Chapitre 109 : mardi 23 et jeudi 25 août 2005
Mardi
Revenir dans sa boutique fit un drôle d'effet à Maureen, même s'ils avaient eu l'occasion d'y passer depuis dimanche. Elle donna un coup d'aspirateur et de chiffon sur les étagères, avant d'ouvrir. Comme elle ne recevait sa livraison qu'en milieu de matinée, elle ne put encore disposer des fleurs sur le trottoir. Elle commença cependant à réinstaller les petites plantes, à sortir son matériel, rouleaux de papiers, étiquettes, ciseaux...
Mickaël s'était levé en même temps qu'elle et était parti faire des courses, mais il revint bien vite et fut là quand le livreur apporta les fleurs. Ils passèrent la matinée à tout remettre en place dans le magasin et pendant qu'il s'occupait des grandes plantes, elle confectionna ses premiers bouquets ronds.
En quittant la boutique à midi, elle profita de remonter chez Mickaël où ils avaient prévu de déjeuner pour saluer les commerçants de la rue qui avaient rouvert eux aussi.
Le soir, elle téléphona à Lawra pour prendre de leurs nouvelles et lui annoncer qu'ils étaient rentrés sur Glasgow.
Jeudi
Ce jeudi, Mickaël reprit le travail dans l'après-midi. Pour cette première journée, il était seul avec Harris et Timothy, pour faire le point sur les approvisionnements. Les denrées de longue conservation avaient été livrées le matin-même et ils effectuaient les vérifications nécessaires, ainsi que le rangement.
Harris s'était enquis de ce que les vacances de ses deux employés s'étaient bien déroulées et leur donna aussi des nouvelles de Dan :
- Il va assez bien, mais ne peut pas reprendre encore. Pas avant deux bons mois d'après les médecins. Il parvient à utiliser son bras à peu près normalement, mais au ralenti. Il a encore de la rééducation à faire. Les autres brûlures étaient moins profondes, il dit ne plus rien ressentir.
- Comment va-t-on faire d'ici là ? demanda Timothy.
- J'attends des nouvelles de Jonathan, répondit Harris. Il passe ses derniers examens la semaine prochaine et aura les résultats dans la foulée. S'il les réussit, il pourra travailler. Je lui ai promis une embauche pour le remplacement.
- Nous pouvons avoir bon espoir qu'il les réussisse, dit Mickaël.
- Je pense aussi, poursuivit Harris. En attendant, vous allez tourner à cinq la semaine prochaine. C'est la semaine de reprise, on ne fera qu'un seul service mardi, mercredi et jeudi. Ce sera la rentrée pour tout le monde, ça devrait aller, enfin, je l'espère.
- On l'a déjà fait, dit Mickaël, quand Vincent avait dû s'absenter...
Timothy opina. Leur collègue avait été absent, il y a deux ans, à cette période de l'année, pour la naissance de son fils. Le petit était arrivé avec plus de six semaines d'avance, de manière totalement imprévisible. Il avait travaillé le jour de la reprise, puis la naissance s'était déclenchée le lendemain... Ses collègues avaient alors travaillé à cinq durant quelques jours.
Harris laissa passer quelques secondes de silence, puis reprit :
- J'ai autre chose à vous annoncer aussi. Tony et Julia m'ont prévenu : ils vont se marier avant la fin de l'année.
- Oh, belle nouvelle ! dit Mickaël.
- Julia arrêtera sans doute de travailler un peu avant... poursuivit le patron. Enfin, elle fera comme elle pourra...
- Un bébé ? demanda Timothy en souriant.
- Exactement, répondit Harris. Je suis prévenu en avance et j'ai déjà repris contact avec Martina qu'on avait eue en formation de serveuse il y a trois ans.
- C'est vrai qu'elle était bien, cette petite, dit Timothy. Discrète et efficace. Et elle s'entendait bien avec Ann aussi.
Mickaël hocha la tête. Il se souvenait très bien de la jeune fille, mais l'opinion de Timothy était plus sûre que la sienne en la matière, puisque le sommelier avait travaillé directement avec elle, en salle.
Quand tout le rangement fut terminé, Harris invita les deux jeunes gens à passer dans son bureau. Il leur proposa un petit verre de whisky d'Arran qu'ils acceptèrent bien volontiers.
- Il va falloir aussi envisager un voyage en France, Timothy, dit-il avec sérieux. Il nous faudrait notamment un autre fournisseur, en Bordeaux. Les prix montent exagérément... Mais c'est difficile de ne pas en proposer à la carte.
- Je suis d'accord avec vous, répondit le sommelier. Alors qu'il y a de très bons autres vins, provenant des autres régions françaises, mais moins connus...
- On verra ce qu'il sera possible de faire, en janvier. Après votre semaine de congés, dit Harris. Vous pourriez y aller tous les deux... Si Dan est de retour avec nous, cela serait envisageable. Et si Jonathan est disponible, je lui proposerai de renforcer l'équipe. C'est une période un peu creuse et il n'aura pas forcément facilement un contrat à cette date...
- Ce qu'on pourrait faire, patron, suggéra Timothy, c'est aller à Paris au moment du concours agricole, comme j'avais fait la dernière fois. On rencontre beaucoup de producteurs, au même endroit... Ca réduit les déplacements, on gagne du temps, aussi.
- Oui, mais ce ne sont pas forcément les meilleurs qui participent... dit Harris.
- Il y a en quand même, intervint Mickaël. Je vais potasser quelques sites et avec les contacts qu'on a déjà, on pourra peut-être trouver...
- ... la perle rare, conclut Timothy avec un sourire. Tu nous as déjà trouvé quasiment l'essentiel de nos fournisseurs !
Mickaël haussa légèrement les épaules :
- Je n'ai aucun mérite, tu le sais. J'y vais au feeling... Après, c'est aussi une question de quantité... La viticultrice de Saint-Chinian, elle fait du vin extra, mais elle ne peut fournir pour un restaurant...
- Il faudrait la rappeler quand même, Mickaël, dit Harris. On ne sait jamais.
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