Mon lundi
Pas trop d'inspi cette semaine, alors j'ai couché ma journée sur papier.
Vous verrez, c'est un peu mélancolique, je trouve ^_^
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Le réveil sonne, encore et encore. Au bout de la quatrième sonnerie, le dormeur se redresse enfin. Un choc sourd, puis un second. Deux corps quittent le lit, le premier est son chien, le second n’est autre que lui-même. Encore assoupi, il s’habille en silence et dans le noir complet afin de ne pas réveiller sa moitié, puis quitte la chambre pour aller nourrir la bête.
Buvant un verre de lait, une vieille habitude d’enfance qui ne l’a jamais quitté, il observe son chien déjà alerte, repu et prêt pour la balade matinale. Son maître sourit en lui passant le collier autour du cou, puis sort dans le froid. Il y a dix minutes, il dormait encore au chaud, et maintenant, le voici en train d’affronter le froid de décembre avec un gros bonnet enfoncé sur le crâne.
Ils rentrent ensemble, le poil de son chien est mouillé par la rosée du matin. La maison est toujours silencieuse, sa belle dort encore. Avec grande prudence, il entre dans la chambre et l’embrasse tendrement sur le front tandis que le chien va se coucher aux pieds du lit. Elle baragouine quelques paroles, peut-être un « Je t’aime. » ou « Dégage, laisse-moi dormir ! » impossible à dire.
La route ne se fait pas trop mal. Les trajets en voiture ne l’ont jamais ennuyé, il met quelques musiques inspirantes et se plonge dans ses histoires. Il est presque triste d’arriver au travail. Un œil sur les voitures déjà présentes, un soupir soulagé, il n’en manque pas une. Le premier poste est complet, pas de mauvaise surprise. Un passage par la salle de pause pour déposer sa gamelle puis il se rend aux vestiaires pour prendre ses affaires de travail.
Tenue haute visibilité, chaussures de sécurité, casque, talkie et détecteur gaz. Il s’admire dans le miroir, il a toujours aimé les uniformes.
La journée se lance doucement. Il salue ses gars du second poste, discute avec les opérateurs bascule et prend des nouvelles du premier poste. Le grand chef n’est pas encore arrivé, c’est à lui de présenter les tâches du jour, il en profite pour se moquer du service sécurité et de leur dernière lubie. Pour une fois que ce ne sont pas les commerciaux ou le service RH qui prend, chacun son tour.
Ses gars prennent les voitures et se rendent sur terrain. Lui rejoint en catastrophe l’entrée du site, une entreprise extérieure s’est mise au travail sans faire son entrée, sans se présenter, sans signer la paperasse. Première galère du matin, à laquelle s’enchaîne la seconde. Ces zigotos ont arraché un fil électrique. Son technicien arrive dans la foulée, le ton monte vite lorsque les intervenants refusent d’admettre leur erreur. Il doit calmer le jeu, sépare les partis et perd sa matinée à aider son technicien à réparer leurs conneries.
La pause de treize heures arrive enfin. Il a eu le temps de s’occuper de quelques autres sujets mineurs. Une électrovanne à changer, un équipement à acquitter et compléter les fins de mois. Satisfait, il s’en va à la salle de pause et mange avec les collègues du premier poste. Ils discutent un peu boulot, surtout des cadeaux du CSE, le syndiqué présent est allègrement pris pour cible, ça le fait rire alors qu’il finit sa gamelle.
L’après-midi commence. C’est le point hebdomadaire avec le chef de site. Il s’efforce de lui faire un rapport complet et détaillé de l’exploitation, des engins, de l’équipe, de l’avancement de tel ou tel projet. Évidemment, le gros de la discussion porte sur l’incident du matin, sa résolution et les conséquences sur terrain. Il se retient de lui conseiller de boire moins de cafés, passé dix par jour, il est sûr que ce n’est pas bon. Un coup de talkie l'extirpe du bureau et il s'enfuit sur le terrain.
Un mécano l’a demandé pour faire un point sur les réparations engins. En même temps, le livreur de GNR lui fait remarquer la fuite lorsqu’il fait l’appoint de leur cuve, sans compter ses gars venant le voir pour discuter de choses plus ou moins utiles. Il écoute chacun, prend des notes et range le tout à sa manière : Les sujets qui peuvent attendre, les sujets urgents et les sujets très urgents.
L’après-midi s’achève vite. Le soleil sera bientôt couché. Qu’est-ce qu’il déteste cette saison. L’activité ralentit peu à peu. Le premier poste est déjà parti. Il retourne aux bureaux et clôture les relevés mensuels. Il fait un dernier point avec son chef, le salue et se dirige vers les vestiaires. Une douche, il se rhabille puis quitte le travail.
Le retour se fait comme l’aller, avec de la musique et des histoires plein la tête. Il doit lutter de toutes ses forces pour ne pas s’arrêter à la boulangerie et rentre direct. Passé la porte, son chien l’accueille avec de joyeux aboiements, il l’envoie se calmer au panier… puis découvre la galère. La poubelle est éventrée, il y a des emballages partout.
Gros soupir.
Il nettoie ses bêtises, puis se dit qu’il est trop bien parti pour s’arrêter et range la vaisselle propre, ordonne le plan de cuisine et attaque le linge.
Sa belle rentre tard. Il s’est inquiété pour elle, il n’y peut rien, mais il se force à sourire et l’accueille avec chaleur. Le chien saute tout autour d’eux alors qu’ils se serrent l’un contre l’autre. Il hume son odeur, refait le plein d’énergie.
Rapidement le temps de manger, elle repart au sport, lui garde le chien et termine les tâches ménagères. Maintenant couché dans son lit, le chien sur ses pieds, il doit écrire une histoire.
Putain qu’il a la flemme.
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