Chapitre 36 : Pourpre.

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Telle une reine devant sa coiffeuse, Blear accrochait ses jolis cheveux à l’aide d’attaches pour les ramener en un élégant chignon. Quelques touches de blush sur ses pommettes, de phares à paupières et de mascara et là voila parfaite. Elle s’admira dans le miroir, de face, de profil. Résultat des préparations, elle se trouvait plutôt jolie. Elle fit sortir deux mèches à l’avant de son visage et les enroula autour de son doigt pour former des ondulations. Elle ouvrit alors sa boîte à bijoux pour s’habiller davantage, entourant son poignet d’un fin bracelet en pierres précieuses. Elle assortit le tout d’un collier et de boucles d’oreilles toutes aussi légères. L’éclat de ses décorations se mariaient parfaitement à la robe pivoine qu’elle portait. Un buste très serré, agrémentés ni trop ni trop peu de strasses venait décorer sa poitrine et la cloche en soie qui tombait sur ses hanches mettait parfaitement en valeur sa taille parfaite. Comme la couleur, elle ressemblait à une fleur, magnifique, pure et gracieuse.

Malgré toute sa perfection, elle poussa un léger soupir en se regardant à nouveau, le cœur lourd des derniers événements. Elle avait perdu toute envie de se rendre au bal à la suite de sa dispute avec John-Eric. Pas qu’elle l’attendait avec impatience, mais elle estimait que ses chances de s’y amuser était moindre. Au contraire, elle redoutait l’arrivée de ses derniers instants avec ses copains et ses meilleures amies. Et à quoi bon être belle dans une telle situation ? La seule pensée de se pavaner devant Dossan au bras d’un John-Eric fâché et jaloux, écartait le moindre désir de le charmer.

Blear reprit ses esprits au bout d’une quinzaine de minute à attendre tristement son partenaire devant son miroir. Elle tapota ses joues pour se redonner un peu de couleur et de peps, et se leva pour ouvrir à John-Eric qui attendait patiemment derrière la porte. Quel fut son étonnement quand elle le découvrit dans le mauvais costume :

  • C’est-ce que tu portes ? Nous avions décidé que tu porterais le bordeaux…
  • Je ne suis que le messager ce soir, la coupa-t-il, brandissant une lettre à hauteur de son torse. Il y a ici toutes les instructions que tu dois suivre, je n’en sais pas plus, ajouta-t-il en lui tendant le morceau de papier blanc.
  • Mais qu’est-ce que tu racontes ?! Tu sais que je n’aime pas les surprises, ça m’angoisse ! Et qu’est-ce que c’est que cette lettre ? s’énerva-t-elle, visiblement très déconcertée.
  • Aujourd’hui c’est lui qui mène, mais considère ce présent comme mon cadeau de mariage, dit-il vaguement. Blear, ne sois pas fâché et surtout, amuse-toi, fit-il en amenant ses mains dans son cou, déposant un baiser sur son front.
  • Mais je ne comprends pas… John ! s’écria-t-elle alors qu’il la laissait pour seule dans le couloir, JOHN ! Donne-moi une explication, supplia-t-elle en vain, effrayé par le contenu de la lettre.

Abandonnée et tout à fait énervée, Blear passa ses doigts sur l’ouverture de l’enveloppe, hésitante à l’ouvrir. Elle ferma ses yeux dans un déglutissement et décida de prendre le taureau par les cornes en en prenant connaissance. Il n’y avait pour seule explication qu’une phrase dorée indiquant : “Depuis le portail, les roses blanches te mèneront au délice des tropiques”. Parce qu’en plus il y avait des énigmes ? se désespéra-t-elle tandis qu’elle affaissait ses épaules. Elle les redressa d’un coup en se demandant qui pouvait être l’auteur de cette lettre. Si ce n’était John-Eric alors… Elle osait à peine l’espérer. Brandissant sa trousse et le voile qui couvrirai ses épaules, elle s’empressa de se rendre au “portail”, ainsi donc devant Saint-Clair.

