La journée s'annonçait belle et ils repartirent en randonnée après le petit déjeuner. Les rives du loch étaient très calmes, l'eau à peine ridée par un léger souffle de vent. La buée se formait devant leurs bouches, à chaque respiration. Les sommets s'étaient couverts de neige au cours des jours précédents et se détachaient en miroitant sur le ciel bleu. Même si les journées étaient courtes, ils apprécièrent l'un comme l'autre de pouvoir se retrouver en pleine nature.

- C'est quand même agréable d'avoir un tel endroit à une petite heure de Glasgow, à peine, dit Maureen. Dire que je n'avais pas eu la curiosité de venir jusqu'ici l'hiver dernier !

- C'est dommage, en effet, mais, tu vois, d'une certaine façon, j'en suis heureux, car je peux te faire découvrir cet endroit. J'aime t'apporter des "premières fois".

Maureen sourit :

- Et il y en a beaucoup...

Ils randonnaient côte à côte, main dans la main. Le chemin était aisé, bien balisé et n'avait pas encore été recouvert par la neige. C'était la période idéale pour s'offrir ce bol d'air, en profitant de la beauté des paysages de ce début d'hiver, sans en avoir les inconvénients.

- Je sais, et ça me rend heureux... dit-il en souriant.

Elle appuya un instant sa tête contre son épaule, serrant plus fort ses doigts enlacés à ceux de Mickaël. Ils avaient le sentiment d'avancer ensemble, de parcourir un même chemin, et de construire leur vie, tous les deux.

Comme ils avaient pris un petit déjeuner très copieux, ils ne s'arrêtèrent que pour deux courtes pauses, et regagnèrent le gîte avant la nuit. Ils en ressortirent bien vite pour se rendre dans un pub où il était annoncé qu'un groupe de musiciens se produirait. A l'occasion de la fête nationale, ce n'était pas rare et autant Tarbet pouvait être une petite ville tranquille, autant, ce soir-là, il y avait déjà beaucoup d'animation dans les rues quand ils revinrent de leur promenade. Ils avaient envie d'en profiter et passèrent une très bonne soirée. La musique enchanta Maureen, certaines chansons ne lui étaient d'ailleurs pas inconnues, car elle se souvenait que Karen Matheson les avait interprétées lors de son concert en juillet.

A un moment donné, Mickaël la regarda. Son profil se découpait sur les murs sombres du pub. Un mince sourire éclairait son visage, ses yeux brillaient. Il y avait plus de bleu que de gris dans le cœur de son iris et il en fut heureux. Il la trouva très belle et se sentit très ému de pouvoir contempler sa beauté, tant physique qu'intérieure. Il se sentait aussi très chanceux d'être aimé d'une femme comme elle, d'une femme prête à tout essayer, prête à le suivre dans ses créations, prête à l'accompagner dans ses envies de partage.

Y compris dans cette aventure extraordinaire d'avoir un enfant.