Angeli Ultimatum
Il existe un royaume dans les nuages. Là est la demeure des anges.
Ceux-ci affrontent l'Ombre, sous toutes ses formes.
L'élu est leur source d'espoir dans cet éternel combat, destiné à y mettre un terme.
Une jeune ange a été choisie pour porter ce rôle.
Tant de charges pèsent sur ses ailes, comment pourrait-elle y arriver ?
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Au sommet de l’Arcus Angelicum, une splendide tour bâtie dans un seul et colossal saphir lévitant au-dessus des nuages, se tenait un conclave de la plus haute importance. La farouche Layana frappait le sol du talon avec une impatience croissante. Le marbre bleuté résonnait durement en écho de sa frustration grandissante. Tout autour d’elle, installés en arc de cercle, les dirigeants des cinq grandes familles célestielles débattaient avec une nonchalance exaspérante. Leurs voix, mélodieuses et monocordes, la pénétraient comme des aiguilles.
- Layana, nous devons insister sur le fait que votre apprentissage est trop lent. Les précédents élus étaient bien plus avancés que vous à votre âge.
L'archange des lueurs de Loran, un être de lumière éblouissante, la fixait d'un regard sévère. Layana réprima une grimace. Elle en avait assez de ces remontrances, surtout quand elles venaient du maître de sa propre famille. Par égard envers leur mère, spectatrice en retrait de la scène, elle tenta de juguler ses émotions.
- Si je ne progresse pas aussi vite que vous le souhaitez, c'est parce que je suis constamment sollicitée pour des tâches ingrates. Je suis censée me concentrer sur ma formation, pas sur la diplomatie inter-angélique.
Les autres juges échangèrent des regards. L'archange du grand Océan tenta de l'amadouer.
- Nous comprenons votre frustration, Layana, mais la présence de l’élue est nécessaire pour maintenir la paix dans les royaumes célestes.
- La paix ? Vous osez parler de paix alors que nos frères et sœurs s'entre-déchirent pour de vieilles traditions et de futiles questions de hiérarchie ? Je suis fatiguée de ces jeux politiques et de ces protocoles sans fin. Un jour viendra où le Concilium Angelorum n’existera plus. Sans vos carcasses pour nous alourdir, nous voleront plus hauts que jamais !
Deux gardes en retrait frappèrent leur bouclier de leur lance. La cadette des Lueurs devait obéissance et humilité envers les grandes familles et ils allaient la lui rappeler. Layana leur fit face, genoux fléchis, ailes déployées et ses mains crépitantes de magie blanche. La discussion s'envenimait plus vite qu’elle ne l’avait escompté, tant mieux.
Un bref sifflement calma les gardes qui s’apprêtaient à faucher l’élue du même mouvement empli de grâce. Faute d’adversaire, Layana se redressa en remettant sa longue natte dorée en place. Elle adressa son plus noir regard à la doyenne des Lueurs. Celle-ci ignora l’insulte alors que ses lèvres se refermaient doucement.
Un silence s’installa. Finalement, un troisième archange, maître des saphirs éthérés et hôte de ce conclave, déclara d'un ton définitif.
- Nous ne sommes pas là pour écouter un plaidoyer, mais pour rendre notre verdict. Si Layana, de la maison des Lueurs, se révèle incapable de franchir les paliers du l’élu dans les délais établis par les premiers célestes, nous serons alors contraints de chercher un autre candidat pour assurer le rôle qui lui incombe.
L’ange baissa les yeux, comme s’il ne réalisait de la présence de Layana qu’à présent.
- Noble dame, maîtrisez le savoir du Domus Luminus avant la fin du prochain cycle lunaire. Ainsi, vous garderez votre place, dans nos cœurs et dans nos espoirs.
Une colère froide parcourut Layana. Elle leva les yeux vers la statue millénaire qui surplombait la salle, une représentation majestueuse de l'archange fondateur. D'un geste impérieux, elle tendit la main et un éclair jaillit de ses doigts, réduisant la statue en mille morceaux. Le choc fut tel que les autres anges reculèrent, bouche bée.
- Au diable l’espoir, lança-t-elle d'une voix glaciale avant de disparaître dans un tourbillon de lumière.
Sur la route menant aux portes des domaines célestes, elle sentit le regard des siens. Le poids sur ses épaules sembla s'alourdir un peu plus.
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