Texte 3 : Merci @Eric Laisne@ pour Silences
Silences est une nouvelle que je souhaite intégrer à un recueil de nouvelles, "invisibles", actuellement en préparation.
Cette nouvelle dresse le portrait de Simon, un homme dans la force de l'âge et directeur d'une agence un peu particulière en charge d'étouffer les affaires les plus gênante pour éviter leur propagation médiatique. Pour le citer : " Dans mon agence, un client qui disparaît est un client comblé". Dans la nouvelle, il termine son enquête dans un supermarché, afin de s'assurer de la médiatisation d'un futur scandale sanitaire. Une opportunité susceptible de concentrer la presse à ce sujet et faire passer sous silence l'affaire de son client : le suicide d'un de ses employés au sein du parc d'attraction dont il a la gestion. Je précise que mes fonctions actuelles me permettent de m'inspirer librement de faits réels.
J'ai choisi un point de vue unique : celui de Simon. A travers ses introspections, ses analyses et références, nourries par son parcours d'étudiant aux beaux-arts ou dans la pub ainsi que ses expériences de dir com ou de spin doctor, on comprend la personnalité de cet homme et on prend, petit à petit la température de sa vision des choses. Une vision claire, radicale et sans nuance de la société, dans laquelle le vide, l'absence et le silence s'imposent comme règles essentielles. On comprend d'ailleurs, au fur et à mesure des chapitres, qu'il s'agit d'une vision adoptée depuis bien longtemps, y compris à ses débuts professionnels : "Le monde s'investissait aveuglément dans une agitation permanente, industrialisée à grande échelle. Jamais à aucun moment, collègues, partenaires ou patrons ne s'interrogeaient sur l'opportunité de rester immobile ou muet pour en faire un acte fort, assumé. Ils préféraient continuer à nourrir une industrie vide de sens plutôt que d'exploiter le sens du vide."
J'ai essayé de distiller ça et là des éléments (références, flash-backs...) pour, que lecteur, parallèlement à la progression de l'enquête, progresse aussi dans la définition du portrait de Simon. Si le premier chapitre commence par l'analyse d'une pub (qu'il voit sur les écrans du supermarché), le dernier chapitre est un flashback du générique de fin d'un épisode de l'homme invisible que Simon regardait enfant, cloué sur son lit d'hôpital après avoir été, une fois de plus, victime des coups portés par son père.
Appuyé du portrait d'un homme froid, distant, pure produit marketing, je souhaite, par le dernier chapitre, apporter à Simon une faille, une explication à ces obsessions de la pub, du sentiment de vouloir disparaître, de ce travers pour la déshumanisation. Et donc... chambouler le lecteur sur son opinion vis à vis de ce personnage.
La problématique :
j'ai 2 doutes au sujet de ce texte.
Le 1er : est-il suffisamment entraînant pour le lecteur ? Certains bêta lecteurs me confirment que c'est fluide. Mais, en tant que débutant, ça ne me rassure pas totalement. Cette nouvelle qui fait 44 minutes de lecture n'est qu'une suite de réflexions, d'analyses, d'introspections en tout genre. Il y a des flashbacks, des bribes de conversations des clients du supermarchés (qui l'insupportent), un échange SMS et une très brève conversation avec son assistante mais est-ce que ça suffit ? La narration est écrite au présent -flashback au passé- toujours du point de vue de Simon. J'avoue qu'au fur et à mesure d'être avec ce personnage, l'idée d'un roman avec des personnages secondaires (sa fille ainée... journaliste dont il apprend qu'elle a été victime d'agression sexuelle par son patron de presse) fait son bonhomme de chemin.
Le 2e est plus global : Il est fort probable que Silences soit la 8e et dernière nouvelle de mon recueil qui comprendra ainsi au total environ 250 000 signes. J'ai une vision assez complète du prisme que je voulais dépeindre (je te passe le résumé des 7 autres).
Sur les 8, 6 d'entre elles sont écrites à la première personne et au présent. Est-ce que cela n'entraînera pas un effet de lassitude ? Et je me demande si écrire à la première personne au présent, c'est juste mon truc qui me va bien ou si c'est parce que je n'ai pas encore tenté d'écrire autrement et de voir les impacts que cela aurait sur les histoires (manque d'entraînement => manque de temps...).
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