Le nid

2 minutes de lecture

Un monde, des paysages, une jungle.

Qui est le prédateur ? Qui est la proie ?

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Un nouveau soleil se dresse sur l’épaisse jungle du bout du monde. Seuls les fous et les inconscients osent en braver les frontières naturelles et s’aventurer dans ce dédale de lianes, de fougères géantes et d’arbres aux racines entrelacées. Ils avancent, au sein de lieux hostiles, où la vie devient mort, le chasseur devient proie, et le jour devient nuit. Ici, même le soleil peine à percer ce toit végétal, éclairant d'une lueur tamisée les sous-bois humides.

C’est dans ce chaos verdoyant qu’un nid douillet, tissé de fibres végétales et de plumes multicolores, repose sur une branche robuste. À l’intérieur, blotti dans une épaisse couche de duvet, dort un bébé étrange. Il ressemble à un petit jaguar aux pattes ornées de membranes fines et transparentes, prémices d’ailes minuscules.

Sa mère, une créature magnifique aux yeux d’or et au pelage tacheté, veille sur lui avec une tendresse n’ayant d’égale que la fureur pour tout intrus osant s’approcher du nid. De vastes paires d’ailes naissant au niveau de ses pattes lui confèrent une agilité sans pareil, et provoquent la convoitise de tous les chasseurs et explorateurs de la jungle.

Les jours passent, rythmés par les chants des oiseaux, le bruissement des feuilles et le grondement lointain de gigantesques herbivores aux jambes carapacées et au long cou permettant d’atteindre les plus hauts feuillages. Le petit jaguar grandit, ses ailes se renforcent et lui permettent de faire de courts vols au-dessus du nid. Il fait la fierté de sa mère et sème la terreur parmi les petits herbivores.

Chaque soir, il joue avec elle quand elle rentre de ses chasses diurnes. Il est son monde, sa joie, son devoir. Elle s’endort en boucle, lui, lové entre ses pattes.

Elle est heureuse.

Mais un jour, la mère revint blessée. Une étrange épine plantée dans sa patte. Le petit jaguar, malgré sa peur, tente de l’aider. Comme elle l’a fait avec lui, il lèche doucement la plaie.

Les jours se suivent. La mère revient avec d’autres blessures, d’autres épines. Son petit les arrache toutes, et lèche ses plaies. Il s’inquiète pour elle, mais sa mère cache la douleur, la fatigue, la faiblesse. Elle n’a pas peur, car il est à l’abri. Il l’est, tant qu’elle repoussera les intrus.

Puis, un matin, elle ne revient pas. Le petit jaguar l’appelle de toutes ses forces, mais il n’y a pas de réponse.

Il est seul. Abandonné dans ce nid douillet, devenu sa prison.

Les jours se suivent. Elle ne revient toujours pas. La faim le ronge, mais il veille, le postérieur assis, juché sur ses pattes avant, prêts à prendre soin d’elle à son retour.

Les jours se suivent. Elle ne revient pas.

La solitude lui pèse. Il a cessé de crier depuis longtemps.

Il doit bouger, trouver de la nourriture pour sa mère, quand elle reviendra. Le petit jaguar en est convaincu, il doit prendre la relève, pour son retour.

D’un bond, il quitte le nid. Il s’envole presque, agile entre les arbres. S’éloigner de son petit monde le terrifie, il pourrait rater sa mère.

Vite. Il doit trouver une proie, la ramener, au nid. À son retour, il sera prêt.

Un feulement naît dans sa gorge. La chasse commence.

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