Chapitre 35 : Derniére danse.

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Les élèves arrivaient tour à tour dans un défilé de voitures luxueuses au point de rendez-vous. La façade du bâtiment resplendissait de voiles transparents et des fameuses guirlandes de fleurs qu’ils avaient pris tant de temps a confectionné. La décoration était chargée, romantique, tape-à-l’oeil, mais grandiose.

Pour leur dernière année, les étudiants de Saint-Clair avaient voulu donner le paquet, tant dans les préparations que dans leur tenues de bals.

Elliot avait prit soin de faire confectionner une robe sur mesure pour Alice vu son gros ventre rond. Le couple Fast faisait des jaloux, tandis que les autres Richess se tenaient un peu plus à carreaux. Michael et Eglantine, chacun avec leurs partenaires respectaient inconsciemment une distance de sécurité. Quant à Katerina et son compagnon, ils firent tourner la tête à plus d’une personne. Séduisants, ils saluèrent les autres couples chaudement.


En retard, la limousine argentée de Chuck déboula enfin dans la cour, attirant le regard des curieux. Son chauffeur se dépêcha de leur ouvrir et comme d’habitude, le jeune Ibiss avait beaucoup de classe. Étonnamment, il ne portait pas un costume à son effigie, Pris s’étant accaparer de son mauve. Elle s’accrocha à son bras, dans une magnifique robe violette qui faisait ressortir davantage son côté malicieux. Lorsque le couple s’aventura prêt de l’entrée, Marry se précipita sur son ex, le suppliant presque d’éloigner Pris cinq minutes. Celle-ci rechigna à partir, mais se vengea en faisant la belle auprès des meilleurs partis de Saint-Clair.

  • Tu es magnifique, la complimenta Chuck dès qu’elle fut partie.

Marry avait opté pour une robe digne d’une princesse, bleu marine et avait glissé quelques diamants dans ses cheveux.

  • Je le sais, ce n’est pas la question ! Ou étais-tu ? Nous t’avons attendu toute la journée !
  • J’ai eu quelques empêchements…
  • Eh bien, nous aussi ! À cause de ton absence, ça a vraiment été compliqué de trouver quelqu’un de compétent pour me seconder ! Je pensais au moins que tu voudrais le faire jusqu’à… ce que le bal soit fini, avoua-t-elle.
  • Moi aussi j’aurais voulu passer encore un peu de temps avec toi, la taquina-t-il.
  • Chuck, ça suffit, et où est Dossan ? Nous devions tous nous rejoindre pour vingt-heure.
  • Il ne viendra pas, c’est ce dont je te parlais, nous avons eu quelques détails à régler…
  • Comment ça ? Il y a un problème ? Est-ce que ce détail fait référence à Blear ? le harcela-t-elle en lui découvrant un sourire en coin.
  • Possible, oui, mais chut, fit-il en déposant un doigt sur ses lèvres. C’est tout ce que tu avais à me dire ? Il s’agit de notre dernière soirée, de la fin de notre coopération, tu ne voudrais pas qu’on partage une danse ?
  • Avec ton chien de garde, je ne vois pas comment ce serait possible, s’agaça-t-elle en roulant des yeux. Un verre fera l’affaire, dit-elle en pointant le bar du doigt.
  • Juste un alors, je ne voudrais pas craquer sous l’effet de l’alcool, ricana-t-il.
  • Voyons, je n’ai pas besoin de ça pour te rendre ivre, lui souffla-t-elle à l’oreille. Sur ce, amuse-toi bien avec ta marquise, gloussa-t-elle avant de rejoindre William qui les dévisageait sévèrement.

La soirée débutait, la salle angélique se remplissant de plus en plus de monde, le tout dans une ambiance orchestrale. Les musiciens jouèrent de la musique douce durant toute la première partie de la soirée, pour laisser place à un boucan dansant par la suite. Les jeunes s’amusaient sur la piste, fêtaient leur dernier moment en tant qu’adolescents en se réfugiant dans l’alcool. Je me surprenais de tant de “débauche”, du moins ce qu’on pouvait en dire pour les étudiants de Saint-Clair. En tant que chaperonne, je vérifiais qu’aucun d’entre eux ne cèdent aux excès, à l’aide de deux trois collègues, classés de “cool” par les élèves.

Il fut difficile de retirer ma casquette de psychologue en découvrant quelques comportements qui aurait mérité plusieurs séances dans mon bureau. “Reste calme”, me convaincs-je de ne pas leur gâcher cette soirée. Il n’en restait pas moins que j’avais encore un rôle à jouer pour les Richess. Le grand blond qui servait de compagnon à Eglantine arrêta de la faire tourner pour remplir leurs verres. Elle rigolait pleinement, les pommettes rougies par la boisson et me fit un grand sourire en me voyant l’observer. Je la vis alors sautiller jusque sa sacoche de laquelle elle sortit une lettre, puis s’aventura jusque moi pour me saluer.