Elle y arriva, nerveuse, emboîtant le dernier pas qui lui permettrait de voir la cour dans son ensemble et eut l’impression de rêver. Un long chemin de lumière, zigzagant entre les fleurs blanches, menait son regard jusque l’entrée de l’école. Elle y voyait un semblant de lumière continuant dans les couloirs. Est-ce qu’elle oserait imaginer un seul instant que ce serait vraiment lui ? Elle trépigna, s’avançant sur le chemin qui lui était destinée. Il y avait des roses en abondance, lui donnant l’impression d’avoir été envoyé au paradis. Les yeux pétillants, son cœur la menaça de réellement l’envoyer au ciel, quand elle vit enfin le bout du parcours qui s’arrêtait devant le local de musique duquel en sortait une magnifique mélodie. Devant la porte, elle ferma les yeux, tremblante de tout son être. Quand elle la fit coulisser, une lumière tamisée lui parvint. Elle découvrit alors un décor chaud, tropical par les lumières et les plantes qui y régnait. Au milieu de la pièce, des chandelles, des bougies, placés autour d’un somptueux repas qui n’attendait que d’être déguster sur un lit de couverture et de coussin douillet. La cerise sur le gâteau fut l’élégant jeune homme qui l’attendait au piano et qui n’avait pu s’empêcher de troquer la veste de son costume contre son cuir. Sauvage, sexy et classe, il se retourna pour lui lancer un regard en coin qui fut suivi du plus beau sourire. Il se leva pour l’accueillir, saisissant ses jolies mains pour y déposer un baiser. Blear avait les larmes aux yeux et elle n’arrivait plus à respirer, étouffée par la chaleur qui la gagnait. Il était là, coiffé, habillé, beau comme un dieu. Présent pour leur dernière soirée, comment avait-il fait ? Mais elle ne s’en importa pas, chassant toute question rationnelle de son esprit, pour lui lancer un sourire timide. Il fondit en découvrant cet éclat, déposa son front contre le sien et se mordit les lèvres de satisfaction.

  • Une petite danse avant le souper ? lui chuchota-t-il en l’invitant sur le côté de la pièce.
  • Avec plaisir ! s’exclama-t-elle dans une expression de joie intense.

Il la fit tourner quelques fois, doucement et avec délicatesse, admirant chaque parcelle de son visage. Elle lui avait tellement manquer, sa frimousse égayée, son sourire cristallin, ses joues rosées. Il comptait bien les rendre rouges en ouvrant le vin quelques instants plus tard. Blear s’installa, impatiente de découvrir son repas, installé confortablement sur le lit de coussin qu’il avait préparé. Elle le dévora des yeux quand il lui présenta les plats encore chauds. Toute cette préparation l’émerveillait, la rendait folle amoureuse. Et il avait retenu qu’elle adorait les fruits de mers, les saveurs exotiques, épicés et fruités. Ils trinquèrent en profitant d’une musique de fond et Dossan la taquina de ses yeux enflammés durant tout le repas. Les mots n’étaient que de trop en ces instants magiques. Blear ne savait plus où se mettre quand il vint à ses côtés, plus proche pour se saisir de sa main. Il la draguait ouvertement, caressant sa chevelure d’un doigt.


  • Je préfère quand ils sont libres, fit-il en commençant à détacher son chignon.

Blear l’aida à retirer les attaches, laissant sa chevelure ondulée tomber sur ses épaules. Il les dégagea en arrière, aventurant son regard dans son décolleté, le long de son cou pour les remonter sur ses prunelles.

  • Tu n’as jamais été aussi belle que ce soir, lui avoua-t-il timidement.
  • Merci, rougit-elle, merci pour tout...
  • Mais ce n’est pas fini, gloussa-t-il alors en déposant un baiser sur sa joue. Je sors cinq minutes et je reviens, d’accord ?
  • D’ac… cord, répondit-elle triste qu’il la quitte déjà.

