Perquisition

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Lagrave, jeudi 6 février

Le froid était particulièrement vif à neuf heures lorsque les gendarmes et la substitute Laura Marques se présentèrent devant la maison des Martinez à Lagrave. Le Parquet n’avait pas hésité lorsque l’adjudant Keller avait rapporté le résultat de ses démarches auprès du dentiste et de Carmes FM. Il était indispensable de déterminer par quel canal le couple s’était retrouvé à Toulouse ce samedi là, et le gendarme espérait bien trouver des réponses à l’occasion de cette perquisition. Lorsque le serrurier fut sollicité pour ouvrir la porte d’entrée, Laurent Ducros fit remarquer, un peu gêné, qu’il n’était pas nécessaire de forcer la serrure, puisqu’il avait lui-même cassé un carreau sur l’arrière, pour secourir le chien quelques jours plus tôt. Personne ne trouva à redire et le petit groupe fit le tour de la villa. Ducros écarta le volet qu’il avait fermé de l’extérieur et passa la main par la fenêtre endommagée. Il était évident que personne n’était revenu dans ces pièces depuis plusieurs jours. Le chauffage était toujours en marche et l’électricité disponible, mais une forte odeur se dégageait de la cuisine. Keller ouvrit la fenêtre et identifia rapidement la poubelle, comme source des effluves.

« Est-ce que l’un d’entre vous peut sortir cette horreur ? demanda la magistrate. Nous l’examinerons plus tard si nécessaire. »

Le gendarme Marchand s’acquitta de la mission.

« Bien, je suppose qu’on va s’intéresser au courrier et aux ordinateurs, s’il y en a, ajouta Laura Marques, satisfaite.

— Il y a une pile de prospectus, mais pas de correspondance, répondit Keller après avoir parcouru les documents sur un coin du plan de travail. Les Martinez n’ont pas d’enfant, il y a sûrement une chambre qui leur sert de bureau. »

Le petit groupe parcourut rapidement les différentes pièces de la maison. Elle n’était pas particulièrement rangée, des vêtements avaient été laissés sur le dossier de chaises et même sur le lit. Dans le salon, des verres étaient restés sur la table basse.

« Ce n’est pas dans cet état que je laisserais mon intérieur si je devais m’absenter longtemps, commenta la substitute.

— Je suis d’accord, répondit Keller, par ailleurs, la maison a l’air bien tenue. Ils avaient sans doute prévu de rentrer rapidement.

— Regardez ! lança Ducros qui fouillait les tiroirs de la commode. On dirait qu’ils aimaient bien s’amuser. »

Keller et Marques s’approchèrent. Dans le tiroir, plusieurs sex-toys côtoyaient une boite de jeu érotique ainsi que des sous-vêtements et accessoires de plaisir.

« On dirait qu’ils aimaient bien les jeux coquins, commenta Ducros.

— Ça conforte l’hypothèse d’une soirée libertine, conclut l’adjudant.

— J’ai trouvé l’ordinateur, lança Marchand d’une autre pièce. Il n’est pas verrouillé. »

Les enquêteurs quittèrent la chambre du couple pour se rendre dans la pièce voisine. Une petite chambre avait effectivement été aménagée avec un ensemble d’étagères et un grand plan de travail. Des livres, des photos du couple, posant dans différents environnements, résumé de leurs voyages sans doute et au milieu, un ordinateur de bureau équipé d’un grand écran fixé au mur. Posé au sol, une sacoche contenait un autre ordinateur, portable celui-là. L’ordinateur du travail, pensa Keller.

« Tu as jeté un coup d’œil ? demanda l’adjudant à son jeune subordonné.

— Non, pas encore, j’ai juste appuyé sur une touche, et il a affiché l’écran de connexion. Il n’y a pas de mot de passe.

— Très bien, on va regarder rapidement, et on demandera ensuite à nos spécialistes de l’examiner en profondeur. »

Marchand appuya sur la touche Entrée. L’écran s’ouvrit sur plusieurs fenêtres restées ouvertes. L’une d’elle affichait un itinéraire pour se rendre à Toulouse, rue Monplaisir. En arrière-plan, une autre fenêtre proposait l’écran de connexion d’un site nommé Le Réseau Rose.

« Tu peux y entrer ? demanda Keller. »

Le jeune gendarme fit une tentative.

« Non, il faut un identifiant et un mot de passe, je préfère ne pas insister, on risque de tout bloquer.

— Qu’est-ce que ça vous inspire ? demanda l’adjudant à la parquetière.

— La même chose que vous, je suppose. Un site de rencontres pour couples à la recherche d’aventure. Essayez d’en savoir plus sur ce site. En fait de rencontre, ce couple semble en avoir fait une mauvaise ! Fouillez tous les papiers, sans oublier la corbeille, ils ont peut-être noté le mot de passe quelque part.

— Vous n’avez pas trouvé de téléphone ? demanda l’adjudant à ses hommes.

— Non, il y a des chargeurs et des câbles, mais pas d’appareil. Au vu du connecteur, je pense qu’ils avaient des Iphone.

— Vous avez essayé de les localiser ? demanda Laura Marques.

— Oui, bien sûr, répondit Keller, ils ont cessé d’émettre dans la nuit du 14 au 15 janvier. Le dernier bornage était à proximité du quartier du Busca. Pas loin de la rue Monplaisir.

— Qui éteint délibérément son portable en pleine nuit ?

— Panne de batterie, suggéra Ducros.

— Possible pour un, mais pas pour deux.

— Ou alors ils sont dans le canal, suggéra la substitute. Il nous faut envisager que les Martinez n’ont pas délibérément disparu. Si quelqu’un les a enlevés, il a voulu se débarrasser rapidement des téléphones, qui pourraient les localiser.

— C’est nécessairement quelqu’un qui participait à cette soirée, je ne crois pas trop à un enlèvement fortuit, ajouta l’adjudant.

— Messieurs, débrouillez-vous comme vous voulez, conclut Laura Marques, mettez la pression sur ce dentiste s’il le faut, mais je veux les noms de tous ceux qui étaient présents le 11 ! »

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