Chapitre 24

11 minutes de lecture

Il pleut des trombes d'eau, l'orage se rapproche de plus en plus et l'idée de s'abriter sous la pinède n'est pas la meilleure qui soit. Serena a abandonné depuis bien longtemps ses tongs qui la ralentissait ses foulées dans le sable. Ses cheveux dégoulinent, sa nuisette est plaquée contre sa peau, cela se voit à la raideur de ses mamelons qui tendent le tissu qu'elle commence à avoir froid. Elle se frictionne les avant-bras en grelottant, en claquant des dents, ainsi elle longe la plage sur encore un kilomètre.

Les bourrasques la déséquilibrent plusieurs fois, elle tangue comme un petit navire en plein naufrage. Elle se noie dans sa tristesse infinie et bientôt elle n'aura plus d'air pour respirer. Serena rencontre sur son chemin un gros bloc rocheux qui lui fera office d'abri. Elle s'engouffre à l'étroit entre les parois pour avoir un toit au-dessus de la tête en cette nuit orageuse et agitée.

Le tonnerre la fait sursauter, la peur la pétrifie sur place, elle s'accroupit et se recroqueville pour se protéger de la tempête. Personne pour la protéger, pas même Guerric et encore moins Jonathan, elle fond dans un torrent de larmes comme s'il n'y avait pas assez de précipitations comme ça. Elle s'admet que sa réaction post-baiser a été des plus excessives tout comme cette fugue qu'elle vient de faire et ne peut s'empêcher de penser à ses amis et à Jonathan qu'elle a dû plonger dans une inquiétude pas possible. Elle imagine leur réaction à la découverte du mot qu'elle a laissé et elle les voit remuer ciel et terre pour elle.

Jonathan arrive sur la plage à son tour, perdu dans ses pensées, il entend les paroles de Guerric résonner en écho, celles qu'il a prononcées avant qu'il ne monte dans sa voiture et que lui parte avec le couple de tourtereaux.

  • Jonath, Serena risque d'en découdre avec la vie. Plus rien ne la retient ici, j'ai tout essayé mais si elle l'a décidé, je sais qu'elle ira jusqu'au bout. Elle est persuadée qu'elle va bientôt mourir, elle est seule et effrayée. Les voyantes qu'elle a vu lui ont bourré l'esprit sur sa mort imminente. Elle était la cible parfaite pour elles, elles ont senti sa détresse.

Jonathan ne peut s'empêcher de vouloir sauver celle qui fait battre son cœur depuis peu, un bon moyen de racheter ses fautes et surtout il tient à elle. Il bute dans quelque chose, s'agenouille pour étudier de près la chose qui a heurté son pied. '' Serena... '', murmure t-il. Il reconnait ses tongs atypiques aux couleurs arc-en-ciel agrémentées d'un petit badge licorne, ça l'avait beaucoup amusé la première fois qu'il les a vu aux pieds de la jeune femme. Il n'a pas le temps d'envoyer un petit message à ses amis, il saute presque de joie tout en étant aussi au bord des larmes, il est sur une piste et il compte bien retrouver sa trace. Il étudie le sable à la recherche d'empreintes de pas mais en vain, la pluie a déjà effacé les preuves de son passage.

L'orage gronde au loin, les éclairs traversent le ciel pour s'abattre au large. Serena finit par sortir de son rocher pour rejoindre le Wharf. Elle s'avance jusqu'au bout, presque au plus près du précipice.

  • Maman, l'heure est venue je crois, dit-elle tout bas. Tu me manques, je ne peux plus continuer sans toi et tu étais la seule en qui je pouvais avoir entièrement confiance. Plus rien ne me retient ici, pas même un garçon puisque celui que je commençais à apprécier s'est bien foutu de moi. Je me sens vide de l'intérieur, errant comme un fantôme, une partie de moi s'en est allée avec toi. Foutu cancer !

