À l'orée des bois, vivaient un menuisier et sa femme. Les deux époux s'étaient rencontrés, quelques années plus tôt, en plein cœur de la forêt.

Anton avait passé la journée à sillonner les sentiers à la recherche des plus belles essences de bois, qui, une fois passées entre ses mains expertes, se transformeraient en pures merveilles. Il ne se lassait jamais d'effleurer l'écorce rugueuse des arbres, de suivre les nervures saillantes de leurs troncs, de respirer ce parfum corsé et résineux qui se mélangeait si subtilement, selon les saisons, à l'odeur terreuse de l'humus ou à la senteur humide des feuilles. Fasciné par la beauté de ce lieu qu'il redécouvrait chaque jour sous un œil nouveau, il s'était laissé envelopper par l'obscurité qui transformait sa forêt en antre sombre et mystérieuse.

Alors qu'il rebroussait chemin, des sons cristallins s'élevèrent au-dessus de la canopée. Attiré par ces notes divines, il parvint jusqu'à la source de cette douce mélodie. Anton fut subjugué par la vision céleste qui s'offrit à lui.

Assise sur la margelle d'un puits, une jeune femme drapée d'une longue robe en dentelle chantait sa cantilène. La lune rousse illuminait ses cheveux dont les boucles dorées miroitaient sur ses épaules dénudées. Sur le haut de sa tête trônait une couronne tressée de petites fleurs des bois. Elle se retourna vers Anton pour lui offrir un sourire empli de cette même douceur qui luisait dans ses yeux clairs. On aurait dit une étoile au milieu de la sylve enchantée. Ce jour là, Anton se promit de chérir cette beauté lunaire si toutefois elle acceptait de devenir sienne.

De l'étreinte passionnée entre cet amoureux des arbres et cette fée des bois, naquit une enfant d'une beauté sans pareille.
Arrivée en même temps que le printemps, cette petite fleur hérita des boucles de ses parents et de la couleur brasillante de la douce lune de mai. Son teint de porcelaine reflétait la pureté de son âme et l'éclat de ses yeux étincelait comme de la poudre d'étoiles.
Enivrée par le parfum boisé de son papa et bercée par les contes fabuleux de sa maman, la petite Hanaé grandit au milieu de cette Nature chaleureuse dont elle tomba vite amoureuse.

Aux côtés de sa maman, elle allait tantôt ramasser des champignons, tantôt cueillir des plantes sauvages qui leur servaient à concoter des onguents ou des tisanes. C'était chaque fois l'occasion de partager les multiples secrets de la Nature tout en puisant dans les vieilles légendes.
Ces histoires fabuleuses que lui racontait Sélène était la source intarissable de son imagination et de sa créativité.

Chaque soir, assis devant l'âtre de la cheminée, Anton et Sélène observaient avec amour et fierté le spectacle merveilleux que leur offrait leur fille. Anton avait confectionné des petites statuettes de bois, en veillant à représenter à la perfection, chacune de ces figures fantastiques qui peuplaient l'univers féerique de Sélène et Hanaé. Éclairée par la lueur flamboyante des bûches crépitantes, la petite faisait tournoyer les statuettes de bois et rejouait ses légendes préférées. Après quoi, Hanaé se mettait au lit, bordée par la douceur de sa mère qui s'allongeait tout près d'elle pour la couvrir de baisers et l'envelopper de sa chaleur protectrice.

• S'il te plait Maman, raconte-moi l'histoire de la fontaine enchantée !