Révélations... enfin presque...

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— Bon alors ? Ça vient, ces explications ?

— Attends... Je finis d'abord ma pause dramatique...

— Bon... J'ai pas toute la mort devant moi !

— ... (pause dramatique)

— Alors, ça vient ? Et la suite !

— ... (pause dramatique bis)

— Les révélations, s'il te plaît !

— ... (pause dramatique ter) ... Voilà !

— La pause est finie, c'est bon ?

— Maintenant... je vais te faire une grande révélation...

— Oui ?

— Tu es...

— Oui ?

— Tu es... mort...

— Euh... Ça je le savais déjà...

— Non, non. En fait, tu es mort, genre, depuis le début de l'histoire et tout ceci n'est qu'un rêve, que tu fais depuis les limbes !

— N'importe quoi... Et là je serais mort dans ma mort, peut-être ?

— Oh... T'es pas drôle, chevalier. Ok je vais maintenant te dire la vraie révélation ! Attention !

— On s'emmerde un peu, là, non ?

— Chut, tu es prêt ?

— Mouais.

— Nous vivons dans un monde, genre, virtuel. Tout ceci est une simulation. En fait nous sommes dans une histoire racontée par un conteur sans talent, qui invente n'importe quoi et fait ce qu'il veut. Surtout, toi, comme les autres personnages, dépendez de son bon vouloir et ne servez qu'à son amusement ! Et moi je parle avec sa voix, ah ah ! Dans quelques instants je vais te tendre une dragée bleue et une, genre, rouge et je te demanderai si tu veux sortir de l'histoire ou y rester !

— Hin hin... N'importe quoi, on dirait le mauvais scénario d'une geste métaphysique qui essaye de faire des récits à tiroir pour intéresser la populace. Soyons sérieux. Soyons concrets ! Fée-Love... On se connait !

— Que, quoi ? Non... non...

— Si si ! Allez, crache la vraie vérité !

— Arrêtes !

— Non, on se connait, ma vieille, et pas d'hier !

— Qu’inventes-tu là ? La mort te rend parano, mon pauvre !

— Tututut, j'en suis certain. Et je te collerai aux talons tant que tu ne diras rien ! J'ai plus de temps que toi : l'éternité... genre !

— Oh ! Bon ! D'accord !

— Allez, balance.

— Tu m'as... inventée, quand tu étais petit, voilà ! "une fée zéante, maman, tè grosse, co'ça ! Même qu'elle s'appelle fée-love, maman, et elle empêsse les zentils héros de mourir !" Tu te rappelles ?

— Bon sang, comme j'étais con quand j'étais petit...

— Ouaip, tu l'as dit. Mais, genre, cette anecdote est un indice sur la nature de ton pouvoir.

— Quoi ? Tu pourrais être plus claire ? Si j'peux survivre, j'préfère savoir ! Et surtout grouille ! Si ça se trouve, de l'autre côté, j'commence déjà à pourrir ! Si je t'ai inventée, j'peux aussi te désinventer !

— Inutile de brandir tes menace, chevalier ! Comme tu es plutôt limité, un exemple vaudra mieux qu'une longue explication qui se solderait de toute façon par un pauvre « comprends pas », alors épargnons nous ça !

— Euh, j'dois être vexé là ? Ou ?

— Écoute : pour t'en sortir, tu vas devoir inventer une explication cohérente – mais je dis pas nécessairement crédible – qui tienne compte des faits, afin d'expliquer comment tu aurais pu survivre à ce massacre.

— Hein ?

— Demande pas ! Lance toi !

— Quoi, là ? Comme ça ? Sans échauffement ?

— J'pensais que les champignons et les asticots menaçaient ta carcasse ? Mais prenons le temps, on a que ça à faire, après tout !

— Ok, ok ! Bon... Disons... euh... Je ne suis pas mort... parce que... euh... parce que...

— Bon... C'est pas gagné...

— Tais toi ! J'me concentre ! Donc... oui ! Je ne suis pas mort... parce que... ah voilà ! Parce que c'est une erreur, c'était pas moi !

— Ça ne suffira pas, beau gosse. Rien ne justifie qu'on se trompe, même le récit le plus tiré par les cheveux.

— Si si ! Attends... Pendant la nuit, mon frère jumeaux, jaloux, a pris ma place et le lendemain a sauvé la donzelle et son équipée – me volant la vedette –, avant de mourir. Tandis que moi, immortel, suis en train de dormir et ceci serait mon rêve ! Ah ah ! Pas mal, hein !

— Oui oui, c'est vrai, mais ça ne tient pas compte du fait que tu sois vraiment mort !

— Ok... Bon... Je réfléchis ! Ne m'interromps pas !

— Motus et truc cousue, genre.

— Alors... Les chiens avaient des dents cariées et c'est leur sang qui m'a aspergé, le choc m'a fait tomber et je gise, juste assommé, tardant à me réveiller !

— Tu peux faire mieux... Pour rappel, tu es vraiment mort, tiens-en compte.

— C'est parti ! L'amour du barde, tellement puissant (même s'il est gênant), parvint à m'insuffler un nouveau souffle de vie !

— Tu t'améliores ! Seulement, ton état, impossible, empêche la maigre adoration de ton ami de te rafistoler. Il n'est Pas assez magique !

— Bon... Ah c'est dur...

— Laisse tomber... Je m'ennuie... Bonne mort, salut !

— Attends ! J'ai une idée !

— Allez...

— Durant la nuit... Un vampire m'a mordu, au nez et à la barbe du barde. Le temps que son influente infection me gagne entièrement, j'ai eu l'occasion de mourir, certes, mais vais bientôt ressusciter !

— Parfait ! Chevalier. Il ne te reste plus qu'à le raconter... genre, comme si t'étais le narrateur de l'histoire ! Vas-y.

— Ah ! J'y vais ! Merci Fée-Love, t'es trop bonne !

— Je sais pas trop comment le prendre... mais bon ! Allez, à la revoyure, beau gosse !

— Seulement, Fringard, qui sombrait dans la mort, était aussi porteur, sans le savoir, d'une malédiction qui était aussi sa salvation. Un vampire l'avait piqué – non, mordu – nuitamment, pour instiller dans son sang candide une bien sombre condamnation qui ferait de lui, séant, un immortel de blanche carnation ! ... Ah oui ! Et, au passage, cette transformation, qui le ressusciterait, allait aussi le guérir de sa tendance à rimer sans raison ! euh... Et point ! Non... point.

À la ligne.

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