Serena est en train de verser un torrent de larmes, ses yeux brouillés fixent un rocher très pointu en contrebas, '' il fera bien l'affaire '', pense-t-elle intérieurement le cœur serré. Elle sait que si elle plonge directement la tête la première dessus, elle n'a aucune chance de s'en sortir. Une bourrasque la fait tanguer, puis une seconde beaucoup plus forte la déséquilibre. La jeune femme se raccroche de justesse les pieds pendant dans le vide, gémissant d'effort pour tenter de remonter sur le Wharf. Elle épuise toutes forces pour lutter contre l'attraction terrestre. Serena sent ses doigts un à un glisser du ponton, elle se mord les lèvres pour ne rien lâcher.

Sa dernière main finit par céder, elle ferme les yeux se sentant attirée vers le bas en direction des rochers aux pointes aiguisées. Sa chute libre est aussitôt ralentie, elle sent une main la cramponner juste au-dessus du poignet et lorsqu'elle relève la tête c'est le visage de Jonathan qui grimace qui apparaît dans son champ de vision.

Jonathan a le cœur qui va exploser, ses yeux luisent mais il ne relâche en rien ses efforts. Il parvient à hisser la jeune femme sur le Wharf, Serena pose ses mains sur les bras de son sauveur. Tout aussi essoufflés l'un que l'autre, elle finit par poser sa tête contre son torse.

Jonathan enroule ses bras autour de la belle, sa voix est presque à la sermonner.

  • Plus jamais Serena ! dit-il la voix tremblante et ferme à la fois.

Elle hoche la tête sans la relever, l'odeur du jeune homme la rassure. Dans ses bras elle ne peut que se sentir bien.

  • Serena à quoi tu pensais quand tu as fait ça ? continue Jonathan dans un état pas possible.
  • Je... Ne voulais pas, ce n'est pas ce que tu crois, bafouille-t-elle en pleurant bruyamment. J'en avais pas tellement envie, c'est un coup de vent qui m'a fait perdre l'équilibre. Et je ne peux pas te cacher que tu m'as beaucoup déçue ce soir.
  • Je sais, affirme Jonathan. Je te demande pardon, pardon d'avoir été affreusement con ce soir. Je pense que nous avons beaucoup de choses à nous dire. Ce n'était pas malin de ma part de vouloir te rendre jalouse, cette serveuse j'en ai rien à foutre, Serena ! C'est toi qui m'intéresse. Et...

Serena attend la suite de la phrase de Jonathan, même si avec son intuition féminine elle sait les mots qu'il va prononcer, elle veut les entendre pour en être certaine. Contre son oreille, le cœur de cet homme bat à tout rompre, elle se laisse bercer par ce son rythme puis le regarde dans les yeux.

  • Serena, je t'aime non seulement pour ce que tu es mais aussi pour ce que je suis lorsque nous sommes ensemble.

Le cœur de la jolie femme bondit, elle parvient difficilement à lui répondre

  • Tu fais revivre la passion en moi, l'envie de vivre et d'avancer, je t'aime aussi Jonathan.

Avec ses bras, Jonathan étouffe le cou de cette fille qu'il connaît depuis peu. Leurs lèvres se scellent pour de légers mouvements tendres et sensuels. Un ballet de langue aussi doux que des petites chatouilles qui éveillent les sens, leur souffle devient court et audible et le désir est palpable. Elle se presse contre lui, s'empresse d'échanger de multiples baisers et contre son torse se blottie la poitrine de Serena. Le tissu plaqué contre leur peau, la proximité est troublante pour tous les deux. Jonathan lui dépose un baiser sur le front avant de l'admirer avec l'eau qui cascade tout le long de son corps de rêves.

Elle lui sourit jusqu'à s'en rider les fossettes, Jonathan est submergé par autant de bonheur alors il se met à rire de bon cœur, soulagé de l'avoir retrouvée. L'un à côté de l'autre, ils reprennent le chemin du retour.

