Chapitre 107 : dimanche 21 août 2005
Le retour à Glasgow se fit tranquillement. Ils quittèrent Fort William en milieu d'après-midi. Maureen revenait très impressionnée par ce séjour. Maintenant, ils allaient replonger dans leur quotidien. Elle rouvrait sa boutique mardi et devrait tout de suite se remettre dans le bain, avec une première livraison de fleurs. Il lui fallait refaire tout son stock, non seulement de fleurs, mais aussi de plantes. Heureusement, Mickaël ne retournait au restaurant que le jeudi après-midi, pour superviser les arrivages, l'établissement ne rouvrant à la clientèle que le mardi de la semaine suivante. Il viendrait l'aider à la boutique les premiers jours.
Ils avaient décidé de dormir chez Mickaël le soir, mais ils firent un petit détour par l'appartement de Maureen. John et Lawra y étaient passés avant de rentrer en Irlande. Un petit mot les attendait sur la table. Lawra s'était aussi occupée des plantes et quand Maureen entra dans l'arrière-boutique, elle n'eut que peu de choses à faire. Elle repartit en emportant son courrier, quelques factures, ainsi qu'une lettre en provenance de Dublin sur l'enveloppe de laquelle elle put reconnaître l'écriture de Tara.
Une fois arrivés chez Mickaël, ils commencèrent par ranger leurs affaires, puis le jeune homme s'activa en cuisine. Comme il n'avait pas besoin de son aide, Maureen s'installa au salon et prit connaissance de la lettre de Tara.
Chère Maureen,
J'ai été très heureuse de recevoir si vite de tes nouvelles, et que tu m'aies envoyé une si belle carte ! Je comprends votre joie à John, Lawra et toi d'avoir pu découvrir de si beaux endroits. J'espère que tu vas bien et que tu te plais vraiment à Glasgow. Lawra m'a dit que c'était le cas...
J'étais contente de la croiser, au mois de juin, et de pouvoir discuter avec elle un bon moment. Sans doute t'a-t-elle raconté notre échange, du moins, elle m'avait promis de le faire. Je regrette beaucoup mon attitude vis-à-vis de toi, chère grande sœur, je n'avais pas compris tes choix, et je m'en veux d'avoir été si distante et si froide, alors que tu avais sans doute besoin d'aide et de soutien. Lawra est restée proche de toi et n'a pas été aussi stupide que moi ! J'espère que tu pourras alors mesurer ma joie à la réception de cette carte postale...
J'ai donc eu l'occasion de croiser Brian, mais il n'était pas seul. Lawra m'a expliqué bien des choses, sans doute pas tout... Peut-être souhaiteras-tu m'en parler ? J'espère en tout cas que tu voudras bien te confier à moi comme autrefois...
Je voulais aussi te transmettre des nouvelles de toute la famille. Tout le monde va bien. Kenneth et Emily vont avoir un troisième bébé, qui doit naître en novembre. Papa et maman vont bien. Les frères et petite sœur aussi. Je ne sais pas si tu as envie d'avoir plus de leurs nouvelles, je pourrai t'en transmettre dans un prochain courrier.
Je terminerai enfin par une nouvelle qui, je le sais, te réjouira... Philip et moi allons aussi avoir un bébé. Je suis maintenant enceinte de quatre mois. Je me porte bien, même si j'ai eu quelques petits soucis au début, avec des nausées le matin, elles tendent à s'estomper. Je sais que tu travailles dur, Lawra me l'a dit, mais j'espère que tu pourras prendre quand même quelques jours de congés et venir nous voir après la naissance.
Voilà, chère grande sœur, les nouvelles que je voulais te transmettre. J'attends avec impatience des tiennes, que tu me racontes plus en détail ton installation à Glasgow, ta vie aujourd'hui...
Je t'embrasse fort, j'ai hâte de te lire !
Tara
Maureen resta silencieuse après la lecture de cette lettre. Lentement, elle la replia et la rangea dans l'enveloppe. Puis elle se leva et rejoignit Mickaël en cuisine.
- Qu'est-ce que tu nous prépares pour ce soir ? demanda-t-elle en passant ses mains autour de sa taille et en appuyant sa joue dans son dos.
- Des lasagnes, répondit-il. C'est typiquement le plat que je fais quand je reviens de Fort William, le dimanche ou le lundi, et que je n'ai pas eu le temps de faire des courses, que je ne ramène rien... La sauce, je l'ai cuisinée auparavant, elle est au congélateur. J'ai juste la pâte à faire, ce n'est pas très long à préparer. Et, ensuite, ça passe au four et hop, c'est bon ! Enfin, je pense que ce sera bon.
- Je n'en doute pas ! dit-elle.
Il sourit. Elle reprit :
- J'ai reçu une lettre de ma sœur. Tara.
- Ah ? fit-il simplement.
- Je lui avais envoyé une petite carte postale de Skye. Elle m'a donné des nouvelles de toute la famille aussi.
- Et les tiens vont bien ? demanda-t-il toujours un peu prudent quand Maureen parlait de sa famille.
- Oui, répondit-elle simplement. Elle m'a dit aussi que mon frère allait avoir un enfant.
- Ton frère aîné ?
- Oui, Kenneth.
Mickaël se saisit de la pâte, du rouleau à pâtisserie et commença à l'étaler avant de la couper en longues tranches fines.
- Il en a déjà, non ?
- Oui, deux. Mon autre frère, Gary, en a un, de l'âge de Kevin, précisa Maureen. Je ne le connais pas. Je ne l'ai jamais vu. Il est né quand j'étais en pleine procédure de divorce et que ma famille m'avait mise à l'écart. Peut-être que Tara m'enverra des photos...
- Ils ont quel âge, tes frères ? demanda-t-il encore, la sentant disposée à parler.
- Kenneth, l'aîné, aura vingt-sept ans en janvier. Gary a eu vingt-cinq en mai. Après, c'est moi, puis Tara qui a fêté ses vingt-deux en janvier dernier.
- Vous être proches, en âge, fit-il remarquer.
- C'est souvent comme ça, dans les familles comme la mienne...
Elle marqua un petit temps de silence, puis poursuivit :
- Et Tara aussi va avoir un bébé.
- Elle est déjà mariée ? s'étonna-t-il avant de se souvenir que Lawra le lui avait dit.
- Oui, elle s'est mariée peu de temps avant que je ne demande le divorce... Ca a fait un choc encore plus grand... dit-elle en bougeant doucement la tête.
Mickaël hocha la tête, mais ne dit rien.
- Je peux t'aider à quelque chose ? demanda Maureen en se redressant et en s'écartant de lui.
- Tiens, oui, sors le plat du four, s'il te plaît, je vais disposer ça, dit Mickaël. Voilà... Et hop, un peu de fromage dessus, je mets le four à préchauffer quelques minutes. Bon, maintenant, ça nous laisse du temps pour boire une bière. Dis voir, les fleurs, elles ont un peu souffert sur le balcon. Te crois qu'elles s'en remettront ? ajouta-t-il en désignant les pots.
Maureen acquiesça.
- Oui. Ne t'inquiète pas, quelques bons soins et ça n'y paraîtra plus...
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