Vive la cour !

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Nicolas est sidéré. Serait-il dans le livre lui-même ? Si c'est le cas, c'est la faute à pas de bol. Il a l'impression d'être dans une quatrième perdu et il se sent perdu. Que doit-il faire ? où aller ? Suite à la demande du duc, il n'a pas d'autre choix. Nicolas est donc emmené à la suite du Duc de Berry, de toute façon il n'a pas d'autre choix. Pour accentuer son état de futur bouffon, il est transporté sur un âne qui semble être encore plus paumé que lui. Sophie doit horriblement s'inquiéter à cette heure ci et remuer ciel et terre pour le retrouver dans le Musée. Si elle savait où il se trouve à l'heure actuelle...

Après plusieurs heures de chevauchée, le Duc ordonne une pause. Nicolas n'arrête pas de l'entendre dire :

- nous devons être rentrés à Paris avant la tombée de la nuit !

Environ vingts bonnes minutes plus tard, le groupe reprend la route. Nicolas est épuisé mais il se sent bloqué. Il ne peut rien faire. Le Duc a l'air bien décidé à le garder auprès de lui et d'en faire sa "bête de foire". Faire rire les gens et raconter des histoires grivoises ne devrait pas être très compliqué mais étant donné qu'on lui a affilié le statut de bouffon, le quadragénaire va devoir réfléchir correctement au moyen de procéder.

Ils finissent par arriver aux portes de la capitale, vieille ville qui n'a rien à voir avec celle de 2025. Le Duc et sa troupe de cavaliers s'installent à l'hôtel que ce dernier a eu en cadeau de la part de son neveu, Charles le Sixième. le pauvre roi, encore en pleine jeunesse, déraille de plus en plus. Ses humeurs et son état ne cessent de changer. Nicolas a vaguement entendu parler de la folie de Charles VI dans des livres d'histoire, mais selon lui, la maladie du souverain, que le Duc de Berry ressasse très souvent aux autres cavaliers, s'apparenterait plutôt à de la schizophrénie. Or,ce terme psychiatrique n'est pas connu en ce temps-là. Le Duc sait qu'il devra rendre visite à son neveu même s'il n'aime pas particulièrement le voir en pleine apathie.

A l'entrée de l'hôtel, le Duc de Berry s'approche de Nicolas et lui dit sur un ton on ne peut plus ferme:

- Toi, tu logeras avec les autres serviteurs mais tu n'obéis qu'à moi. Dès que j'aurai besoin de ta présence, tu viendras.

Entouré de deux gardes, Nicolas est conduit aux cuisines du grand hôtel. Il ne saurait dire à quelle période de l'année il se trouve mais au vu de la température assez chaude, il pencherait plutôt pour la fin du mois de Juin. Et pour la date, le livre qu'il a vu au Musée parlait des années 1400 et quelques - il ne s'en souvient plus exactement - il en conclut à une soirée au XVème siècle. Notre protagoniste n'a envie que d'une chose, ou plutôt deux : manger et dormir. Il aura toute l'occasion de se comporter en bouffon les jours qui vont suivre.

Quatre jours plus tard, Nicolas, affublé d'un costume qu'il qualifie de ringard mais aussi utile, apprend à user de stratagèmes pour faire rire le Duc de Berry et sa cour, que ce soit en privé ou lors de fêtes somptueuses. En attendant, il sait que ses chances de pouvoir revenir à son époque s'amenuisent. Pourquoi ? Car, non seulement il n'a pas le temps d'y réfléchir mais en plus il ne dispose d'aucun moyen. S'il y avait un enchanteur susceptible de l'aider comme dans le film Les Visiteurs, ce serait génial... Mais le contexte dans lequel il se trouve semble bien réel. Les personnes autour de lui, les costumes, les lieux, les odeurs, toute cette fourmilière médiévale qui gravite autour de lui. Et en observant bien, notre homme commence à trouver la situation presque intéressante, voire excitante. Lorsqu'il est avec le Duc de Berry, certes, il est très inquiet de ce qui pourrait lui arriver. Mais il parvient peu à peu à mieux connaître ce personnage très haut placé à la cour du roi. Et en parlant de ce dernier, Nicolas ne l'a toujours pas rencontré mais serait-ce une bonne idée à cause de sa maladie ?

Même le Duc laisse deviner une légère méfiance à l'égard de son neveu, renforcée par une profonde irritation. Lorsque le roi n'est pas en capacité de gouverner ? Pas son oncle malheureusement mais tout le conseil avec la reine Isabeau de Bavière en tête. Au ton du Duc, on sent qu'il n'aime pas spécialement cette jeune bavaroise, mal accoutumée aux usages de la cour de France et un peu (trop) proche de Louis d'Orléans, le frère du roi. Nicolas semble fasciné par tous les propos du Duc, tout en restant à sa place de bouffon. Faire rire c'est la clé.

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