  • J'ai besoin de comprendre, qu'est-ce qui t'es arrivée six mois en arrière ? la questionne Jonathan. Car j'ai l'impression que cela t'empêche d'avancer et même de me faire confiance.

Serena se mord la lèvre, cette fois elle ne fondra pas en larmes. Lui confier le lourd fardeau qu'elle porte sur ses épaules ne peut que lui faire du bien.

  • Je vais tout t'expliquer... J'ai perdu ma maman d'un cancer des poumons. J'ai vu la souffrance de maman pendant douze mois de lutte acharnée contre ce fichu crabe ! Maman, c'était une belle leçon de vie et il faut en profiter avant qu'elle ne nous rattrape. C'était une battante mais elle a perdu son combat contre la maladie. Voir son état empirer a été très compliqué à vivre pour moi, je me suis sentie impuissante pendant un an. Tu ne peux pas savoir ce que j'ai pu ressentir Jonathan, je suis passée par toutes sortes d'émotions, de sentiments, pas un jour ne se ressemble ! La colère, la culpabilité, l'impuissance, les regrets de ne pas avoir vécu encore plus de moments complices avec elle, l'acceptation, le déni, voilà ce que j'ai vécu et ce que je vis encore actuellement ! Je n'ai jamais connu mon père, alors elle était la seule à être là pour moi ! Mon ex s'est barré, incapable d'affronter cette épreuve avec moi, ça aussi ça m'a mis plus bas que terre et si aujourd'hui, je bloque avec toi c'est parce que j'ai peur de l'abandon. Tu vois bien, d'abord papa, puis maman, puis mon ex petit ami... Je ne suis pas prête à vivre ça une fois de plus, Jonathan et pourtant combien j'ai envie d'être avec toi !
  • Waho, je ne sais pas quoi dire, Serena, s'exclame Jonathan. À part que je suis désolé que tu aies subi autant de mal ces derniers temps.
  • Il n'y a pas grand-chose à dire et à faire, répond-t-elle. C'est la vie, parfois, elle est cruelle. Mais tu peux être là pour moi et ça à mes yeux c'est déjà beaucoup.
  • Je ne t'abandonnerai pas, saches-le, confirme Jonathan. Je ne suis pas comme ça.
  • Et autre chose qui me dérange pour être avec toi, reprend la jeune femme. C'est que je vais bientôt mourir, je n'ai pas envie de te faire vivre ce que moi j'ai vécu. C'est trop dur, je ne souhaite à personne de ressentir tant de tristesse.
  • Pourquoi en es-tu si persuadée ? demande Jonathan. Guerric m'a confié certaines choses juste avant que je parte à ta recherche de mon côté.
  • Parce que j'ai consulté des voyantes, enfin deux voyantes et toutes les deux m'ont dit la même chose. Il fallait que je me prépare pour un long voyage.
  • Et je pense comme Guerric, que ce sont des conneries, déclare Jonathan. Tout ce qu'elles ont voulu c'est profiter de ta faiblesse pour essayer de te tirer un max de pognon ! Tu es rayonnante Serena, en parfaite santé et je t'assure et tu verras que j'ai raison ! Tu ne mourras pas demain, tu as tant à vivre ma chérie.
  • Ma chérie ? répète Serena émue. Est-ce que j'ai bien entendu là ou tu peux répéter mon cœur ?
  • Oui tu as bien entendu, mais je peux le redire si cela te fait plaisir, la taquine t-il. Tu es ma petite chérie, ma petite femme qui hante mes nuits.
  • Si tu savais à quel point tu es constamment dans mes pensées, dans mes rêves... avoue t-elle sans citer la partie érotique mais elle sait que là dessus, lui aussi faisait allusion à cela.
  • Hum je serai curieux de voir ce qui se passe dans ta petite tête, grogne t-il avec un air coquin.
  • Beaucoup de choses, admet Serena en rigolant.

