuble. Sans ton aval, je ne pourrai rien entreprendre.

— Je vais en parler au procureur, pour le principe, mais je pense qu’il ne s’y opposera pas. Tu peux avancer, je t’enverrai un mail dans la journée. »

L’adjudant raccrocha, satisfait. Il lui fallait maintenant identifier le propriétaire de l’appartement de la rue Monplaisir et obtenir le nom de la personne qui l’avait loué le week-end du 14. Il savait que l’approche directe risquait d’aboutir à une fin de non-recevoir, les plateformes de ce type étant particulièrement opaques. Il préféra agir sans se dévoiler. Après quelques recherches au travers de sites de réservations hôtelières, il réussit à retrouver l’annonce proposant la location du logement et fit une demande de réservation. En parallèle, il prit contact avec le service du cadastre de la mairie pour croiser les informations. Il ne lui restait plus qu’à attendre qu’un poisson vienne mordre à l’hameçon.

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