Chapitre 108 : lundi 22 août 2005

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C'était le dernier jour de vacances pour Maureen. Mickaël considérait que, pour lui-même, c'était quasiment le cas aussi. Il la laissa se reposer du voyage au cours de la matinée, alors que lui-même sortait refaire des provisions. Quand il arriva, il leva les yeux vers la fenêtre. Elle était ouverte et il aperçut la silhouette de Maureen qui allait et venait. Il sourit, se dit que c'était bien agréable d'avoir quelqu'un qui l'attendait, chez lui. Si elle n'avait pas été là, il aurait sans doute traîné ces jours-ci... voire appelé William pour sortir dans la semaine et faire des folies jusqu'à la reprise, jeudi. Enfin, des folies...

"Hum, cela n'empêche qu'il va falloir que je rappelle Willy. Je suis curieux d'en savoir plus sur sa potentielle rouquine...", pensa-t-il en ouvrant le coffre de la voiture.

Il en sortit les sacs, monta l'escalier et les déposa dans l'entrée en lançant :

- Je reviens ! J'ai pas tout remonté !

Maureen eut à peine le temps de se tourner, de regarder vers le couloir, qu'il était déjà reparti. Elle finissait d'essuyer la vaisselle de la veille et du petit déjeuner, s'approcha de la fenêtre, le vit sortir deux autres grands sacs de la voiture, la refermer. "Qu'est-ce qu'il ramène, comme ça ? Il a l'intention d'inviter la moitié de Glasgow à dîner ou quoi ?"

Avant qu'il ne remonte, elle gagna le couloir, prit l'un des sacs et l'amena à la cuisine. Elle commençait à le vider quand il entra. A son air interrogatif, il sourit.

- Tu crois qu'on va avoir une déclaration de guerre ? demanda-t-elle.

- Pourquoi cette question ? fit-il.

- Tu fais des provisions de savon, de mousse à raser et de shampoing pour tenir un siège ?

- Je déteste perdre mon temps au supermarché, expliqua-t-il. Alors, je me limite à y mettre les pieds deux à trois fois par an, pas plus. Je n'y passe pas plus de temps que si j'y allais une fois par semaine, mais je fais les provisions en conséquence pour tout ce qui n'est pas périssable. Le reste, de toute façon, je le trouve à l'épicerie du coin et aux halles. Vide pas le sac, c'est pas la peine, ajouta-t-il en la voyant reprendre son ouvrage.

Il se saisit du sac, le ramena dans l'entrée, ouvrit le placard qui s'y trouvait et entreprit de ranger soigneusement tout ce qu'il avait acheté. Il fit de même dans la salle de bain, avec une partie des stocks.

- Il y a quand même un sac pour la cuisine, dit-il en passant la tête par la porte de la pièce. J'ai refait aussi des provisions d'huile, de farine, de sucre...

Maureen s'approcha des deux sacs restants, trouva celui dont il lui parlait, voulut le soulever.

- Oups. Trop lourd. Comment tu fais ?

- Laisse, je m'en occupe, dit-il.

- Tu as prévu quelque chose pour ce midi, demanda-t-elle, ou on mange les restes des lasagnes ?

- On se fait les restes et un pub ce soir, ça te va ? Je vais appeler Willy aussi, savoir s'il est dans le coin... Comme ce sera notre dernière petite sortie des vacances, on ne rentrera pas trop tard.

- Ok, très bien, dit-elle.

Après le déjeuner, ils partirent se promener dans le parc de Kelvingrove. Mickaël était parvenu à joindre William qui était de retour à Glasgow et préparait son déménagement pour Callander. Il était partant pour faire une pause dans ses cartons et les rejoindre au pub. Comme ils passèrent tout l'après-midi au parc, ils ne retournèrent pas chez lui ou chez elle et se rendirent directement au pub.

**

William était déjà attablé quand ils arrivèrent et ils se saluèrent avec plaisir.

- Cela fait longtemps que tu nous attends ? demanda Mickaël en remarquant que son ami n'avait pas encore de verre devant lui.

- Non, à peine cinq minutes que je suis arrivé. Je n'ai pas commandé encore, je me suis dit qu'on verrait pour le repas et pour les boissons tous ensemble, et en même temps.

- Bonne idée.

Ils s'installèrent alors tous les trois, regardèrent le menu proposé et firent leur choix. Mickaël se rendit au comptoir pour passer leur commande et, alors qu'il attendait leurs bières, Maureen s'enquit de William :

- Alors, William, tu as passé de bonnes vacances ?

- Très, dit-il en souriant. Ca va bien. Maintenant, je suis dans les cartons... D'ailleurs, si Mickaël pouvait me donner un coup de main ce week-end, ce ne serait pas de refus. Mon père va m'aider, ma mère aussi. Et Shana...

Maureen sourit doucement. Le regard de William pétillait. Ainsi donc, sa petite amie s'appelait Shana...

A ce moment, Mickaël revint avec les bières de William et de Maureen, les posa sur la table et retourna chercher son propre verre avant de s'installer avec eux.

- Alors, vieux, quoi de neuf ? demanda-t-il en regardant son ami.

- Tu me fais rire, Micky. On croirait entendre Sam !

- Bah, il n'est pas là, il faut bien que je le remplace...

- Ca va, dit-il, j'étais justement en train de dire à Maureen que j'étais dans les cartons et que j'aurais besoin d'aide ce week-end, si t'es dispo...