Les cinq minutes qu’il lui avait promis passèrent rapidement et s’accumulèrent avec dix autres d’attentes. Inquiète, Blear se décida à jeter un œil dans le couloir, juste pour s’assurer que tout allait bien. Elle comprit alors que le jeu de piste continuait en tombant nez à nez avec une deuxième lettre accrocher au mur. Elle l’ouvrit très rapidement et suivi le plan qu’il lui avait dessiné. Quelques couloirs plus loin, elle sut qu’elle était sur le bon chemin quand elle vit des pétales de roses, cette fois roses, à ses pieds. Elle entra sans hésiter dans la salle de classe et amena ses mains à sa bouche, à la fois choquée et contentée. Dossan l’attendait sur un banc dans la pièce voilée et lumineuse, des jupons se perdant dans son dos. Elle n’en revint pas en découvrant la tringle remplie de robes de toutes les couleurs qu’il fit rouler au milieu de la salle.

  • J’aimerais t’habiller pour la suite, mais je ne savais pas qu’elle robe tu préférais, plaisanta-t-il en lui montrant les tenues d’un geste.
  • Tu es fou, tu es vraiment fou ! s’écria-t-elle en s’invitant près des robes.
  • J’espère que tu le seras autant devant ceci, fit-il en brandissant un appareil photo dans ses mains.
  • Non, tu n’es pas sérieux ? s’interloqua-t-elle.
  • Tu crois ? rétorqua-t-il en lui affichant un sourire en coin.

Il la poussa presque derrière le paravent installé au fond de la salle quand elle choisit sa première robe. Elle apparut alors timidement, faisant allez ses volants, sublime dans une tenue dorée. Dossan se mordit encore les lèvres, conquis. Il amena alors l’appareil à son visage et lui lança un sourire pour qu’elle se lance. Elle prit en grand coup du vin dont ils disposaient et prit la pause, gênée.

  • Tu es splendide, sourit-il, aller essaye-en une autre !

Le défilé continua entre les “clic” de l’appareil et les rires de Blear qui lui montrait ses plus beaux sourires. Elle était de plus en plus à l’aise, le draguant à travers l’objectif. Elle déposait ses mains sur ses hanches, jouait de ses épaules pour paraître sexy et glissait ses doigts dans sa chevelure. Toutes les robes, courtes, longues, turquoise, émeraude, noire, lui sied parfaitement. Dossan tournait autour d’elle, se mettait à genoux pour capturer toute sa splendeur et sa folie. Elle rayonnait, riant à cœur ouvert, depuis bien longtemps. C’est lui qui lui faisait cet effet-là et le vin en partie. Se dandinant dans une simple robe en soie bleu marine, collé au corps, elle vint le taquiner en essayant de lui voler son appareil. Ils jouèrent, Dossan ne se laissant pas faire et finalement elle l’attrapa. À son tour de se faire photographier, il s’approcha au plus prêt de l’appareil pour la séduire de son regard de braise. Troublée, elle abaissa l’engin pour le regarder de ses propres yeux. Tendrement, il l’invita à essayer la dernière robe, rouge éclatante, brodé de roses.

  • Je suppose que c’est celle-ci que tu veux mettre pour la suite ?
  • Cela dépend, dit-il de derrière le paravent, est-ce que la tenue est appropriée ?
  • Ça n’a pas d’importance, rit-il en faisant défiler les photos déjà prises.
  • Elle est tellement belle, je l’adore, souffla-t-elle. Hum, Dossan, est-ce que tu peux m’aider à la fermer ? demanda-t-elle timidement.

Son sang ne fit qu’un tour dans son corps et il s’approcha doucement du dos qu’elle lui montrait. Il ferma la fermeture du buste et déposa ses mains sur ses épaules pour la ramener dans son sens. Il ne put s’empêcher de la dévisager de haut en bas, absolument bouleversé par sa beauté entourée de tout ce pourpre. Il s’empressa de saisir l’appareil pour prendre une nouvelle série de photo. Très calme, audacieuse et voluptueuse, elle tourna sur elle-même pour le laisser vaguer à ses désirs. Il secoua la tête frénétiquement en découvrant le rendu, “époustouflante”, voilà comment il la qualifiait. Toujours dans une démarche séductrice, il lui prit la main pour y déposer un baiser, capturant son regard, cette fois du sien. Il lui tendit par la suite son perfecto et le déposa sur ses fines épaules, ajoutant un côté rebelle à sa magnificence.

  • Prête pour la suite ? la taquina-t-il d'un regard amusé et d'un sourire coquin.

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