  • J’ai ceci pour vous, me dit-elle en me tendant la lettre.
  • Je suis curieuse, c’est une copie ou l’original ? demandais-je en y lisant le nom “Michael”.
  • Une copie, je pensais peut-être lui donner la vraie ce soir ! Et je voulais aussi vous remercier pour tout le travail que vous avez fourni pour nous, je vous en serais à jamais reconnaissante ! Donc merci Madame, je ne vous oublierai pas à mon mariage, plaisanta-t-elle.

Guillerette, elle rejoint son partenaire et lui murmura quelques mots à l’oreille. Je la vis lui lancer un regard de chien battu auquel personne n’aurait pu résister. Il ne fit pas exception et lui fit un signe de tête qui signifiait : “va !”. Il n’eut pas à lui dire deux fois et soulevant les voiles de sa robe, Eglantine fit le premier pas vers Michael. Le joli brun la regarda avec des étoiles dans les yeux et passa sa main dans le dos de sa compagne. Celle-ci n’eut le choix de leur laisser un moment rien qu’à eux. Je les regardais alors s’éclipser à l’extérieur, fermant les yeux sur l’excès de galanterie de Michael.

Alors que je pensais avoir hérité d’un peu de répit, je ne m’étonnai pas de ce qu’il se passait à l’autre bout de la salle.

Elliot tournait nerveusement autour d’Alice qui sirotait un jus de fruit sur son siège. Danser avec le poids de son bébé devait l’avoir extrêmement fatigué. Il était aux petits soins avec elle, mais son regard le trahit. La jolie blonde déposa sa main sur son avant-bras dans l’espoir qu’il arrête de se comporter comme un lion en cage. Elle lui fit un merveilleux sourire et lança un regard dans la direction de Katerina. Celle-ci faisait bande à part au bar, en compagnie d’Alicia et Louis. Ils trinquaient pour siphonner leur verre dans la seconde. La jolie brune se retourna en sentant une tape sur son épaule et dévisagea Elliot quand il se présenta devant elle. Une main sur sa taille de guêpe, habillé d’une sublime robe rouge moulante, elle se plaisait à le voir tenter de ne pas succomber à sa beauté.

  • Qu’est-ce qu’il y a ? Tu veux un verre ? fit-il en montrant les boissons du doigt.
  • Non, je veux ta main, pour danser, ajouta-t-il en lui affichant un rictus après qu’elle lui ait fait les gros yeux.
  • Je ne sais pas si c’est très correct, répondit-elle en battant des paupières, Armin ? Armin, est-ce que ça te dérange si je partage une danse avec Elliot ? demanda-t-elle à son petit-ami après qu’il est répliqué.
  • S’il ne s’agit que d’une danse, répondit-il à son tour, envoyant des signaux de mise en garde au roux.
  • Alors si vous voulez bien me suivre, Madame Hodaïbi, l’invita-t-il en lui tendant sa main.

Elle lui donna la sienne après s’être fait désirer et se laissa emporter sur la piste de danse par le grand roux. Une chaleur s’installa directement entre leur deux silhouettes dansantes qui ne passait pas inaperçues au milieu de toutes les autres. Glissant sa main dans la sienne, Elliot plongea son regard dans le sien et ne put s’empêcher de sourire. Elle fit de même et s’accrocha fermement à lui quand il la penchait en arrière, sa main placer sur sa taille. Il la glissa dangereusement le long de celle-ci, puis la remonta dans ses cheveux. Passion, romantisme, interdit, ils représentaient avec merveille le thème du bal. Il y avait longtemps que le couple ne s’était plus donné dans un corps à corps de la sorte, sans se quitter ne serait-ce qu’une seconde des yeux. Pendant que Katerina déposait sa main sur son torse, jouant des boutons de sa chemise, son partenaire de danse profitait pleinement de la vue qu’elle lui offrait.

  • Tu es très coquine ce soir et devant les parents de nos enfants, ça m’étonne de toi, la taquina-t-il.
  • C’est parce que j’ai réalisé qu’après ce soir, je ne te verrais plus, répondit-il d’une voix chaude.
  • Que tu crois ! s’exclama-t-il dans un grand rire, je ne vais pas te lâcher d’une semelle, Miss. Et nous serrons amené à nous rencontrer plus que tu ne le penses, je me demande si j’arriverais à résister à la tentation, lui lança-t-il accompagné d’un clin d’œil.
  • Tu exagères, comme toujours, pouffa-t-elle. Mais en attendant, laisse-moi m’appuyer contre tes jolis muscles une dernière fois, dit-elle en se blottissant contre son épaule.
  • Ils sont tout à toi, rétorqua-t-il en la serrant contre lui. Et il y a tellement plus que j’aimerais te dire, lui murmura-t-il ensuite.
  • Tu n’as pas besoin, je le sais déjà, ferma-t-elle les yeux, se consolant dans son étreinte.