Ils soupirent à l'unisson lorsqu'ils atteignent le palier du cottage de Jonathan, de sa sœur et de son beau-frère. Il leur envoie un petit texto pour les rassurer de leur retour et que Serena va mieux que jamais, qu'ils ont beaucoup discuté sur le retour.

▶ VANILLE

Nous sommes tous rassurés de votre retour, nous étions morts de trouille. Plus de nouvelles, plus rien mais les choses sont enfin rentrées dans l'ordre. C'est tout ce qui compte et nous allons pouvoir profiter pleinement des derniers jours de vacances. Jonathan, nous te laissons avec Antho le cottage pour toi tout seul et pour Serena. Je sais que vous avez besoin de vous retrouver, de parler tous les deux et peut-être plus si affinités... ;P

◀ JONATHAN

Je suis désolé de ne pas avoir donné signe de vie plus tôt mais il s'est passé tellement de choses. On vous racontera tout demain, c'est promis. Merci du coup de main pour les recherches, remerciez aussi Guerric et les jumeaux. Mais... Et vous ? Vous allez dormir où ?

▶ VANILLE

T'occupe Jonath ! On va se prendre une petite chambre à l'hôtel avec spa privatif, ce sera tout aussi bien. Un peu d'intimité ne fera de mal à personne. Occupe-toi de Serena, assure un max, on se retrouve demain. Bonne nuit (agitée) frangin !

◀ JONATHAN

Ouais bonne nuit à toi et à Antho et bonne bourre ! ;)

Jonathan repose son téléphone portable sur la table du salon. Ses yeux pétillent en admirant Serena debout, calée contre la table.

  • Euh, Antho et Vanille vont passer la nuit à l'hôtel, bégaye t-il. Est-ce que tu veux rester avec moi ?
  • Je ne vais pas te laisser tout seul après que tu m'aies sauvé. Ce ne serait pas très correct, répond t-elle avec un large sourire. Merci de ta proposition, chéri.
  • Tu dois être gelée, peut-être as-tu envie d'une douche ?

Elle secoue la tête de haut en bas, son corps tremble et les vêtements plaqués contre la peau, il n'y a rien de pire. Jonathan repousse la mèche de cheveux qui tombait sur le visage de sa chérie et lui dépose un baiser appuyé sur les lèvres.

  • Je passe à la maison, je récupère des affaires sèches ! déclare t-elle.
  • Je peux t'en prêter ce n'est pas un problème, j'ai toujours des t-shirts en trop dans ma valise, s'exclame Jonathan.
  • Hum vas-y pour le t-shirt, dit-elle. Mais je dois quand même récupérer des sous-vêtements.

Jonathan hausse les épaules d'un air qui veut dire '' Pas besoin '' mais il ne prononce pas un mot. Il attend patiemment son retour. Elle tient sous son bras une serviette éponge ainsi qu'un tanga roulé en boule dans sa main gauche. Serena s’avance vers lui et lui demande

  • Tu sais avec cette soirée et maintenant que nous sommes plus rapprochés et même plus intimes, je me laisserai bien tenter par la découverte du fameux massage Yoni.
  • C’est comme tu veux, reprend Jonathan, ce sera avec un grand plaisir de te le faire. Va prendre ta douche et moi je prépare la chambre pour cette séance.

Il ne peut s'empêcher de l'effeuiller du regard lorsqu'elle tourne le dos pour se rendre dans la salle de bain. Jonathan se sent aussitôt réchauffé à la vue transparente à cause de la pluie, à travers la nuisette de Serena.

'' Hum même si je les devine juste, cette fille a l'air d'avoir de très belles fesses. Elle me fait tourner la tête ! Mouillée je la trouve encore plus sexy, et cette transparence me laisse rêveur... Et ses petits seins aux tétons gourmands qui pointent sous le tissu... Merde je bande, je vais devoir me ressaisir au plus vite avant qu'elle ne sorte de la salle de bain ! ", se dit-il dans sa tête.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire grostimido ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0