- Ca peut le faire. Samedi ?

- Oui, samedi. Dimanche, je ferai le ménage dans l'appart', ça ira vite, surtout si maman commence dès la veille, une fois qu'on aura tout vidé.

- A mon avis, t'auras plus grand chose à faire dimanche... Tu pourras te reposer, dit Mickaël avec malice. Tu veux que je demande à mon beau-frère de filer un coup de main ?

- Non, ça ira. Pas la peine d'être cinquante non plus... J'ai moins de bazar que Sam !

- C'est juste... On sera combien ?

- Mon père, mon frère, un pote à lui. Toi, moi. Ca fait cinq pour les trucs lourds. Et Shana.

Un sourcil de Mickaël se leva légèrement et il dit :

- Han, han... Ta rouquine ?

- Yep.

- Tin, ça s'fête, mon frère ! dit-il en lui tendant la paume bien à plat pour que William vienne y frapper la sienne.

- C'est moi qui vous invite ce soir, dit William en souriant.

- Ok. Et donc ? On peut en savoir un peu plus sur elle ?

- On s'est rencontrés à l'école... Elle venait aider pour les plus petits, d'autant qu'elle a un frère et une sœur encore en primaire.

- Une jeunette ?

- Elle a vingt-trois ans, Micky, c'est pas tout jeune non plus... Je ne l'ai pas prise au berceau !

- Méfie-toi, c'est ce que Sam va penser... dit Mickaël en plissant des yeux. Bon, et donc, elle est dans l'enseignement aussi ?

- Non, pas du tout. Petits boulots, caissière au supermarché, un coup de main à l'école, des ménages... Un peu la galère quoi, mais jamais découragée pour un sou.

- Ca va la stabiliser d'être avec toi... fit remarquer Mickaël.

- Dans un sens oui. Bon, là, pas évident à négocier, le fait que je parte à Callander. Elle se pose des questions aussi, à savoir si elle me rejoint ou pas... Bref, elle chemine, quoi, fit William.

Et Maureen vit un petit éclat soucieux s'allumer dans ses yeux d'habitude toujours rieurs.

- Déjà, j'ai dû m'employer à lui faire accepter de partir une semaine en vacances...

- Vous êtes allés où ? demanda Maureen, assez curieuse.

- En fait, c'étaient pas que des vacances, dit William. J'avais repéré quelques logements potentiels à Callander et dans les environs, on a passé d'abord deux jours sur place pour que je me détermine et j'avais envie qu'elle soit avec moi aussi pour choisir. Même si j'y habite seul durant quelques temps, elle me rejoindra souvent là-bas et je voulais que ça lui plaise. Et puis, ensuite, on est allé camper dans les Cairngorms. J'avais pensé vous rejoindre à Fort William, mais bon, ça faisait de la route...

- Et puis, tu ne voulais peut-être pas la bousculer non plus, non ? fit Maureen avec douceur.

William la regarda avec intensité :

- Pas faux... Là, ça va. Je pense qu'elle sera ok pour faire votre connaissance prochainement. Déjà samedi...

Mickaël but une gorgée de bière, puis la serveuse déposa leurs assiettes. Ils commencèrent à manger et William demanda :

- Et vous, alors ? C'était bien, les vacances ?

- Super, dit Maureen avec les yeux brillants.

- Il t'a emmenée où, Micky, pour que tu sois enthousiaste comme cela ?

- On a fait toutes les Hébrides, enfin, presque, dit Mickaël. Mull, Skye, Lewis et Harris.

- Pas mal... Avec des pauses chez Mummy, j'imagine ?

- Tu imagines bien.

- John et Lawra étaient contents de leur séjour ? demanda encore William.

- Oui, très, dit Maureen.

- John est un bon, dit Micky. Tu n'as pas eu l'occasion de le rencontrer, mais je peux te l'assurer. Il ne donne pas sa part ! Et côté whisky...

- Je crois que tu ne l'as pas beaucoup laissé souffler, sourit Maureen.

- Al ?

- Forcément.

- Talisker si vous étiez sur Skye avec eux ?

- Exact.

- Mull avec eux aussi ?

- Oui, dit Maureen qui s'amusait à ce petit jeu de devinettes.

- Ok... Donc, Tobermory, Oban puisque vous y passiez... Ils avaient de la place dans la voiture, au moins ?

- Kevin a voyagé sur le retour avec des caisses à ses pieds... rit Maureen. Ca va qu'il est encore petit...

- Je vois, je vois... sourit William. Bon, et des nouvelles de Sam ?

Mickaël se recula un peu en arrière, s'appuyant contre le dossier du siège.

- Non... Mais il a vu Jenn.

- Ok... fit William avec sérieux. Ok... Et t'en penses quoi ?

- Qu'il turbine à fond. Mais je ne sais pas ce qu'il va en sortir... Il t'a donné des nouvelles ?

- Aucune, mais si tu me dis qu'il est passé voir Jenn, je n'en suis pas surpris. Une fois ?

- Plusieurs. C'est tout ce que j'ai réussi à savoir auprès de Mummy. Ils ont discuté tous les deux, aussi, mais elle ne m'a rien dit de particulièrement probant.

William hocha la tête. Maureen devina à son air qu'il était un peu préoccupé, finalement, comme eux deux, au sujet de Sam et Jenn.

Mais donc, seul Sam pourrait leur en dire plus si tant était qu'il serait prêt à se confier...

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