Nuit craintive
Vous vivez dans un village d’une vingtaine d’habitants bâti au cœur de la nature.
Le jour vous appartient. La nuit est le royaume des monstres.
Quand le soleil se lève, vous partez explorer,
Quand la lune se dresse, vous devez être rentré.
Toujours un peu plus long, un peu plus loin.
Puis, vient le jour où vous découvrez une forêt aux arbres noirs.
Celle-ci cache les ruines d’un ancien manoir.
À l’intérieur, vous trouvez un vieux journal grignoté par le temps.
Celui-ci porte les ultimes mémoires des anciens occupants.
Dehors, il fait encore jour, mais les ombres se font plus denses.
Le livre est trop abîmé pour être transporté. Votre curiosité bat votre prudence.
Ne traînez pas.
—
Jour 1
Voilà de nombreuses lunes qu’on avait vu un homme de fer passer dans la région. Il avait approché le manoir, mais était reparti aussitôt. Aujourd’hui, ils sont revenus à trois. Ils ont bâti un étrange abri devant l’entrée. Nous n’osons pas approcher.
Jour 2
Jimmy a essayé de s’interposer quand l’un d’eux est entré et a commencé à piller nos coffres. De son étrange lame de matière inconnue et vibrante de lumière, l’étranger l’a attaqué. Jimmy n'eut aucune chance. Il est mort avant d’avoir pu réagir. Ainsi a commencé leur attaque.
Jour 3
Ils ont bloqué les portes avec leurs outils. Nous avons armé tout le monde, jeunes, vieillards, femmes et enfants. Tous. Le combat promet d’être rude, mais nous sommes nombreux. Nous les attendons.
Jour 4
Nous les avons pris par surprise, dans la salle des coffres que nous avions vidés par précaution la veille. Leur appât du gain les obnubilait et nous avons attaqué. Plusieurs des nôtres sont tombés sous leurs armes magiques qui brûlent les chairs et nous repoussent avec force. J’entends encore les cris de mon oncle, brûlé vif en défendant Armand qui gisait blessé au sol. Après ce qui m’a semblé une éternité, l’un des trois attaquants est tombé sous nos assauts combinés. Son corps a disparu, comme s'il n’avait jamais existé. La seule trace de son existence était ses effets. Les deux autres envahisseurs n’ont pas réagi à la mort de leur compagnon. L’un nous a retenus tandis que l’autre récupérait armes, ressources et outils, avant de tous deux battre en retraite.
Jour 5
Pas d’attaque aujourd’hui. Nous nous sommes retranchés à l’étage. Avec Tania, Lucie, Marc et Rob, nous étions en première ligne au sommet de l’escalier principal. Je me souviens de ce matin, la douleur dans mes doigts à force de serrer mon épée. S’ils attaquaient, nous aurions été les premiers à mourir. Un maigre espoir était en train de naître. Je me souviens du sourire rempli d'un espoir fou de Marc.
Jour 6
Il est de retour. Celui qui est mort l’avant-veille. Je l’ai reconnu. Il avait récupéré ses armes et les trois poussaient encore nos défenses. J’étais assigné aux soins des blessés quand ils ont grimpé les marches menant à l’étage. Mes amis sont morts, j’aurais dû être avec eux.
Jour 7
Ils avancent en tuant nos familles. Ce ne sont pas des démons. Je l’ai vu. Ce sont des hommes. Et ils rient en nous exterminant. Sept de nos guerriers meurent pour ne tuer que l’un d’eux temporairement. Je ne sais quelles puissances les possèdent.
Jour 10
Plus de la moitié de la communauté est morte. Le Maître a pris une décision radicale. Nous sacrifierons tous ceux qui ne peuvent pas ou plus se battre au dieu Pou’Lhey. Puisse-t-il nous aider.
Jour 11
Le dieu Pou’Lhey nous a répondus ! Le maître invoque des esprits fantômes qui les repoussent ! Mon fils et ma fille me manqueront, mais leurs sacrifices sauveront le peuple.
Jour 13
Même les esprits fantômes tombent sous leurs coups, mais le rapport de force s’est inversé. Ils n’attaquent plus de front, et tentent depuis hier de percer nos défenses pour piller nos coffres, puis s’enfuir par les fenêtres. J’en ai vu un chuter de plus de dix mètres et survivre à l’impact. Nous les pourchassons à travers les couloirs et les pièces, mais toujours, ils reviennent.
Jour 14
Le Maître a été tué au cours de la dernière attaque aux côtés du dernier esprit. Plus rien ne les retient.
Jour 15
Je suis seul, blessé et j’ai du mal à respirer. J’ai pu me cacher dans une salle secrète. J’écris ces lignes pour conserver la mémoire de notre peuple. J’entends les rires des hommes de fer à côté. Je crois qu’ils détruisent et pillent la statue du Dieu. Qu'avons-nous fait pour mériter un tel châtiment ?
Jour 16
Ils m’ont vu lorsque je suis sorti pour chercher de la nourriture et de quoi me soigner. Je les entends approcher. Ils suivent les traces de sang que j’ai laissées au sol. C’est la fin.
—
Un bruit de succion vous fait soudain dresser les yeux,
Là-haut, une forme hideuse se réveille, sort de son cocon de soie.
Le livre glisse d’entre vos doigts.
Vous prenez la fuite, pourchassé par la créature dans ces lieux froids.
Quitter les ruines. Quitter la forêt. Droit vers le village.
La clarté lunaire éclaire vos pas. D’autres monstres sortent de terre.
Là-bas, les premières lueurs apparaissent.
Le grand protecteur du village vous voit arriver, il ouvre les portes.
Quelque chose attrape votre chemise, trop tard, vous êtes à l’intérieur.
Le protecteur est heureux de vous revoir. Il vous annonce une bonne nouvelle.
Vous avez de la visite ! Des voyageurs sont arrivés et échangent avec le maire.
Ce sont trois hommes de métal, et ils disent amener de grands changements avec eux.
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