Carlos, déshydraté, émerge de la couette pour un pressant besoin d’uriner. Tâtonnant dans le noir des toilettes du sous-sol, il renverse le seau d’eau d’urgence prévu pour les pannes fréquentes du sanitaire. Tant pis, il se lavera à l’étage.
Quand Carlos s’est présenté à l’embauche, SDF, le bon cœur de Roméo a craqué ; connaissant le côté humanitaire du Patron, « lui aussi parti de rien », affirme-t-il à tout bout de champ pour galvaniser ses troupes, il a donné le feu vert pour aménager une chambrette « provisoire », le temps pour Carlos de se trouver une chambre à prix abordable. Julie, Elodie, Emma et Madame Nicole, mises dans le secret, étaient enthousiasmées par la présence constante du « beau ténébreux aux yeux de braise », athlétique, tout sourire, qui ramenait régulièrement aux filles des petits gâteaux sucrés venant de la pâtisserie grecque d’en face, et de jolis bouquets de fleurs pour « Madame » Nicole, elle qui n’en recevait que rarement. Tout cela faisait passer son côté « à l’ouest », sa distraction, et son apparente indifférence aux avances au beau sexe.
Seule, et pour cause, la redoutable « Frau Krieg » restait dans l’ignorance du complot.
Carlos arriva en cuisine à 7 h pile, affublé d'un bonnet rouge Jacques-Yves-Cousteau qui fit s'esclaffer Elodie : " C'est parti pour le Grand Bleu", dit-il en piochant dans les patates.