Les voir se dire au revoir me brisait le cœur, et j’étais fière de ne les voir céder à la tension qui résidait entre eux. Katerina et Elliot m’inspirait un amour désespéré, ardent, comme les roses rouges. À côté de ça, Michael et Eglantine représentaient leurs sœurs blanches : pures, merveilleuses, douces.


L’ancien couple s’était installé dans un recoin de la cour, assis sur des petites marches à l’écart. Profitant de ce moment de tranquillité, malgré la nervosité, Eglantine avait déposé sa tête sur l’épaule de Michael. Il rougissait dans la pénombre, hésitant à se saisir de sa main qui restait jusque-là sagement sur sa cuisse. Doucement, elle se redressa pour l’admirer, pétillante. Elle sortit alors de sa sacoche la lettre qu’elle avait tant souhaité lui donner. Michael rit en la réceptionnant.

  • Moi aussi, je l’ai prise avec moi, dit-il en sortant une lettre argentée de la poche de son costume.
  • Ça me touche que tu ai voulu me donner l’original aussi, rougit-elle en admirant son cadeau.
  • Tu sais, rougit-il à l’avance, il n’y a aucun mot assez fort pour décrire ce que je ressens pour toi. Je suis fatigué d’essayer de trouver les bons et j’avoue que le seul moyen auquel je pense ne puisse pas te plaire, s’attarda-t-il sur ses lèvres.
  • Je crois que je comprends très bien…
  • Eglantine, si tu savais comme je rêve de t’embrasser, déglutit-il en rapprochant son visage du sien.
  • Et si tu savais à quel point je ne suis pas contre, répondit-elle en s'accrochant à son avant bras.
  • C’est mal...
  • Mais ce n'est pas comme si ça se reproduira…
  • Si ça se reproduira, la reprit-il en déposant sa main dans le creu de son cou.

Il glissa ses lèvres contre les siennes, dévorant sa bouche de longs baisers. Eglantine passa ses mains derrière son cou, se tendit quand il l'agrippa par la taille. L'explosion de saveurs, le goût de l'autre, les estomacs noués, débordant de papillons : ils partageaient un doux moment, fougueux, à l'écart du monde. Personne ne saurait, personne pour les arrêter, ce serait leur petit secret.

Tandis qu'un couple bravait les interdits, que l'autre s'adonnait à un jeu dangereux sur la piste de danse, Chuck et Marry s'avéraient sages comme des images. Il profita tout de même du moment où Pris eut enfin besoin d'aller aux toilettes pour chercher sa blonde dans la salle. Elle riait avec les musiciens, savourant une coupe de champagne. D'instinct elle se retourna pour faire de même et s'étonna qu'il la fixe. Quoi que ce n'était pas si étonnant. Il la déshabillait du regard doucement, sensuellement, de la tête aux pieds, il s'imaginait retirer chaque vêtement en trop sur son magnifique corps. Marry reconnaissait ce regard enflammé et lui répondit par une pose sexy, buvant par à-coups son pétillant. Elle leva alors son verre et le porta à sa bouche pour l'embrasser. Chuck leva un sourcil et se servit un verre pour faire de même. Ils furent les seuls à rester raisonnable, du moins d'apparence, car dans leur tête, ils faisaient autre chose que deboire à la fête.

Le seul couple qui pouvait profiter pleinement de la soirée, s'amusait également sur la piste. Louis et Alicia étaient méconnaissables. Ils se regardaient dans le blancs des yeux, amoureux, naïvement et innocents. Du moins presque, car Louis ne put s'empêcher d'avoir quelques mains baladeuses. Il la taquinait gentillement, couvrant son cou de baiser. Bien heureux, ils avaient eut respectivement l'occasion de passer des moments avec leurs amis. Les filles s'étaient dandiner ensemble et les garçons avaient surtout bus, plus que de danser. Il y avait pourtant une zone d'ombre sur le tableau : l'absence de Blear et Dossan.

  • Je me demande s'ils sont ensemble ? réfléchit Louis qui amenait Alicia dans un endroit plus silencieux.
  • Je ne sais pas, j'espère… Ce serait vraiment bien, répondit-elle d'un air triste.
  • Qu'est-ce qu'il se passe ma chérie ?
  • J'aurais aimé que tout finisse comme dans les films, en happy-end, qu'ils puissent être ensemble…
  • Un jour, ma belle, un jour nous serons de nouveau réunis, je te le promets, dit-il en déposant un baiser sur sa main.

Alicia se logea dans ses bras, le serrant fort, espérant de tout son coeur que cette promesse se réalise.

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